Meisam Amini, ancien champion iranien de lutte installé à Lyon : "La vie est comme un combat"

Meisam Amini, ancien champion iranien de lutte installé à Lyon : "La vie est comme un combat"

Père de famille et entraîneur du club de Saint-Priest, Meisam Amini n’a rien perdu de la flamme qui l’animait lorsqu’il montait sur les tapis. Ancien champion d’Asie en 2002 et vice-champion du monde en 2003, l’Iranien transmet aujourd’hui aux jeunes lutteurs lyonnais la rigueur et la passion héritée de son pays natal.

Originaire de Mazandéran, une région considérée comme le cœur battant de la lutte iranienne au nord de Téhéran, Meisam Amini revient sur sa découverte de la lutte : “J’habitais la meilleure région de lutte au monde. Tous les garçons à partir de 5 ou 6 ans sont inscrits dans les clubs de lutte. Moi, j'ai continué. Dès le plus jeune âge, je battais tous mes adversaires, même les enfants plus grands que moi”.

C’est ainsi qu’il s’est imposé comme l’un des meilleurs, jusqu’à devenir meilleur sportif de sa région et meilleur lutteur d’Asie en 2002.

L’année suivante, il devient vice-champion du monde en catégorie jeune moins de 20 ans, l’apogée de sa jeune carrière.

Il se remémore alors d’un combat décisif en Turquie, lors de ces championnats du monde, le premier de son long parcours. Opposé au capitaine de cette sélection nationale, championne d’Europe, Meisam a bien failli perdre. Un adversaire de taille qu’il a pu battre grâce à une erreur : “J’étais très fatigué. Je ne pensais pas gagner et j’ai vu Dieu m’aider. Je me disais : 'Meisam, c’est trop compliqué, tu as perdu'.” L’Iranien, mené après quatre points, finit par renverser la situation. “Mon adversaire venait de commettre une faute, et j’ai pu gagner 9 à 5”. Un souvenir qu’il décrit comme un miracle divin.

Quelques mois plus tard, une hernie discale met brutalement fin à sa carrière. Après un IRM passé en 2003, il comprend qu’il devra cesser de pratiquer le sport qu’il affectionne tant. “Quand je me suis blessé, j’aurais pu me faire opérer, mais c’était difficile et dangereux. Je n’arrive pas à oublier. J’aurais peut-être pu faire les choses autrement.”

“Changer de mentalité pour être des champions”

Arrivé en France en 2010, Meisam Amini entame une nouvelle vie. À Saint-Priest, il s’impose comme entraîneur exigeant, parfois trop au goût de certains. “Quand je suis arrivé, j’avais fait un entraînement trop dur. Le président du club m’avait dit qu’on n’était pas en Iran, que le travail que j’infligeais à mes combattants était trop dur, que je devais y aller moins fort. Je lui ai dit qu’on était obligé, qu’il fallait changer de mentalité pour être des champions”.
Un perfectionnisme forgé par des années d’effort et de discipline : “Dans n’importe quel métier, il faut savoir prendre des risques”.

Aujourd’hui entraîneur du club Lyon Saint-Priest Lutte, Meisam Amini multiplie les projets, aussi bien en France qu’à l’étranger. Récemment, il s’est rendu à Abidjan, invité par la fédération sportive de Côte d’Ivoire, pour animer un stage auprès des meilleurs lutteurs locaux “pour dévoiler des techniques iraniennes de lutte libre, la spécialité de ma région natale”. Il ajoute avoir vu “beaucoup de potentiel”.

Toujours animé par le désir de transmettre, il veut désormais faire découvrir à ses élèves l’excellence iranienne : “Mon grand projet, c’est de ramener des lutteurs de Lyon, pour apprendre des techniques iraniennes. Rester un mois à Mazandéran, c’est comme rester s’entraîner un an en France”.

“Mon rêve : la paix dans le monde entier”

Malgré la guerre et les difficultés pour voyager, il a réussi à y emmener le président de son club : “Mais depuis la guerre, c’est assez compliqué. J’ai quand même réussi à y ramener le président du club de Saint-Priest”.

La plupart des membres de sa famille vivent encore en Iran. Meisam Amini garde un œil attentif sur la situation politique et sociale de son pays. Les récents affrontements entre Téhéran et Tel-Aviv l’ont profondément marqué. Il en parle avec gravité et un espoir intact, lui qui se décrit comme étant un grand pacifiste : “Il faut faire quelque chose en tant que sportif, s’impliquer pour la paix. Mon rêve : la paix dans le monde entier”.

Meisam Amini continue d’inculquer à ses élèves les valeurs qu’il a apprises sur les tapis : travail, respect et persévérance : “Il faut continuer à être sérieux pour ne pas avoir de regrets”.

Et lorsqu’il évoque la vie, Meisam Amini le fait avec la sagesse d’un homme qui a longtemps affronté l’adversité, sur les tapis comme en dehors : “La vie est comme un combat. N’importe quel sportif le sait lorsqu’il se parle à lui-même dans son lit avant de dormir. Il faut s’y habituer, et c’est ainsi qu’on devient plus fort”.

Une philosophie exigeante, mais encourageante, qui résume son état d’esprit. Toujours tourné vers l’avenir, il espère voir grandir une nouvelle génération de lutteurs français, capables de rivaliser avec les meilleures nations. 
Et si la carrière de Meisam Amini s’est arrêtée plus tôt qu’il ne l’aurait voulu, son engagement, lui, n’a fait que croître.

Pour cet ancien champion iranien, le vrai combat, c’est celui qu’on mène pour transmettre.

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