Le textile sort du salon

Le textile sort du salon
Textival, le speed dating pro d’une filière qui voudrait être mieux connue se tenait ce jeudi, Villa Creatis - LyonMag

Une sonnerie de navire en détresse retentit.

Une série de rendez-vous de 35 minutes mettant face à face deux professionnels du secteur textile vient de prendre fin. Une nouvelle série commence aussitôt. "Au total ça va faire 750 rendez-vous rassemblant 160 entreprises sur la journée", a l’air de se réjouir Pierric Chalvin, délégué général d’Unitex, co-organisateur d’une journée soutenue par la Région Rhône Alpes.
Unitex, syndicat du textile de Rhône Alpes, existe depuis 1976. Et des salons du textile il en a déjà organisé. Mais Textival est une première. Pourquoi seulement maintenant ? Sans doute parce que la filière a récemment pris conscience d’une invisibilité qui lui fait du tort. Invisibilité face aux possibles futurs salariés (lundi 16, pour la 1ère épreuve du bac pro matériau textile il n’y aura que 14 candidats dans l’Académie de Lyon). Mais aussi, méconnaissance des entreprises textiles de la région Rhône-Alpes entre elles, alors que dans le domaine du textile, synthétiser les forces  en présence est  essentiel. "Ces rendez-vous peuvent servir à s’associer pour embaucher un VRP à deux, comme à mettre un spécialiste de la soie en face d’un client potentiel", explique encore Pierric Chalvin.

Un exemple concret ? Nadege Boucard  patron de la Recherche à Texinov (la Tour du pin) en a plus d’un. Comme ce projet d’un pansement pour les plaies chroniques, pour des malades en hôpital que les  pansements classiques ne peuvent secourir.  Un pansement respirant et non adhérent. Pour y arriver l’entreprise Blue Star a fabriqué un silicone spécial, la PME ardéchoise Massebeuf l’a transformé en fil, et Texinov a réussi à tisser ce fil. Le pansement high tech était prêt.

Quel rapport avec le textile ? Se demande l’homme de la rue qui regarde sa chemise de coton en croyant de bonne foi que c’est ça le textile.
Patrick Massebeuf fait la moue. "En Rhône Alpes nous sommes les spécialistes français du fil synthétique". Inutile donc de lui parler laine ou coton, le PDG de la PME ardéchoise ne veut entendre  parler que de polyamide brut à transformer en fil. Pour faire quoi par exemple ? Massebeuf a un grand défi : trouver un fil qui diffuse des cosmétiques (ou n’importe quel principe actif) sur le long terme. Car des textiles avec des microcapsules qui libèrent des produits cosmétiques, cela existe depuis longtemps. Mais après un lavage, les microcapsules sont vides. Massebeuf (soutenu par le ministère de l’industrie) a encore 2 ans pour trouver un fil qui intègrera une enzyme capable – par exemple – de détruire l’excès de cellules graisseuse de celui (ou celle) qui portera le pantalon qu’on a tissé avec ce fil.

Nadege Boucard aussi a beaucoup de travail : elle doit être capable de fournir deux  textiles si bien tissés et associés  entre eux, qu’en y ajoutant un peu de résine et une couche de caoutchouc cela fournira… un réservoir d’hélicoptère plus léger que n’importe quel acier et plus résistants aux balles ennemies.  C’est ça l’industrie textile !
Mais la sonnerie déchirante retentit à nouveau, et les aventuriers du textile Rhône alpin repartent enfiler des rendez-vous tant que Textival le permet. 

@lemediapol

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