Procès : des notables lyonnais piégés par un escroc

Affirmant représenter à Lyon le Parlement mondial pour la paix, Bernard Payet-Descombes promettait des placements à des taux d'intérêt hors normes. Et il a réussi à escroquer plusieurs grandes familles lyonnaises. Il est jugé avec son complice Gabriel Maiolino jeudi et vendredi par le tribunal correctionnel de Lyon.

Puvis de Chavannes, d'Aubarède, Liogier de Sereys... Les plus grandes familles lyonnaises ont été piégées par un vulgaire escroc. D'ailleurs, dans un premier temps, ces familles n'ont pas osé porter plainte. Par peur du ridicule ! Car cet escroc leur promettait des placements à des rendements si extraordinaires qu'elles auraient pu facilement déjouer cet arnaqueur. Jusqu'à 100 % par an ! Certains ont tenté de négocier, d'autres ont lancé discrètement des procédures civiles... Mais en vain. Du coup, ces pigeons haut de gamme se sont résolus à porter plainte au pénal. En déployant cependant beaucoup d'énergie pour que les médias lyonnais ne révèlent pas leur nom. Comme l'a fait Le Progrès en publiant un grand article sur cette affaire mais sans citer aucun nom. Ce qui a fait beaucoup rire certains magistrats et avocats lyonnais.
Il faut dire qu'en plus, cette affaire n'est pas banale, à cause de la personnalité des victimes mais aussi du parcours de l'escroc qui les a piégées. En effet, Bernard Payet-Descombes, 57 ans, n'est pas un simple amateur venu dans la région lyonnaise pour faire un coup. Au contraire, son père, Antoine Payet-Descombes, est une personnalité bien introduite dans les milieux catholiques lyonnais et respectée dans son village de Chaponost où il a été élu conseiller municipal avant d'être président du centre social. D'ailleurs, pour amadouer ses victimes, Bernard Payet-Descombes jouera à fond sur la bonne image de son père qui lui a permis de se constituer un solide carnet d'adresses. Tout en s'inventant un parcours personnel totalement fantaisiste.
La première fois que je l'ai rencontré, c'était totalement par hasard. On était invités chez des amis qui donnaient une petite fête, se souvient une de ses victimes qui précise : Il affirmait avoir été gestionnaire de domaines et jouait le gentleman farmer attaché aux valeurs traditionnelles : la famille, la religion... En affichant aussi sa passion des chevaux et des grands vins. Son look rassurait aussi. Grand, les tempes grisonnantes, Bernard Payet-Descombes était toujours habillé d'un costume sombre. Vieille France mais bon vivant, se rappelle une autre victime qui appréciait ses bonnes manières, en particulier son extrême politesse. Il arrivait d'ailleurs toujours au volant d'une vieille Volvo. Ça collait à son image, c'est-à-dire un homme qui préfère les valeurs sûres. Mais il apparaissait régulièrement au volant d'une Rolls Royce Silver Shadow grise...

Projets humanitaires
Pour séduire ses victimes, il va d'abord jouer sur leur fibre humanitaire. Il prétend être le député à Lyon d'un certain Parlement mondial des Etats pour la sécurité et la paix. Et il sort alors avec fierté son passeport diplomatique au nom de cette organisation qui, selon lui, finançait des projets humanitaires en Afrique. Et qui, bien sûr, avait besoin d'argent. Mais il se vante aussi d'être en contact avec les milieux d'affaires. Au point de promettre à des patrons lyonnais de leur trouver des fonds pour développer leur entreprise. Il s'engage même par écrit et à plusieurs reprises sur plusieurs millions d'euros ! Le tout devant des avocats qui ne flaireront pas le piège.
Payet-Descombes leur propose aussi des placements. Avec des promesses de rendements importants : 30 %, 50 %, voire 100 %. Vu qu'il m'a été recommandé par un ami, j'avoue que je n'ai pas été méfiant. Evidemment, avec le recul, on se dit que c'était trop beau pour être vrai, reconnaît une victime qui ajoute : C'était un malin. Il lançait des petites phrases au milieu d'un repas et voyait qui mordait à l'hameçon. Il ne faisait pas le forcing mais laissait venir les choses. En fait, Payet-Descombes avait ciblé un petit réseau de notables lyonnais qui avaient l'habitude de se rencontrer régulièrement.
C'est ainsi que Jacques Puvis de Chavannes, médecin dans le 2e arrondissement, et descendant du célèbre peintre, mais aussi Lancelot d'Aubarède, cousin de Jean-Maximilien d'Aubarède, ancien juge au tribunal de commerce, Marc Liogier de Sereys... ont accepté de lui confier leurs économies. Mais il a aussi piégé une dizaine d'autres Lyonnais aisés mais beaucoup moins connus qu'il a croisés dans les mêmes circonstances.
Reste à savoir les motivations de ceux qui lui ont confié leur argent. C'est de l'argent honnêtement gagné, jure une victime avant d'avouer que d'autres victimes n'ont même pas osé porter plainte de peur que le fisc s'intéresse à l'origine de l'argent qu'ils voulaient placer. Une peur qui aurait permis à Payet-Descombes de continuer tranquillement son manège. Il y a deux ans qu'on aurait tous dû porter plainte pour tout arrêter, reconnaît une victime. Dès qu'ils ont compris l'arnaque, ces notables ont tenté de négocier. Payet-Descombes a alors joué l'étonné en affirmant que l'argent allait revenir et que ce n'était qu'une question de temps. Il avait même l'air désolé pour nous, raconte un arnaqué.
Jacques Puvis de Chavannes va quand même assigner Bernard Payet-Descombes en justice, fin 2004, au civil. Sans succès. Puis d'autres victimes vont le rejoindre et porter plainte. Le procureur de la République va alors ouvrir une instruction judiciaire pour escroquerie et confier l'affaire à la juge Christine Codol. Du coup, le 16 juin 2005, cette magistrate va mettre en examen Bernard Payet-Descombes pour escroquerie mais aussi faux et usage de faux. Et le placer en détention à la prison Saint-Paul.

Mouton noir
Mais qui est vraiment ce gentleman farmer en Rolls Royce ? Né en 1947 à Chaponost, c'est le deuxième d'une famille de six enfants. Son père, Antoine Payet-Descombes, a été directeur commercial chez PUM, une entreprise de métallurgie installée sur le port Edouard Herriot. Avec sa femme, également très catholique, il a donné une éducation religieuse stricte à ses enfants. Bernard Payet-Descombes a ainsi fait toute sa scolarité chez les maristes, à Saint-Genis-Laval. Jeune, il parlait même de devenir prêtre, affirme un de ses proches. Marié assez jeune avec la fille d'un médecin homéopathe d'origine allemande, il aura deux enfants. Mais ce mariage va vite déraper et le couple divorce. Bernard Payet-Descombes va alors avoir un certain succès auprès des femmes. Mais sur le plan professionnel, il passe vite pour un instable. Géomètre, il va multiplier les affaires, généralement sans lendemain. Après quelques coups en Afrique, il aura un domaine avec des chevaux qu'il devra rapidement revendre. Pour finir au chômage à l'approche de la cinquantaine. Et il reviendra vivre chez ses parents qui l'ont toujours soutenu, trouvant un travail de chauffeur chez Grand Frais Marée, une poissonnerie industrielle, installée sur la zone industrielle des Troques à Chaponost.
Dans sa

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