Le Lyonnais Patrick Gateau jugé pour le meurtre de Nelly Crémel

Le procès des assassins présumés de Nelly Crémel, Patrick Gateau et Serge Mathey, accusés d'avoir tué à coups de fusil et de rondins cette femme de 39 ans à Reuil-en-Brie le 2 juin 2005, s'est ouvert lundi 9 juin, devant la cour d'assises de Seine-et-Marne.
Les deux hommes sont jugés jusqu'au 19 juin pour "arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d'otage pour faciliter un crime ou un délit" et "assassinat". Ils risquent la perpétuité. Surtout que le Lyonnais Patrick Gateau est un récidiviste.

Récidiviste lyonnais
En août 2005, Lyon Mag avait dressé le portrait de Patrick Gateau, qui avait déjà passé seize années de sa vie en prison pour le meurtre d’une habitante de Sainte-Foy en 1984.
“Personne n’aurait pu imaginer qu’à sa sortie de prison il allait de nouveau passer à l’acte !” C’est Jean-Olivier Viout, le procureur général de Lyon, qui parle de Patrick Gateau, ce Lyonnais soupçonné d’avoir froidement tué, début juin 2005 en Seine-et-Marne, Nelly Crémel, une mère de famille de 40 ans qui faisait tranquillement son jogging. Et Jean-Olivier Viout connaît bien le personnage. Car c’est lui, en 1990, qui avait obtenu la perpétuité contre Patrick Gateau, accusé d’avoir tué en 1984 Jeanine Brendle, une mère de famille de Sainte-Foy-lès-Lyon. En ne lui accordant aucune circonstance atténuante : “Ni son passé judiciaire ni les accablantes expertises psychiatriques ne me permettaient de lui en accorder”, explique aujourd’hui le procureur général.
Et c’est vrai que depuis sa naissance en 1957 à Lyon, Patrick Gateau a eu une vie assez tourmentée. Son père, un aide-chauffeur, est alcoolique. Et sa mère, qui est femme de ménage, reste très distante avec son fils. “Chez les Gateau, on ne fêtait pas Noël”, raconte son épouse, Annick. Quand ses parents divorcent en 1965, le jeune Patrick reste avec sa mère. Mais il n’est pas très doué pour les études. Du coup, après un CAP de cuisinier, il quitte l’école à 14 ans pour travailler chez son oncle, qui est agriculteur. Puis il tombe dans la délinquance, en multipliant les cambriolages, vols, bagarres... Résultat : en 1975, il est condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à un an de prison, pour vol, coups et blessures volontaires et violation de domicile.

Descente aux enfers
C’est la première condamnation d’une longue série. Entre 1975 et 1987, il est condamné à dix reprises ! Pour vol, violence, attentat à la pudeur, menace avec une arme, évasion... D’où des séjours fréquents en prison, pour des faits commis essentiellement dans la région lyonnaise.
Mais en 1990, cette petite frappe tombe lourdement. Il est condamné à perpétuité par la cour d’assises du Rhône. L’affaire remonte à 1984. Jeanine Brendle, une mère de famille de 49 ans qui habite à Sainte-Foy-lès-Lyon, est retrouvée morte dans une décharge municipale près de Chaponost. Tuée de deux balles de fusil dans le thorax, dont une en plein cœur. L’enquête piétine d’abord jusqu’en 1987, quand le juge Philippe Courroye prend le dossier en main. Et rapidement, il va boucler l’affaire. Grâce à une information anonyme, il arrête Patrick Gateau, qui a alors 30 ans, et son complice Christian Gay, 25 ans, qui a également un casier judiciaire bien rempli. Mais il est surtout plus fragile psychologiquement que Gateau. D’ailleurs, c’est lui qui lâchera le morceau au juge Courroye. En avouant qu’il était l’amant de Jeanine Brendle, et que Gateau et lui voulaient emprunter sa voiture pour mener une expédition punitive aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Devant son refus, ils la feront monter de force, avant de la ligoter à un arbre à Chaponost. Et de la tuer pour la mettre hors d’état de parler.
Mais au procès en 1990, seul Gay reconnaît sa culpabilité. Alors que Gateau continue à nier en bloc. “Je n’ai tué personne”, proclame-t-il à plusieurs reprises. “Malgré des éléments matériels à charge, il refusait d’admettre des évidences. Son objectif, c’était de reporter la faute sur son complice”, se souvient Jean-Olivier Viout. Une impression confirmée par l’expertise psychiatrique, qui décèle chez Gateau “une grande facilité de passage à l’acte pour réaliser ses fantasmes”. Et “une incapacité de contenir le désir par un interdit légal”. Finalement, les deux accusés seront condamnés à perpétuité. Malgré les efforts de Me La Phuong, l’avocat de Gateau, qui plaide “sa misère morale et son enfance gâchée qui avait fait de lui un garçon désespéré”.

“Un détenu exemplaire”
En prison, Gay, qui ne s’est pas remis de son crime, finira par se suicider. Pas Gateau, qui vit sans problème avec sa culpabilité. “Il était dans le déni total”, explique Me Jean Guibert, un de ses anciens avocats. Avant d’ajouter : “Mais c’était un détenu exemplaire.” D’ailleurs, en prison, il reprend ses études et décroche un bac littéraire. Mais il prépare aussi les repas pour les autres détenus, peint des fresques sur les murs de la centrale d’Ensisheim en Alsace, où il est incarcéré... Et surtout, en 1998, il épouse Annick, qui a 20 ans de plus que lui. Une infirmière installée dans le Finistère qu’il a rencontrée grâce à un club permettant à un détenu d’échanger des courriers avec une personne à l’extérieur de la prison. Pour lui, elle déménage en Alsace. Et elle trouve à son mari détenu un petit boulot dans une pizzeria, ce qui faciliterait sa réinsertion en cas de libération.
Résultat : Patrick Gateau dispose d’un dossier solide pour demander une liberté conditionnelle. Du coup, alors que sa période de sûreté vient de se terminer, il pose une première demande en 2002, qui sera rejetée, malgré une expertise psychiatrique favorable. Mais il ne baisse pas les bras et obtient cette fameuse liberté conditionnelle l’année suivante. Le 1er décembre 2003, Patrick Gateau est libre. Il a alors 46 ans, dont près de la moitié passée en prison. Taille moyenne, visage poupin, cheveux courts, il a l’air sympa, jovial...Bref, aucune faille apparente.
En juillet 2004, le jeune couple déménage à Rebais en Seine-et-Marne, pour se rapprocher du fils d’Annick. Patrick Gateau alterne alors petits boulots et chômage. Apprécié dans ce petit village de 2 000 habitants, il expose même des aquarelles dans une agence immobilière.

“Un manipulateur”
Jusqu’à ce terrible jour du 10 juin 2005, où Nelly Crémel est retrouvée morte dans un bois près de Rebais. Le corps transpercé par deux balles de fusil et la tête défoncée. Seule son alliance permet de l’identifier... Belle blonde, la quarantaine sportive, cette mère de famille avait disparu huit jours plus tôt, alors qu’elle était partie faire un footing. Rapidement, un suspect est interpellé : Serge Mathey, un maçon de 26

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