Aérodrome du Beaujolais : qui veut flinguer Baby ?

Aérodrome du Beaujolais : qui veut flinguer Baby ?

La chambre de commerce de Villefranche a fermé brutalement le bar-restaurant de l’aérodrome du Beaujolais qui était un rendez-vous incontournable pour les pilotes de la région. Ambiance.

“Sur ma tombe, on pourra écrire : ci-gît Baby qui a bien vécu !” Emmanuel Grarre, président depuis 10 ans de l’aéroclub du Beaujolais, est un véritable personnage. Grand, petits yeux brillants, cheveux en bataille, longues moustaches... ce bon vivant, surnommé Baby, est devenu pilote presque par hasard. C’est en chassant qu’il a eu envie de se lancer avec son fils. “On voyait les petits avions tourner au-dessus de nos têtes. C’était tentant”. Conquis par l’ambiance, il a décroché son brevet de pilote à 38 ans avant de collectionner des qualifications plus pointues : vol de montagne, vol de nuit...
Il faut dire que l’aérodrome de Villefranche dispose d’installations modernes, alors que d’autres petits aérodromes de la région ont au contraire fermé comme à Aubenas en Ardèche ou Roanne dans la Loire. D’ailleurs, cet aréoclub situé au coeur du Beaujolais est fier de sa belle piste en goudron de 1 000 m, un bâtiment avec terrasse et arcades, trois ateliers de mécanique, un héliclub, un club de vol à voile...  Avec au total une vingtaine de salariés.

Cet aérodrome est un des plus dynamiques de la région avec 150 adhérents, deux pilotes instructeurs et six avions. Ce qui lui permet de former 30 pilotes amateurs par an, mais aussi une quinzaine d’élèves pour le brevet d’initiation à l’aéronautique en collaboration avec le lycée Diderot de la Croix-Rousse. De plus, le club attire tout particulièrement les pilotes de montagne grâce à un terrain d’atterrissage en pente spécialement aménagé pour eux vers Claveisolles, dans le haut-beaujolais.
Bref, un terrain idéal pour Baby, qui a installé ici il y a dix ans son “restaurant de l’aérodrome” où se retrouvent alors chaque jour une soixantaine d’habitués. Et on y sert une cuisine familiale : civet de biche, gratin dauphinois, grenouilles...
Chef-cuisinier de formation, ce touche-à-tout jovial mais très pro a tenu jusqu’à quatre “affaires” en simultané : le bar de la Patinoire Charlemagne à Lyon, celui du camping de la Porte des Alpes à Saint-Priest mais aussi un restaurant à Pérouges. Sans oublier celui de l’aérodrome.

“Cabale”
Mais il passe également beaucoup de temps dans ses vignes de Vaux-en-Beaujolais ou avec ses trois chevaux de randonnée, Dollar, Boomerang et Crystal. Quand il ne chevauche pas sa grosse Harley-Davidson fuschia ! Et ce chasseur militant s’est présenté aux élections législatives de 2002 sous l’étiquette Chasse-pêche-nature et tradition, dont il est le délégué pour le département du Rhône, en ratant de peu les 5%. Bref un sacré personnage qu’ici tout le monde connaît. Et apprécie. A part la Chambre de commerce de Villefranche-sur-Saône qui a décidé de fermer le restaurant en mai dernier. Pourquoi ? Mystère. En tout cas, c’est un choc pour Baby et ses amis qui vont alors lancer une pétition. Et en quelques semaines, ils vont réunir plus de 1 000 signatures en obtenant un sursis jusqu’au 15 octobre. “Pour passer l’été”. Mais le bar est définitivement fermé aujourd’hui. Car la Chambre de commerce et d’industrie de Villefranche-sur-Saône voulait rappeler qu’elle est le vrai patron de cet aérodrome. En fait, il y a une dizaine d’années, cette vénérable institution avait rêvé d’en faire un aérodrome d’affaires comme celui de Bron car quelques hôtels de luxe, situés dans le secteur comme celui de Bagnols, ont fait pression pour que des stars de la jet-set puissent atterrir ici. Mais ce projet avait suscité la colère des riverains et la Chambre de commerce avait dû reculer en s’engageant à ne jamais allonger la piste, condition indispensable pour accueillir des avions plus gros et plus rapides. Bref, l’aéroclub est resté maître chez lui.

“Alors pourquoi avoir fermé le bar ?” s’interroge Baby avant de répondre sans hésiter : “Pendant douze ans, je n’ai pas eu droit à la moindre remarque sur la qualité du restaurant. Mais des lettres anonymes sont arrivées au printemps à la Chambre de commerce pour affirmer qu’on mangeait très mal chez nous”. Bref, une “cabale” organisée par de mystérieux corbeaux qui voulaient flinguer Baby le chasseur. Et la rumeur s’est chargée d’identifier ces oiseaux de malheur. Certains parlent d’un rival de Baby au sein de l’aéroclub. D’autres visent un notable de la “Chambre” qui voulait écarter Baby pour ouvrir un restaurant gastronomique... On parle même d’un “gratte-papier” de cette même Chambre qui ferait du zèle...

Une certitude, au printemps 2008, la Chambre de commerce de Villefranche a décidé de lancer un appel d’offres pour remplacer Baby. En invoquant une mise en concurrence. Deux restaurateurs ont répondu : le responsable d’une sandwicherie et  Wilfrid Grarre, le fils de Baby qui assure les baptêmes de l’air à l’aéroclub et qui avait en fait pris le relais de son père au restaurant depuis deux ans. Mais la Chambre n’a pas osé trancher. Nouveau recul ? En attendant, le fils de Baby a décroché l’exploitation du restaurant de l’aérodrome à Bron. “Pourquoi il serait bon à Lyon et nul dans le Beaujolais ?” iquestionne Baby.
“En tout cas, c’est irresponsable d’avoir fermé ce restaurant alors que la Chambre de commerce avait largement le temps d’anticiper pour assurer une transition en douceur” s’indigne Gilles, le chef pilote. Alors que Baby renchérit : “Sans restaurant, cet aérodrome est mort”.

Effectivement, aujourd’hui l’aérodrome est triste et désert. Mais Baby ne comprend toujours pourquoi on s’acharne sur lui. D’ailleurs, il a demandé à rencontrer le président de la Chambre de commerce pour s’expliquer “franchement”. Mais il attend toujours son rendez-vous. En octobre, ses amis ont organisé un pique-nique au cours duquel de nombreux pilotes de la région sont venus soutenir leur “pote” et protester contre “la connerie” de la Chambre. Mais toujours rien du côté de cette maudite “Chambre” où visiblement on roupille.

Interrogée par Lyon Mag, la Chambre de commerce semble très gênée par cette affaire : “C’est une fermeture temporaire qui était indispensable pour réaliser des travaux car les cuisines n’étaient plus aux normes” explique Jacques Perrot, “directeur des équipements” qui annonce le choix d’un nouvel exploitant “courant 2009”. Sans plus de précision. Mais certains pilotes n'hésitent pas à accuser les notables de la Chambre de

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1 commentaire
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Myrope le 19/02/2010 à 22:32

Lionel Si vous pouvez transmettre ma tristesse... J'ai passe les meilleurs moments de mon sejour en France a cette aerodrome et dans les cuisines et restaurant de cet etablissement vivant, convivial ou la nourriture et la companie etaient excellentes. Les vrais traditions se perdent au profit du profit.. dommage et felicitation a Wilfrid pour Bron. Pas pareil, ni comparable, mais un progres dans une autre direction. Myrope meeramoyne@hotmail.com

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