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Interview DGSE et terroristes : "Mêmes méthodes"

Le réalisateur Philippe Haïm, et les acteurs Gérard Lanvin et Mehdi Nebbou sont à l’affiche de “Secret Défense”. Rencontre.

Pourquoi un film d’espionnage?
Philippe Haïm : Je voulais faire un film d’espionnage français. Je suis fasciné par le monde du renseignement. Je suis un maniaque de la symétrie, c’est une obsession chez moi. J’ai donc mis en parallèle deux causes opposées, la DGSE et les terroristes islamistes, usant des mêmes méthodes pour arriver à leur fin : l’humain comme arme. Les recrues Diane et Pierre ne sont que des outils.
Les profils de ces recrues qui sont aussi victimes ?
PH  : Tous deux sont en effet des recrues mises à l’épreuve et ils souffrent. Diane n’a pas d’attaches, elle cache sa vie passée, c’est déjà une manipulatrice que la DGSE n’a pas de mal à convaincre. Pierre, lui, est plus faible car il est chute libre, sans repères stables. Il est très simple à embrigader pour des extrémistes à travers la religion à des fins politiques. La prison est un endroit idéal pour trouver des recrues.
Ahmed est un agent de la DGSE. Une victime lui aussi?
Mehdi Nebbou : Le personnage d’Ahmed est un musulman français qui fait tout pour être un agent irréprochable mais qui subit quand même les amalgames et les regards sévères de ses supérieurs. Il suffit d’une faille et sa vie devient une tragédie, un enfer. Mais il est le seul qui ne cède jamais à la violence. J’aime les films politiques et le projet de Philippe était séduisant, il a bossé son sujet pendant 3 ans.
Avec un tel film, vous allez provoquer la paranoïa !
PH : Le film est sans angélisme mais le but est de montrer les méthodes réelles d’une manière frontale. Tout en divertissant. Pas de rendre parano. On peut faire l’autruche et ne pas parler des problèmes. Ce n’est pas mon cas. Ce film montre la guerre inhumaine du renseignement, qui peut choquer. Je n’ai pas le sentiment d’avoir fait un film polémique.
MN : Il y a beau avoir des satellites, internet... L’utilisation des humains reste la seule manière de faire du renseignement correctement. A leurs dépends.
Gérard Lanvin : La fiction est un alibi pour parler de ce qui nous arrive à tous depuis le 11 septembre. Quitte à faire peur, c’est comme ça qu’on suscite le débat. Il faut prendre conscience que la sécurité a un coût humain.
Et quelles sont vos sources?
PH : On a rencontré 150 personnes en tout. Les agents sont toujours dans la clandestinité, ils éprouvent une solitude pesante. D’où le besoin de parler, de témoigner. Même leurs familles ne savent pas qui ils sont réellement, ils risquent leur vie sans aucune reconnaissance. Tout se fait caché. Les autorités le disent elles-mêmes : elles travaillent mieux dans l’illégalité. Qui peut vraiment croire le fichier Edvige n’existait pas avant ?
L’espion, c’est  aussi un comédien...
GL : C’est vrai. L’espion est un sorte d’acteur, car tous deux manipulent, jouent, et font croire ce qu’ils veulent.
MN  : Oui mais pour l’acteur il est toujours possible de refaire une prise, alors que l’espion, s’il se plante, il est mort.

Propos recueillis par Lucile Quillet

Secret Défense, de Philippe Haïm avec Gérard Lanvin, Vahina Giocante, Nicolas Duvauchelle...

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