À la découverte du béhourd, un sport-passion pour la Confrérie des Loups

À la découverte du béhourd, un sport-passion pour la Confrérie des Loups
LyonMag

Une association miolande entretient la pratique de ce sport médiéval pratiqué entre les 12e et 16e siècles. Avec son club engagé en compétition, elle attire de nouveaux pratiquants par le biais d’initiations au béhourd. Découverte d’un sport de passionnés, strictement encadré dans sa pratique sportive et sa dimension historique.

Dans la fraîcheur d’un jeudi soir venteux, une dizaine de personnes se retrouvent sur le parking d’un complexe sportif, près de Lyon. Les voitures ont le coffre surchargé et c’est normal : chacun sort son armure de chevalier pour s’entraîner à combattre.

Du calme Messire, nous sommes toujours au XXIe siècle et le sport médiéval continue de se pratiquer dans le monde entier. À Mions, les combattants de l’Association des Sports et des Arts Médiévaux (ASAMM) et son club de la Confrérie des Loups se préparent à une nouvelle session d’entraînement.

Ici, on pratique le béhourd, tiré du vieux français "fracas". C’est une forme de combat médiéval, qui est une adaptation contemporaine d’une pratique sportive et guerrière ancienne. Ce sport implique l’utilisation d’une armure complète et d’armes (épées, haches et boucliers) ni pointues, ni tranchantes car émoussées. Toutes doivent correspondre à l’époque du Moyen-Age.
 

En effet, le béhourd a été pratiqué à cette période pendant près de 400 ans, entre le 12e et le 16e siècle, "par les hommes de guerre, en temps de paix. Cela faisait office d’entraînement", complète le président du club Jérôme Monteyremard, en attendant le début de la séance. Il a ensuite été longtemps oublié : ce n’est que dans les années 1990 qu’il est relancé en Europe de l’Est, la Russie et l’Ukraine en tête. Puis, en France dans les années 2000.

Les combats sont organisés en équipe, et vont du 5v5 au 21v21 (jusqu’à 150v150 dans certains évènements !) ou en duel à un contre un. Dans ce dernier, le profight reprend les codes des combats de boxe, où les combattants s’affrontent en trois manches, tous coups et techniques comptent, par catégorie de poids.

Les coups de pieds, de poings, de genoux et les corps-à-corps sont autorisés, pas les coups d’estoc (avec la pointe), les coups derrière les genoux, aux pieds, à l’aine et à la nuque. L’objectif est simple : mettre son adversaire au sol.

"Le béhourd fait beaucoup voyager"

Mais n’oublions pas, l’entraînement commence ! Les lourdes armures parcourent enfin les corps des béhourdeurs, qui pénètrent dans la lice, une structure rectangulaire qui délimite le terrain de combat. En amont d’une session en armure, chacun est invité à effectuer sa propre préparation physique et à travailler ses gammes par tous types d’arts martiaux.

La séance débute par des corps-à-corps en duel, puis par des combats en équipe, sous la direction d’un capitaine désigné qui ne manque jamais l’occasion d’apporter un conseil. La Confrérie des Loups, représentée par un blason bleu et blanc, a 12 ans d’existence, ce qui fait de lui le club moderne le plus vieux de France. Il prend part aux compétitions organisées par la Fédération Française de Béhourd (FFB), crée en 2015, qui assure le déroulement des championnats, nommés Ligue 1 et Ligue 2, et désigne son équipe nationale, comme au football.

En huit éditions, le club de Mions n’a jamais remporté le championnat de 5v5, mais a fini deux fois dans le top 3 (2017 et 2015).

Mais le béhourd réunit au-delà des frontières : "On essaie de faire les compétitions à toutes les échelles. Tous les deux ans, on a un championnat du monde : l’année dernière, on y a participé, on est allé en République Tchèque, le prochain est au Mexique… Le béhourd fait beaucoup voyager !", sourit Jérôme Monteyremard, qui se souvient encore de la tête de certains douaniers à la découverte de ses sacs remplis d’acier lors de déplacements à l’étranger.

Si notre troupe rhodanienne voyage telle une équipe de football professionnelle, c’est parce qu’elle fait partie d’une communauté de passionnés. Il suffit de prendre l’exemple de l’armure qui recouvre tout le corps et nécessite de nombreuses pièces spécifiques. Adaptée à la pratique sportive, celle-ci représente un investissement d’environ 3 000 euros pour chaque béhourdeur. Ce qui donne lieu à quelques craquages financiers, sachant que le seul casque coûte entre 700 et 900 euros : "L’un de mes joueurs vient d’en acheter deux !", explique Jérôme Monteyremard.

Mais au-delà des gros sous, l’achat d’une armure requiert une solide connaissance au préalable. Chaque année, elle doit être validée par un comité d’historicité, selon sa concordance historique avec l’époque représentée, à 50 ans près : "Une armure est composée de plusieurs pièces, il faut qu’elles aient une cohérence. On ne peut pas avoir un casque du 15e siècle avec une armure du 13e siècle", poursuit le président de l’ASAMM.

Des initiations… et des féminines !

L’association miolande encadre la formation des nouveaux combattants et organise régulièrement des journées d’initiations pour attirer un public toujours plus large. La partie formatrice se fait sans armure, jusqu’à intégration au sein du club sportif, et assurée par des combattants de la Confrérie des Loups.

Une structuration qui, selon Jérôme Monteyremard, permet justement l’ouverture du béhourd vers un public plus large : "Au début, c’était moins encadré et plus brutal. On est passé d’une activité de niche à un vrai sport. Tout le monde n’est pas féru d’histoire, ni spécialiste médiéval. Mais c’est un sport qui amène une dimension culturelle et les nouveaux adhérents s’y intéressent de fil en aiguille".

L’association organise également des démonstrations lors de fêtes médiévales ou de village.

Souvent attribuée à la gent masculine, cette fascination pour les sports médiévaux prend aussi chez les femmes. Revenons à notre entraînement : au milieu de toutes ces silhouettes élancées en armure, celle de Maeva, qui évolue avec l’équipe féminine (en entente avec les Sangliers d’Isar de Grenoble). C’est la première fois qu’elle enfile l’armure : "On s’y sent bien dedans !", lance-t-elle.

De toute façon, dans la lice, difficile de dissocier hommes et femmes. Ce sont avant tout des combattants. Entre coups de haches, prises au sol, surnombres et chutes inévitables, l’entraînement des Loups se poursuivra jusqu’à la tombée de la nuit à Mions.

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béhourd

5 commentaires
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oui,mais difficile de gravir la montee de la grand cote le 10/02/2025 à 06:17
basta a écrit le 08/02/2025 à 17h49

le costume de behourd est bientôt indispensable pour prendre les transports en commun après 23h. armes interdites sauf pour la faune.....

avec..

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anti-écolo heureux le 09/02/2025 à 12:39

les adeptes de la déconstruction nourrit au soja en PLS !!!!

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basta le 08/02/2025 à 17:49

le costume de behourd est bientôt indispensable pour prendre les transports en commun après 23h. armes interdites sauf pour la faune.....

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Rutila le 08/02/2025 à 16:28

Ça comme à quel âge ?

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Ex Précisions le 08/02/2025 à 16:08

On peut s'entraîner à la Guill, au Tonkin ou autre ?
Ça m'intéresse. ;-)

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