Jean-Olivier Viout : "Donner un sens à la peine"

Jean-Olivier Viout : "Donner un sens à la peine"
Jean-Olivier Viout

Le procureur général de la cour d’appel de Lyon a présidé un comité qui a rendu un rapport destiné à Rachida Dati pour sa future loi pénitentiaire.

Pourquoi ce rapport a été réalisé dans l’urgence ?
Jean-Olivier Viout : Parce que ce comité d’orientation a été mis en place le 11 juillet et on devait rendre notre travail fin octobre, car Rachida Dati veut présenter son projet de loi pénitentiaire d’ici la fin de l’année devant le Parlement. Du coup, on ne pouvait pas faire un rapport complet sur la condition pénitentiaire. Voilà pourquoi nous avons choisi de lister les 55 mesures qui nous semblent les plus urgentes.
L’esprit général de ces préconisations ?
Donner un sens à la peine, car la prison doit être un passage. C’est pourquoi on aimerait imposer que tout nouveau détenu passe par un “quartier des arrivants”, où sera établi un bilan de personnalité, mais aussi un bilan social et familial. Avec, à la clé, la signature d’un contrat renouvelable chaque année, par lequel le détenu s’engage à suivre une formation, un travail, des soins si nécessaire. C’est expérimenté à la maison d’arrêt de Villefranche, mais il faut le généraliser.
Les autres priorités ?
Assurer à tous les détenus un droit essentiel : le maintien de ses liens familiaux, indispensable à sa réinsertion. Pour cela, tous les détenus devraient avoir accès aux parloirs dans les mêmes conditions, y compris les détenus en cellule disciplinaire. Même chose pour les détenus qui n’ont pas été encore jugés. Il faut aussi généraliser le téléphone, avec du contrôle bien sûr, là encore pour rompre l’isolement. Et mettre en place des unités de vie familiale, ces studios où le détenu peut recevoir sa famille, dans toutes les nouvelles prisons.
Et sur les conditions de détention ?
On rappelle que tous ces détenus en attente de jugement doivent normalement être en cellule individuelle. C’est inscrit dans le Code de procédure pénale, et exigé par les normes européennes. On sait bien que c’est difficile à mettre en place. Mais c’est le rôle de notre comité de le rappeler. Il faut aussi chercher à avoir une douche dans chaque cellule. Et donner aux plus démunis du savon, du shampooing, l’accès à la télévision et une enveloppe timbrée par semaine.
Comment lutter contre la surpopulation carcérale ?
D’abord en préparant la sortie des détenus. Des dispositifs existent mais ne sont pas assez utilisés : chantiers extérieurs, semi-liberté, libération conditionnelle. On propose aussi une nouveauté pour multiplier les peines alternatives : le droit pour toute personne qui comparaît libre et qui est condamnée à moins d’un an, de se voir proposer autre chose que la prison. Par exemple une assignation à résidence avec un bracelet électronique.
Vous pensez que vous serez écouté ?
On espère bien sûr que le projet de loi intègre un maximum de nos recommandations Et que les parlementaires les votent. Même si certains les trouveront peut-être trop audacieuses, comme par exemple d’envisager la possibilité d’une libération conditionnelle dès qu’un détenu a purgé la moitié de sa peine.

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