Jean-Baptiste Labouche, coordinateur de la Manif pour Tous : "Municipales ? Déjà contacté par tous les partis à Lyon"

Est-ce que les militants contre le mariage gay qui se sont mobilisés sans arrière-pensée sont en train de devenir de candidats ? Sont-ils en train de se politiser ? "Se politiser non puisque nous sommes un mouvement apolitique qui est ouvert à tous les mouvements politiques de droite comme de gauche et les élus qui nous rejoignent sont les bienvenus. Le mouvement en tant que tel ne se politise pas".

Mais vous avez entendu ce que Frigide Barjot que des candidats "Manif pour Tous" pourraient être présents lors des prochaines municipales ? "Effectivement, ça n’exclut pas une réflexion sur les municipales l’an prochain. A ce stade là, il y a plusieurs scénarios possibles".

Il y a une réflexion à Lyon sur ce sujet là ? "Il y a une réflexion à Lyon, à Paris et partout en France. Comment soutenir ceux qui ont défendu nos idées et comment signifier aux électeurs de ne surtout pas voter pour tout ceux qui ont été les promoteurs de ce projet de loi".

Vous imaginez ce qu’on se dit : est-ce qu’il y en a qui se sont trouvés une vocation politique dans ce combat là ? "Ce n’est pas impossible. Effectivement, on se rend compte que l’un des leviers pour faire gagner les idées était effectivement l’engagement politique. Mais ce n’est pas la priorité, aujourd’hui c’est comment fait-on pour que la famille soit protégée, que ce projet de loi soir rejeté et donc je me bats jusqu’au bout, jusqu’à la fin du match. C’est cela ma priorité".

Ce passage du militantisme au politique pour peser sur ce débat prendrait quelle forme ? "Pour l’instant on en est vraiment au stade de la réflexion. Les contacts politiques, on en a avec l’UMP, le FN mais aussi avec des élus de gauche. Il y a des échanges qui peuvent avoir lieu. Après, l’objectif n’est pas du tout que ce grand mouvement de société devienne un mouvement politique. L’objectif, c’est que ce mouvement de société reste un mouvement de société".

On se dit que ça ne colle pas trop à l’enjeu des municipales qui est vraiment très local ? "Ce qui se joue c’est que vous avez des personnes, comme le maire de Lyon Gérard Collomb, ne nous a jamais reçus. On a même arrêté tellement on a fait des demandes. Gérard Collomb, nous ne le soutiendrons jamais, nous dénonçons son absence de dialogue".

En présentant des candidats face à l’UMP, vous n’avez pas l’impression de multiplier les candidats à droite, et du coup de jouer le jeu de Gérard Collomb ? "Nous n’avons pas parlé de présenter des candidats, et très sincèrement on n’en est pas là".

Le projet de loi sur le mariage pour tous a été adopté la semaine dernière à l’Assemblée Nationale. Est-ce qu’aujourd’hui, il n’est pas temps de baisser les armes ? Quelle forme peut prendre l’opposition aujourd’hui ? "On ne baissera pas les armes parce que c’est un combat de société qui touche à l’essence même de l’humanité. On croyait que le soufflé allait retomber ; on arrive au mois de mai et on y est toujours. Le soufflé ne retombe pas mais en plus il y a une accélération des manifestations en tout genre. On est parfois rentré dans une logique quotidienne".

La prochaine manifestation aura lieu le 5 mai. Il y aura du monde ? "On aura beaucoup de monde à Lyon. Quel que soit le nombre que ‘l’est, nous sommes la majorité".

La majorité qui fait du bruit mais pas la majorité silencieuse. "Faisons un référendum, ayons un peu de courage, que le président de la République prenne ses responsabilités. A Lyon, je le rappelle, enquête auprès des 302 maires du Rhône, seulement 14 maires ont renvoyé un courrier en nous disant qu’ils étaient pour ce projet".

Le problème vient aussi de l’image. On a vu ces groupuscules nationalistes qui s’opposaient aux forces de l’ordre ou alors qui dégradaient à la fin de manifestations. Est-ce un problème ? "Ils ne représentent personne. Regardez l’écrasante mobilisation que l’on vit depuis six mois, ce n’est pas Gabriac avec son petit drapeau place Bellecour qui va inverser la tendance d’un mouvement populaire".

On a l’impression que dans ce climat une certaine homophobie apparaît dans la société française ? "Ce que je ressens, c’est de l’irritation et de l’agacement par rapport au fait que nous ne sommes pas écoutés. Nous sommes considérés comme des sous-citoyens par rapport à cette absence de démocratie que ce soit au plan local ou au plan national. Mais ce n’est pas de l’homophobie. Je dis aux personnes homosexuelles qui nous écoutent que nous les respectons pleinement et que nous sommes peut-être prêts à discuter sur des solutions alternatives à ce projet de loi".

Quand les premiers mariages homosexuels auront lieu au mois de juin, vous irez manifester devant les mairies ? "Je n’ai pas réfléchi à cela. Spontanément, l’idée ne me plaît pas trop. Si Patrick et Jean-Pierre ont envie de se marier, je n’ai pas du tout envie d’aller les embêter. La loi sera là et ça restera leur vie privée. Le combat se situe à un autre niveau : au niveau des enfants et de l’affiliation. Le sujet ouvre d’autres perspectives bien plus larges que le simple fait de savoir si deux personnes de même sexe peuvent s’aimer, ce que je n’ai jamais contesté, et au contraire vive la démocratie et la liberté en France".