Lyon-Saint Etienne : "Une dynamique positive"

Elu maire PS de Saint-Etienne à la surprise générale, le socialiste Maurice Vincent analyse le succès de la gauche aux élections municipales dans la région, tout en évoquant son partenariat avec Lyon.

Comment vous analysez cette vague rose dans la région ?
Maurice Vincent : Je ne crois pas qu’on peut expliquer ces victoires de la gauche par la baisse de Sarkozy dans les sondages contrairement à ce qu’affirment la plupart des élus UMP qui ont été battus. Car aux municipales, les électeurs se prononcent avant tout sur des critères locaux. Ils jugent les candidats, leurs bilans ou leurs projets. Avant de regarder l’étiquette. Si Collomb a été réélu à Lyon comme Destot à Grenoble, c’est d’abord parce qu’ils ont répondu aux besoins de leur population au cours de leur premier mandat.
Votre victoire à Saint-Etienne, c’est quand même une surprise !
Pas pour moi. En fait, Michel Thiollière s’est donné une bonne image en lançant des projets grandioses mais il s’est éloigné des Stéphanois et de leurs attentes sur des problèmes concrets de la vie quotidienne : transports en commun, circulation, propreté... Et puis un certain nombre de ses projets ont dérapé.
Mais Destot et Collomb se sont eux-aussi lancés dans des grands projets !
Oui mais ils ont su rester à l’écoute des gens. Alors qu’à Saint-Etienne, Thiollière s’est permis de dépenser près de 40 millions d’euros pour son Zénith tout en expliquant aux Stéphanois qu’il n’avait pas les moyens de rouvrir la piscine du quartier de la Marandinière qui était fermée depuis six ans !
Comment expliquez ce décalage entre Thiollière et les Stéphanois ?
Il n’écoutait plus personne ! Il a dérivé dans un fonctionnement de plus en plus personnel, ce qui l’a isolé, y compris de sa propre équipe. D’ailleurs il était incapable de comprendre que mes critiques n’étaient pas de l’opposition systématique. Mais qu’elles portaient sur des problèmes bien réels.
Reconnaissez quand même que c’est le maintien de la liste Modem qui vous a permis de gagner au second tour !
Cela a joué. Mais je suis persuadé que j’aurais aussi gagné dans un duel face à Thiollière.
Pourquoi ne pas avoir fusionné votre liste avec celle du Modem ?
Parce qu’on a eu une discussion franche tous les deux et on a convenu que nos électeurs ne comprendraient pas cette alliance car Gilles Artigues, le candidat Modem, avait soutenu l’essentiel des projets de Thiollière. Même si on s’est rejoint dans la critique de son bilan.
Une synergie est vraiment possible entre les grandes villes de la région ?
C’est évident et je compte bien profiter du fait que les grandes villes de la région sont désormais à gauche, comme le conseil régional, pour renforcer nos relations. En particulier avec Lyon.
Etre la banlieue de Lyon, c’est l’avenir de Saint-Etienne ?
Il n’y a aucun risque que Lyon absorbe Saint-Etienne car on est quand même une agglomération de 500 000 habitants. En revanche, je compte donner un vrai contenu aux relations Lyon-Saint Etienne. Exemple : pour la candidature à la capitale européenne de la culture, les Lyonnais pourront compter sur nos pôles d’excellence : le design et le spectacle vivant.
Vous êtes d’accord sur tous les projets avec Collomb ?
En grande majorité. Mais il n’y a aucun tabou entre nous. Exemple : Collomb trouve que le tracé actuel pour l’A45 arrive trop près de Lyon. Je suis prêt à réexaminer avec lui cette question. Bref, je crois qu’on va trouver rapidement des positions convergentes et créer une dynamique positive.

Les grandes villes de la région basculent à gauche
A Lyon, Gérard Collomb a emporté la victoire dès le premier tour avec 53% des voix, contre 30,1% pour l’UMP Dominique Perben, qui n’a conservé que deux arrondissements sur neuf : les 2e et 6e historiquement ancrés à droite. Dans l’agglomération lyonnaise, la sénatrice PS Christiane Demontès a repris Saint-Fons, qui était géré depuis 2001 par le radical Michel Denis. Alors que la droite n’a pas réussi son pari de conquérir Saint-Priest, Rillieux et Bron. Trois villes qui restent à gauche, comme Villeurbanne, où Jean-Paul Bret a été réélu facilement face à Henry Chabert.
Dans la région, la plupart des grandes villes seront dirigées par un maire de gauche. Avec quelques résultats surprenants, notamment à Saint-Etienne, mais aussi à Valence où le maire UMP sortant Patrick Labaune a été battu par le socialiste Alain Maurice. Sans oublier Bourg-en-Bresse, Roanne, Saint-Chamond, Firminy, Ambérieu, Romans, Montélimard... Et même Belley, le fief de Charles Millon ancré à droite depuis la Libération, a basculé à gauche. Un des rares rescapés : le maire UMP sortant de Vienne, Jacques Remiller, qui a été réélu de justesse.

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