“Depuis le début des années 90, je suis convaincu qu’il faut décloisonner les entreprises et mélanger les métiers pour faire émerger des idées nouvelles. Une tendance qui a été largement reprise sous le terme de transversalité. Mais ce mot est un peu fourre-tout. Et surtout, il n’est pas réellement mis en pratique dans les entreprises. Voilà pourquoi j’ai voulu aller plus loin en parlant de métissage.
L’idée, c’est de mélanger en permanence les expertises, dans les agences de communication mais aussi dans les entreprises. Au lieu de fonctionner par services car ces services engendrent des jalousies, des rivalités stériles... Et au final, chacun travaille dans son coin sans être productif au niveau collectif. J’ai donc créé des “réunions métis” où tout le monde doit réfléchir, avec un ordre du jour précis, sur un problème donné. Que ce soit la promotion, le design, la publicité... Et ça marche. C’est très effiace pour faire émerger des idées. D’ailleurs, si la commission Atali a fait sortir 300 propositions nouvelles, c’est bien parce qu’elle a fait travailler ensemble des gens issus d’univers très différents.
Ça peut sembler facile comme ça mais en fait, ce n’est pas une démarche simple. Car au départ, on n’ose pas se mélanger. Et surtout on ne veut pas se mélanger. Car se mélanger, c’est livrer une partie de ses compétences et de son savoir, c’est aussi risquer de perdre son pouvoir, ses privilèges... D’où des réticences extrêmement fortes. D’autant plus que dès l’école, on nous apprend à travailler en individuel. Mais pour moi, cette réforme est fondamentale car sans idée nouvelle, une entreprise est morte. D’ailleurs, c’est une conviction tellement forte que j’ai décidé de changer le nom de mon entreprise."