Où en est l’enquête ?
Bernard Kieffer : Pour l’instant je n’ai aucun signe de vie de mon frère. L’enquête menée par deux juges d’instruction français avance et on a maintenant une idée plus précise sur les commanditaires de son enlèvement. Il s’agirait des proches de Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire depuis 2000 et de sa femme, Simone, qui serait directement impliquée dans la disparition de Guy-André. Car mon frère travaillait sur les finances du régime et sur le détournement de l’argent du cacao par les hauts responsable du régime ivoirien. Bref, il dérangeait et c’est pour ça qu’un commando l’a enlevé le 16 avril 2004.
Des personnes de ce commando ont déjà été arrêtées ?
Le responsable du commando est actuellement en détention provisoire à Paris car il est présumé coupable de l’enlèvement de mon frère. Il cite d’autres personnes impliquées dans cette affaire mais depuis 4 ans, tous les indices convergent autour de la présidence. La femme de Laurent Gbagbo, le ministre de l’Economie et le responsable de la banque nationale ivoirienne refusent d’être entendus par les juges d’instruction, niant tout lien avec la disparition de Guy-André. Résultat, on se heurte à des murs de silence.
Que font les autorités françaises ?
Les autorités françaises ont une attitude ambiguë dans le traitement du dossier. Quand mon frère a été enlevé en avril 2004, l’ambassade de France en Côte d’Ivoire n’a rien trouvé de mieux que de le discréditer en disant que c’était un affairiste douteux. Le président Nicolas Sarkozy nous a reçus en août 2007, ce qui a été plutôt positif. Mais trois mois après, la brigade criminelle qui enquêtait depuis 4 ans a été dessaisie du dossier. Donc entre le discours officiel et la pratique, il y a des écarts assez étonnants. Le concert à Lyon a permis de faire parler de la disparition de mon frère pour que l’opinion publique ne l’oublie pas, que les médias ne l’enterrent pas tout de suite et que les pouvoirs publics s’obligent à assurer l’accompagnement de cette enquête.