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Livre : interview de Bernard Besson

Ancien flic des RG et de la DST, le lyonnais Bernard Besson vient de publier “Chien rouge”, un excellent thriller autour d’une grande entreprise lyonnaise.

L’histoire de Chien Rouge ?
Bernard Besson : L’histoire se passe dans un futur très proche. Avec un prix du baril de pétrole qui atteint les 220 dollars. Ce qui provoque une grave crise mondiale. Car certains Etats, qui ne disposent pas de l’arme nucléaire, risquent de ne plus avoir accès à ces ressources. Au centre de cette histoire, il y a une entreprise lyonnaise : Global Système, dirigée par Alexandre Calvin. Il a plusieurs branche d’activité, dont une de production de bioéthanol au Brésil. Un secteur “pétrole vert” qu’il souhaiterait abandonner. Car il veut tout miser sur les nanos technologies. Il veut également travailler avec les Chinois pour lutter contre la contrefaçon. Son entreprise a également une petite branche militaire qui est une source d’emmerdements pour lui. Autour de cette entreprise, plusieurs services secrets vont s’affronter.
Votre croyez à votre scénario ?
A oui ! Cela n’arrivera peut-être pas mais ça peut aussi être pire, et dans un avenir très proche. Je crois d’abord que nous sommes face à une crise de l’énergie. Au point que dans mon livre je mets le baril à 220 dollars alors qu’il a déjà atteint les 135 dollars mi-mai ! Plusieurs raisons pourrait expliquer une nouvelle flambée du pétrole : des tensions avec certains Etats comme l’Iran, des attentas... Le pétrole cher entraîne aussi une hausse générale du coup des transports, donc des autres matières premières et de la nourriture. Surtout qu’on fait du pétrole vert avec des plantes, ce qui prend des terres réservées aux denrées alimentaires. C’est donc un cycle infernal.
C’est très pessimiste !
Si les prix de la nourriture et de l’énergie augmentent et que des pays se sentent menacés dans leur approvisionnement, ils auront une pression terrible de leur opinion publique. Ce qui pourrait provoquer un affrontement qui peut prendre une tournure militaire.
Le déclic qui vous a fait écrire ce thriller ?
Le déclic c’est d’abord le pôle de technologie de Rhône-Alpes, notamment la biologie, les vaccins... Et l’autre déclic c’est le Brésil. J’avais vu plusieurs émissions sur le bioéthanol produit dans ce pays et je me suis dit que l’humanité sera peut-être obligée de choisir entre rouler et manger. Une idée complètement impensable il y a seulement 2 ou 3 ans.
Pourquoi une entreprise est au centre de votre livre ?
Parce que l’entreprise est le lieu où se construit l’avenir. Ce sont elles qui inventent le monde de demain. Surtout dans les domaines de l’écologie, des nouvelles technologies, de l’information et de son traitement. Et Lyon a toujours été en pointe. On peut par exemple rappeler les fameux métiers à tisser. Aujourd’hui Lyon a énormément de compétences. Mais on ne le fait pas forcement savoir. Quand on ne se les fait pas piquer !
Les entreprises lyonnaises, sont naïves ?
Oui, elles sont naïves. Mais ce n’est pas spécifique aux entreprises lyonnaises, c’est spécifique aux entreprises françaises. C’est un des messages que j’ai voulu faire passer dans ce livre. La France est un des pays les plus pillé au monde. On nous vole nos idées, nos compétences, nos cerveaux... Et c’est une des missions du gouvernement de les sensibiliser à leur protection. Il faut donc qu’elle soient bien informées sur le monde, leurs concurrents...
La sécurité des entreprises n’est pas assurée ?
Si mais de manière incomplète. Avec surtout des systèmes de barrages, de badges... tout cela à ses limites. En France on ne sait pas déposer des brevets à temps, on ne se soucie pas de protéger les données qu’on emmène à l’étranger. Ce qui peut permettre à d’autres personnes de rentrer dans des systèmes d’informations confidentiels.
Un exemple de pillage ?
Oui, et pas forcement dans un domaine de très haute technologie : la dentelle de Calais. Il y a 3 ans, les Chinois et les Japonais ont voulu s’emparer de ce savoir-faire plusieurs fois centenaires. Mais les administrations françaises ont réagi en interdisant aux 400 métiers à tisser qui sont au cœur du processus de fabrication de quitter le territoire. Ce qui a permis d’écarter le danger. Je n’ai pas d’exemple précis pour Rhône-Alpes mais on sait très bien que tout le savoir-faire dans le domaine des vaccins notamment intéresse beaucoup les entreprises étrangères.
Les entreprises françaises sont infiltrées ?
En tout cas elles sont attentivement étudiées et elles sont l’objet de convoitises, car elles sont créatives et inventives. Elles sont attentivement observées et parfois peut-être infiltrées. C’est vrai qu’il arrive que des stagiaires chinois soient un peu trop curieux...
C’est à l’Etat de protéger les entreprises ?
La solution idéale c’est que toutes les entreprises doivent assurer leur propre sécurité. Mais quand elles sont sur des secteurs stratégiques, elles doivent pouvoir compter sur l’aide des pouvoirs publics. Une bonne sécurité est partagée entrée privé et public. Surtout que c’est quand même à l’Etat de contrôler que les entreprises n’aillent pas trop loin.
L'entreprise qui contrôle la vie de ses salariés c’est l’avenir ?
C’est un risque. Et c’est à l’Etat et la démocratie de mettre des règles. Il faut qu’il y est dans chaque entreprise un correspondant à la protection des données individuelles. Il y en a environ 400 en France qui forment un nouveau métier : correspondant de la Commission nationale information et liberté. Leur mission est de veiller à ce que l’entreprise gère de manière éthique et convenable les informations sur les individus. Aussi bien celles sur les membres de l’entreprise que sur les clients, les fournisseurs ou des extérieurs.
C’est compatible avec la sécurité des entreprises ?
Absolument. Une entreprise a besoin d’avoir des informations sur un certain nombre de personnes. Mais il y a des limites. L’information est de plus en plus stratégique, c’est le cœur de la compétitivité internationale. Mais l’information est dangereuse. C’est quelque chose qui peut atteindre les libertés individuelles. Il faut donc en encadrer l’usage.

Propos recueillis par Laurent Sévenier
l.sevenier@lyonmag.com


Espion et écrivain
Né à Lyon en 1949 d’un père typographe, Bernard Besson vient de publie

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