Grenoble se met au vert

La mairie de Grenoble veut rénover la ville en créant des éco-quartiers. Interview de Philippe de Longevialle, adjoint à l’urbanisme.

Comment est née cette idée d’éco-quartiers ?
Philippe de Longevialle : La mairie a acheté en 2003 une ancienne caserne militaire de 8,5 hectares pour près de 9 millions d’euros, au sud de Grenoble. Et on a décidé en faire un éco-quartier, qui répond aux normes de haute qualité environnementale : moins de rejet de gaz à effet de serre, moins de pollution, limitation des dépenses d’énergie... D’autres quartiers 100% verts vont également voir le jour en périphérie de la ville, car on a besoin de s’étendre pour faire face au développement démographique. Et chaque fois, ils sont reliés au centre-ville par une ligne de tram.
Concrètement, à quoi ressemblent ces éco-quartiers ?
Ce sont de véritables mini-villes dans la ville. Exemple dans la ZAC de Bonne, au sud de Grenoble, on aura des immeubles d’habitation de 4 à 8 étages, une école de 15 classes, une maison de retraite, des logements étudiants, 1 500 m2 de commerces, un ou deux hôtels... Et bien sûr, tout sera construit aux normes HQE. Et sur les 8,5 hectares de la ZAC, 5 hectares seront consacrés aux espaces verts : des petits jardins au pied des immeubles avec en plus deux parcs publics. Cette ZAC sera terminée en 2012.
Et ces quartiers sont vraiment plus écologiques ?
L’objectif est d’avoir des logements qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. On veut notamment baisser de 20% les rejets de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, un bâtiment classique consomme 120 kilowatts d’énergie par m2 et par an alors que nos bâtiments visent  50 kilowatts.
Comment c’est possible ?
On essaie d’éviter au maximum les ponts thermiques, c’est-à-dire que la chaleur ou le froid s’échappent des immeubles. Du coup, on isole les bâtiments par l’extérieur en posant des panneaux sur les façades. Et on végétalise de plus en plus les murs, les terrasses ou les toits. Ce qui évite également les ponts thermiques tout en limitant le rejet de gaz à effet de serre. Et 50% des bâtiments vont également être équipés de panneaux photovoltaïques, ce qui va permettre de couvrir la moitié des besoins en eaux chaudes du quartier. Même le centre commercial comptera 1 000m2 de panneaux photovoltaïques.
D’autres innovations ?
On veut limiter la place des voitures dans ces quartiers. C’est pour ça que la ZAC de Bonne est située juste à côté du tram. On limite également le nombre de places de parking à l’intérieur de la ZAC. On a prévu 800 places pour 850 habitants, soit moins d’une place par personne alors que la moyenne dans les villes c’est 1,5 place de parking par habitant. Et toute la ZAC sera piétonne.
Mais ce sera un quartier réservé à une population plutôt privilégiée ?
Au contraire, on veut une vraie mixité sociale. D’ailleurs, on aura 35% de logements sociaux. Et on aidera ceux qui achètent pour la première fois leur logement à s’installer dans cet éco-quartier, avec des prix d’achat au m2 aux alentours de 2 500 euros. Mais il y aura évidement des accessions à la propriété libre, avec des prix plus élevés, qui pourront atteindre 5 000 euros le m2.
Le coût de ce projet ?
39 millions d’euros, financés en partie par la Metro, la communauté d’agglomération de Grenoble, et la Région. Mais Grenoble, comme Lyon, a été choisie dans le cadre d’un appel d’offres européen pour améliorer l’isolation des bâtiments et la consommation d’énergie. D’où une subvention européenne de 2,5 millions d’euros. Enfin, la revente des terrains aux promoteurs va nous permettre de faire rentrer pas mal d’argent dans les caisses de la municipalité pour financer ce projet.
C’est pas un peu gadget ces éco-quartiers, alors que le reste de la ville est loin d’être aux normes HQE ?
On ne peut pas raser toute la ville pour reconstruire des éco-quartiers partout à Grenoble. On a une démarche pragmatique en implantant ces quartiers dans certaines zones mal construites comme la cité Mistral, qui date des années 1950, avec de grandes barres d’immeubles de très mauvaise qualité. Pour ce mandat, on s’est fixé l’objectif de réaliser 750 logements neufs par an à Grenoble. Mais on devrait aussi en réhabiliter 1 000 par an.
Reconnaissez que c’est un joli coup de pub pour Grenoble !
Oui, je le reconnais et c’est positif car c’est ce genre de projet qui permet de faire évoluer les mentalités.
D’autres villes envisagent de réaliser des éco-quartiers ?
Oui, de nombreuses agglomérations françaises ont pris exemple sur Grenoble : Nantes, Ajaccio, Lyon avec par exemple le quartier du Confluent... Mais aussi Genève, Miskolc en Hongrie, Vatseliina en Estonie, Kaunas en Lituanie... Bref, Grenoble est à la pointe pour l’innovation environnementale et les économies d’énergie.

Propos recueillis par Nadège Michaudet

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