Vaulx-en-Velin : le planétarium au coeur d'un scandale ?

Vaulx-en-Velin : le planétarium au coeur d'un scandale ?

La justice lyonnaise soupçonne la mairie de Vaulx-en-Velin d’avoir favorisé une entreprise américaine en lui accordant la rénovation du planétarium. Un marché de 1,3 million d’euros. Enquête.

9 juin 2008, 9h du matin. Laurent Clamaron, élu d’opposition à Vaulx-en-Velin, est convoqué à la brigade financière de la PJ de Lyon. Et il tombe de haut. Car un enquêteur l’interroge alors sur le rôle qu’il aurait joué au sein de la commission d’appel d’offres des marchés publics de la ville de Vaulx-en-Velin qui a accordé la rénovation du planétarium à Evans, une société américaine, le 29 août 2005. Car son concurrent, RSA Cosmos, une PME de Sorbiers dans la Loire, estime avoir été écarté de ce marché à la suite de manipulations. Du coup, il a porté plainte contre X pour délit de favoritisme et le procureur de la République de Lyon a jugé l’affaire suffisamment solide pour ouvrir une information judiciaire confiée au juge d’instruction Philippe Brault.

Or, Laurent Clamaron a au contraire toujours combattu la politique du maire de Vaulx-en-Velin, Maurice Charrier. En particulier la construction de ce planétarium à Vaulx-en-Velin qui lui semblait être une opération de prestige très éloignée des besoins de la population de cette commune sensible de l’Est lyonnais. Ce qui ne va pas empêcher cet élu de se retrouver en garde à vue pendant une demi-journée Comme les autres membres de la commission d’appel d’offres qui, eux, font partie de la majorité municipale.
En fait, tout commence à la fin des années 1980 quand Maurice Charrier décide de faire évoluer l’image de sa commune surtout connue pour ses émeutes. Son idée : réaliser de grands aménagements qui attireront une clientèle venue de l’extérieur pour qu’on n’associe plus seulement l’image de Vaulx-en-Velin à la délinquance.

Un montage coûteux
Dans un premier temps, Maurice Charrier inaugure un mur d’escalade. Et ça marche. Mais pour la campagne des élections municipales de 1995, Maurice Charrier passe la vitesse supérieure en proposant la construction d’un planétarium. Budget : 11 millions de francs de l’époque, soit 1,7 million d’euros de l’époque. Aussitôt, l’opposition dénonce un projet “trop coûteux”. Mais cet élu atypique qui a pris ses distances avec le Parti communiste, qu’il juge trop doctrinaire, va être réélu. Il va même accepter de travailler comme vice-président à la communauté urbaine de Raymond Barre qui a accepté d’ouvrir son exécutif à l’opposition. Et la construction du planétarium est lancé. Et le succès est au rendez-vous avec 45 000 visiteurs par an en moyenne, ce qui correspond aux objectifs. Pour un budget annuel de 800 000 euros dont 70% sont assurés par la commune.
Mais déjà, les rumeurs commencent à courir. Car la municipalité a décidé de ne pas construire elle-même cet équipement mais de monter une société d’économie mixte, la SEMDEV, qui sera chargée de l’opération. Or, ce type de structure a été au cœur des scandales, notamment des affaires Carignon à Grenoble, car ces SEM qui relèvent du droit privé peuvent à l’époque permettre de contourner les règles des marchés publics qui s’imposent aux collectivités locales. Bref, de privilégier une entreprise amie. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car de nouvelles règles européennes plus strictes s’imposent aux SEM. A l’époque, certains élus affirment en coulisse qu’un des promoteurs qui ont travaillé sur ce chantier aurait décroché le marché du planétarium parce qu’il aurait participé au financement de la campagne de Maurice Charrier. Mais aujourd’hui, ce maire dément “formellement” tout financement politique dans cette opération.

En janvier 1998, c’est la chambre régionale des comptes, l’institution chargée de contrôler les comptes des collectivités locales, qui s’intéresse à la SEMDEV et “s’interroge sur l’intérêt que présentait ce montage pour la commune”. Mais le maire se défend, et finalement, la chambre régionale des comptes se contente de relever dans son rapport définitif un an plus tard que “ces opérations se sont avérées très coûteuses pour la commune” car la SEMDEV ayant acheté les terrains avant de les lui revendre, le contribuable a dû supporter en plus des frais financiers et divers honoraires supplémentaires. Mais Charrier justifie ce montage par la nécessité d’étaler cette dépense pour la commune en passant dans un premier temps par une SEM.

Rebondissant sur ce rapport, Laurent Clamaron, son opposant, va alors porter plainte mais le procureur de la République va classer l’affaire sans suite en 2000.
Jusqu’en 2004, le planétarium ne va donc faire parler de lui que pour ses manifestations autour des étoiles ou la venue de grands astrophysiciens comme le Canadien Hubert Reeves. Mais le digistar, le simulateur qui permet de reproduire la carte des étoiles sur le dôme, va se révéler rapidement obsolète. Du coup, pour maintenir sa fréquentation, la ville de Vaulx-en-Velin décide de le renouveler et donc de lancer un appel d’offres. Six candidats se déclarent dont deux candidats particulièrement sérieux, Evans, l’américain qui a déjà équipé le planétarium à son ouverture, et RSA Cosmos, une PME de la Loire installée à une quinzaine de kilomètres d’Andrézieux-Bouthéon, et qui est un des leaders de son secteur en Europe. C’est Robert Gea, un fidèle de Charrier, qui préside la commission d’appels d’offres. Il est entouré d’autres proches de Charrier, un PC, Jean-Pierre Brunel, et deux PS, René Beauverie et Armand Menzikian, qui, eux non plus, n’ont jamais contesté Charrier. Il faut dire que le PC et le PS se sont mis depuis longtemps d’accord pour laisser la mairie de Décines aux socialistes et celle de Vaulx-en-Velin aux communistes. Et l’UMP Laurent Clamaron est le seul élu d’opposition présent dans cette commission.

"Administratif"
Et c’est à nouveau Evans qui est retenu. Mais son principal concurrent, RSA Cosmos, a des doutes. Et il confie l’affaire à son avocat stéphanois, Me Albert Mousseghian, pour faire annuler le vote du conseil municipal qui a validé la décision de la commission d’appels d’offres accordant ce marché à Evans. Mais le tribunal administratif rejette une première fois sa demande. Du coup, la municipalité de Vaulx-en-Velin lance les travaux. Mais RSC Cosmos revient à la charge car elle estime avoir découvert une information qui remet en cause la passation de ce marché. A savoir que les services techniques de la ville aurait réa

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