Souris verte : des révélations étonnantes

Après deux ans d’enquête, la justice a découvert le professionnalisme étonnant d’un gang qui avait réussi à déjouer le système antivol qui tache les billets pour les rendre inutilisables.

Spectaculaire. L’interpellation en mars 2006 du gang de la Souris verte avait déjà été particulièrement mouvementée puisque les gendarmes l’avaient pris en chasse pendant plusieurs kilomètres, hélicoptère à l’appui. Une course-poursuite musclée avec des échanges de tirs, qui s’était achevée à Villefontaine, en Isère. D’ailleurs, le cerveau de la bande, Laurent Cocogne, 38 ans, en cavale depuis 10 ans, avait préféré se suicider plutôt que de se rendre. En se tirant une balle dans le cœur.
En deux ans, l’enquête, dirigée par la juge d’instruction lyonnaise Annick Corrona, a produit des résultats tout aussi spectaculaires. Car elle a permis de découvrir la personnalité de cette petite bande ultra-organisée. De plus, après la vingtaine de braquages qui ont été rapidement élucidés, les enquêteurs ont réalisé que la Souris verte avait commis toute une série d’autres braquages tout aussi surprenants. Ce qui promet un procès de plusieurs semaines, au printemps prochain, devant la cour d’assises de Lyon.

Professionnels
Au départ, ces braqueurs étaient soupçonnés d’avoir commis une série d’attaques de banques ou de convoyeurs de fonds dans la région lyonnaise entre 2003 et 2006, notamment à Villeurbanne, Bron, Meyzieu, Chassieu et Genas. Mais aussi dans la Drôme et en Ardèche. Mais ce qui avait frappé tout le monde à l’époque, c’est leur technique : ils embarquaient les valises Axytrans pourtant réputées inviolables, car ils avaient découvert comment neutraliser ce système qui, en cas d’attaque, imprègne les billets d’encre indélébile.
Le chef de cette bande, Laurent Cocogne, avait d’abord mis au point un dispositif électronique sophistiqué pour déjouer la temporisation installée sur ces valises qui déclenchent les jets d’encre au moindre retard des convoyeurs dans leur timing. Puis il avait fabriqué des serre-joints empêchant ces valises d’exploser en dispersant l’encre fatale. Enfin, il avait trouvé la solution en noyant ces billets dans de l’huile avant même qu’ils soient recouverts d’encre. Puis ils étaient lavés. D’où le surnom de “Souris verte” par référence à la fameuse chanson enfantine. Une technique très rentable même si elle ne marchait pas chaque fois. Exemple : sur un seul braquage comme à La Coucourde, dans la Drôme, en septembre 2004, le butin va s’élever à 700 000 euros !

Mais ce que vont découvrir les enquêteurs, c’est que ces braqueurs ont utilisé d’autres techniques tout aussi originales. En faisant preuve d’un sacré professionnalisme. Ils enfilaient des combinaisons bleues pour leurs braquages tout en se grimant le visage. Avec là aussi, un scénario bien rodé. Ils entraient de nuit par le toit des banques, sans déclencher l’alarme, ils restaient planqués dans le plafond jusqu’à l’arrivée du premier employé. Dès que celui-ci avait désactivé l’alarme, ils lui sautaient dessus, le neutralisaient et repartaient tranquillement par la porte. “Toujours calmes”, selon les témoins. Dans le même genre, ils s’étaient introduits dans une banque de La Côte-Saint-André en passant, de nuit, par une cave voisine. Puis ils avaient attendu sous le plancher que le premier employé arrive.
Une partie de la bande avait également attaqué, en septembre 2001, le centre de stockage de billets à Saint-Estève près de Perpignan, qu’ils défonceront à la pelleteuse. Tout en laissant sur place un système déclenchant un incendie pour protéger leur fuite et éliminer des indices. “Audacieux” selon les enquêteurs.

Milieu
Il faut dire que ce sont loin d’être des amateurs. D’ailleurs les enquêteurs vont avoir la surprise de découvrir le parcours de ces voyous. Laurent Cocogne, d’abord. En cavale depuis 1998 suite à une condamnation pour un trafic de drogue entre la France et l’Espagne, c’était en fait le fils d’André Pruteau, une figure du milieu lyonnais mis en cause dans plusieurs affaires de drogue. Une cavale très bien organisée entre Romans-sur-Isère où vivait sa femme et Tencé en Haute-Loire où ce braqueur athlétique et séduisant avait une maîtresse.
Circulant au volant de voitures ou de motos sportives, notamment un gros 4x4 UMM, il s’habillait en costumes de marque. Bref, ce braqueur menait grand train. Tout en préparant avec minutie ses coups. Il était, par exemple, capable de stopper un braquage dès qu’il était confronté à un risque imprévisible, car ses techniques imposaient une synchronisation parfaite.
D’ailleurs Cocogne repérait ses cibles avec des caméras miniatures planquées dans une simple montre. De plus, il n’utilisait pas de téléphone portable pour ne pas être repéré comme la plupart des petits délinquants et il achetait des voitures volées à des receleurs en les immatriculant en “doublette parfaite”, c’est-à-dire qu’il repérait, dans le quartier de la banque qu’il visait, une voiture identique pour reproduire sa plaque. Au cas où un témoin signalait des va-et-vient suspects à la police. De plus, il n’utilisait que des voitures banales.

Cocogne avait aussi multiplié les scénarios pour intercepter les convoyeurs de fonds avec un minimum de violence. Ainsi, ses complices ont à plusieurs fois installé de faux chantiers plusieurs heures avant le passage du fourgon, branchant même un feu tricolore mobile sur le réseau électrique. Et c’était aussi un expert en faux papiers puisque la police retrouvera à son domicile quatre ordinateurs et sept imprimantes qui lui ont permis de confectionner toute une série de faux papiers. Y compris un permis de pêche suisse ! Et il avait déniché un petit délinquant lui ressemblant pour utiliser son identité. D’ailleurs il préparait sans doute un nouveau coup audacieux puisqu’on retrouvera chez lui des fausses cartes de police mais aussi un véritable arsenal, des simples magnum aux pistolets mitrailleurs type Scorpion.
Les enquêteurs le soupçonnent même d’avoir commis en 2005 un coup assez étonnant au Lyon Vert où des braqueurs s’étaient discrètement introduit dans ce casino pour pirater le pneumatique remontant les billets des caisses jusqu’aux coffres. En coupant le tube pour détourner les cylindres remplis de billets, qu’ils vidaient avant de les remettre dans le circuit afin de ne pas déclencher l’alarme. En quelques minutes, 75 000 euros s’étaient envolés.

Ses complices ont également des

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