Saleté : "Souvent des incivilités"

Saleté : "Souvent des incivilités"
Bruno Coudret

Alors que beaucoup de Lyonnais se plaignent de la saleté de leur ville, Bruno Coudret, directeur de la propreté à la communauté urbaine, reconnaît certains problèmes. Mais il promet des changements pour 2008.

45% des Lyonnais qui estiment que la propreté est une priorité, ça vous étonne ?
Bruno Coudret : Oui, car Lyon n’est pas une ville sale. D’ailleurs, l’office de tourisme a réalisé un sondage en août dernier auprès des clients des grands hôtels de Lyon, qui souligne que 82% d’entre eux trouvent que Lyon est propre.
Pourtant les Lyonnais se plaignent souvent de la saleté des rues !

Le problème, c’est qu’il suffit de pas grand-chose pour créer un sentiment de saleté. Exemple : dès que les habitants voient une crotte de chien sur un trottoir, ils en déduisent que toute la ville est sale. Et il y a des dégradations qui renforcent ce sentiment, comme les poubelles brûlées, les murs tagués...
Mais avouez que certains quartiers sont vraiment sales !

Je reconnais qu’il y a quelques points noirs, comme les Terreaux, le Vieux-Lyon ou la gare de la Part-Dieu. Des quartiers très fréquentés, notamment la nuit, avec parfois des discothèques. Ce qui fait qu’on retrouve pas mal de bouteilles. Donc de nombreux déchets. Mais il ne faut pas généraliser.
Pourquoi vous n’intervenez pas dans ces quartiers difficiles ?

Parce qu’à partir de 19h30, on dispose seulement de six agents sur le terrain, contre 400 dans la journée. D’ailleurs on a le même problème le week-end et en particulier le dimanche.
D’autres problèmes ?

Oui, on peut être plus efficaces avec une meilleure coordination de nos interventions, car on utilise plusieurs prestataires pour vider les corbeilles, laver les sols, ramasser les feuilles... Bref, c’est un peu cloisonné ! Il suffit donc que le travail ne soit pas bien coordonné pour qu’on ait l’impression qu’une rue n’a pas été nettoyée.
Combien coûte le nettoyage des rues ?

On a un budget de 30 millions d’euros avec 1300 agents pour le nettoyage uniquement. En comptant le recyclage, la collecte et le tri sélectif, on atteint les 2 000 agents pour un budget de 90 millions d’euros.
Les solutions pour améliorer la propreté à Lyon ?

Notre objectif, c’est que dans chaque quartier, un seul organisme soit chargé du nettoyage. Mais on veut aussi devenir efficaces 7 jours sur 7, jusque tard le soir, vers 23h30. Voilà pourquoi on voudrait que des agents travaillent le soir et le week-end. Et on fera sans doute appel à des entreprises privées, qui sont plus flexibles pour les horaires que les services municipaux.
Des mesures déjà mises en place ?

Oui, depuis l’année dernière, on travaille avec Prop.Conseil une entreprise qui est chargée de nous indiquer quels sont les secteurs les plus sales dans l’agglomération, photographies à l’appui. On a donc fait un gros travail dans les 1er, 4e et 3e arrondissements. Et on est en train d’axer nos efforts sur le 6e. De plus, on essaie d’inculquer une culture du résultat aux fonctionnaires municipaux, notamment dans notre centre de formation qui a rouvert en septembre. Enfin, on contrôle désormais le nettoyage réalisé par les entreprises privées qui travaillent pour nous. Car elles aussi ont une obligation de résultat.
Comment vous contrôlez le travail de ces entreprises ?

Une fois par semaine, on inspecte par exemple les poubelles. Si sur 20 corbeilles il y en a deux qui débordent, on inflige une pénalité à l’entreprise concernée. Cette année, la sanction financière globale pour mauvais ramassage ou manquement aux règles de sécurité a été de 1,5 million d’euros. Et on peut très bien, dans certains cas, ne pas reconduire le marché avec l’entreprise qui n’a pas rempli son contrat.
D’autres contrôles ?

On fait très attention à l’absentéisme, qui est de 9% dans nos services. Même si on a réussi à le faire baisser de 4 points depuis 2003. D’ailleurs, dès qu’un agent multiplie les absences, on le convoque pour lui demander des explications. Et on met à sa disposition un psychologue et une assistante sociale.
C’est vraiment suffisant pour lutter contre l’absentéisme ?

Vous savez, certains métiers sont très physiques, en particulier la collecte d’ordures. Si on se rend compte qu’un agent n’est plus apte à exercer ce métier, on essaie de lui trouver un autre emploi dans le service de nettoyage.
Vos défis pour 2008 ?

On va continuer à sensibiliser les Lyonnais, car à l’origine de la saleté, il ne faut pas oublier qu’il y a souvent des incivilités, comme jeter un papier ou un mégot par terre. Voilà pourquoi on a lancé en juin 2007 la brigade de propreté, qui est très efficace. Puisque les seize agents ont un rôle de prévention, tout en ayant un pouvoir de sanction. En quatre mois, ils avaient déjà distribué 483 PV ! Mais on va également mettre en place un numéro unique qui recueillera les réclamations des Lyonnais sur la saleté. Et nous allons renforcer le tri sélectif en faisant passer de 17 à 22 le nombre de déchetteries.

Des photos pour être plus propres
Créée en 2002 à Vienne, Prop.Conseil travaille avec la Courly et la ville de Lyon, depuis un an, pour que le nettoyage des rues soit plus efficace. En déterminant notamment, chaque mois, les secteurs les plus sales. Six arrondissements sont aujourd’hui ciblés : le 6e, le 5e, le 4e, le 3e et le 1er, soit au total de 140 rues ! Trente points sont répertoriés, comme les crottes de chien ou la dégradation des poubelles. Ce qui permet d’attribuer une note, qui est transmise au bureau propreté. Des photos sont également jointes au rapport. Ce qui permet de définir des priorités. Dirigé par Christian Renard, Prop.Conseil, qui travaille aussi pour les villes de Bourg-en-Bresse, Chambéry et Annecy, est un cabinet qui a réalisé un chiffre d’affaires de 181 000 euros l’année dernière, avec deux salariés.

Les rues les plus sales de Lyon
Selon les services municipaux, les rues les plus sales de Lyon sont la rue de la République, la rue Edouard-Herriot, et la place Bellecour. Mais aussi la rue Saint-Jean dans le Vieux-Lyon. Mais également le secteur de la gare de la Part-Dieu et des Berges du Rhône. Ce qui correspond aux rues les plus fréquentées de Lyon. Des rues qui exigent un passage des services de nettoyage deux fois par jour, six jours par semaine, et une fois le dimanche matin. Soit 13 interventions hebdomadaires.

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3 commentaires
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sthv le 05/01/2018 à 10:18

Les mégots envahissent les trottoirs, les rues ,les terrasses de café et les devant de magasins...Les papiers et les canettes sont aussi de la partie...

Aucune prévention pour inciter à utiliser les cendriers ... Où sont les agents de propreté ? Ils se promènent avec le portable à l'oreille et la cigarette à la main...

Si la ville ne prend pas de sanction , il existe des aspirateurs à mégots pour faciliter le ramassage (voir la ville de Toulon )

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zeus. le 14/08/2016 à 19:04
mars a écrit le 14/08/2016 à 16h09

Lyon ville sale et c'est une honte pour le tourisme... Qu'en pense Mr Gérard Collomb ?

l'article a mis 8 ans pour arriver jusqu'a Mars ?

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mars le 14/08/2016 à 16:09

Lyon ville sale et c'est une honte pour le tourisme... Qu'en pense Mr Gérard Collomb ?

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