Son décès a marqué les Lyonnais. Mais il n’y avait pourtant qu’un peu plus de 200 curieux sur la place Saint-Jean pour ses obsèques le 29 novembre. Gérard Collomb s’était logiquement retiré de la vie publique depuis un peu plus d’un an et l’annonce de son cancer de l’estomac. C’est aussi oublier qu’il avait été battu à plates coutures par les écologistes, d’abord parce que les électeurs réclamaient du changement, mais aussi parce que son alliance avec les Républicains avait été mal comprise.
Dans l’opposition entre 2020 et 2022, il a pris des coups en tentant un peu seul de défendre son bilan attaqué virulemment par les écologistes. Face à la vague de commentaires positifs suite à sa mort, ces derniers ont bien été obligés de faire volte-face. "Les hommages rendus à Gérard Collomb ont marqué Grégory Doucet, nous glisse un pensionnaire de l’Hôtel de Ville. Ça en a même surpris quelques-uns chez les Verts, qui ont passé deux ans à lui taper dessus et à en faire le responsable de tous les maux actuels de Lyon. Doucet a compris qu’il était aujourd’hui à des années-lumière de pouvoir prétendre à une telle reconnaissance populaire et politique".
Gérard Collomb a démarré sa carrière politique en même temps que Michel Noir, faisant son entrée au conseil municipal en 1977. Il aura fallu plus de vingt ans à l’éternel loser à moustache socialiste pour conquérir la Ville. Alors maire du 9e arrondissement depuis un mandat, il profite du partage des voix et du déchirement de la droite pour prendre la suite de Raymond Barre, qui n’a pas souhaité aller au-delà de son sextennat de premier magistrat.
Sa première grande victoire, c’est de faire entrer en force la gauche au conseil municipal, avec une large ouverture allant du PCF aux socialistes, avec des écologistes. Il récupère alors une Ville qui pique un somme, très loin de jouer dans la même cour que les autres grandes villes européennes.
Ce premier mandat sera marqué par deux réussites qui rythment encore aujourd’hui le quotidien de milliers de Lyonnais : les Berges du Rhône et le vélo en libre-service, Vélo’V. La première fut un marqueur fort, le premier véritablement en défaveur de la voiture en centre-ville pour rendre des espaces aux piétons et cyclistes. Avec 20 ans d’avance sur les écologistes qui pensent aujourd’hui avoir tout inventé.
Quant au Vélo’V, c’est le premier deal d’une longue série parfois opaque passé avec JC Decaux, qui poussera l’opérateur à reproduire cette réussite partout en France. Sans oublier la Fête des Lumières
dans sa configuration actuelle, avec Jean-François Zurawik à la baguette mais le feu vert obligatoire de Gérard Collomb pour n’importe quelle illumination.
Il a aussi tôt fait d’adopter la méthode Noir plutôt que Barre et fait exploser les budgets communication de la Ville et du Grand Lyon pour informer les habitants sur ses projets. Facilement réélu face à un Dominique Perben déconnecté de la réalité lyonnaise, Gérard Collomb passera durant son deuxième mandat à la vitesse supérieure et lancera de grands chantiers à l’échelle de quartiers. La Duchère, le Carré de Soie, la Part-Dieu avec les tours Oxygène et Incity qui dessinent la skyline et évidemment la Confluence, avec ses grands ratés encore visibles aujourd’hui, mais qui n’était encore qu’un vaste bac à sable il y a 15 ans.
Il aide aussi activement son ami Jean-Michel Aulas dans son projet pharaonique de déménagement au Montout, à Décines. La note pour le contribuable est lourde avec tous les accès construits et les expropriations marquantes. Alors sénateur- maire, il décide de racheter la caserne du sergent Blandan dans le 7e pour doter Lyon d’un nouveau parc de 17 hectares. Le château de la Motte, qui devait passer dans le privé, attend toujours son heure, lâchement abandonné par les Verts.
Gérard Collomb, c’est également une fascination répétée pour des territoires. Si Louis Pradel lorgnait de l’autre côté de l’Atlantique, lui adore Barcelone qu’il citait presque systématiquement lorsqu’il évoquait ses ambitions internationales pour Lyon. Mais aussi Dubaï et les émiratis, chez qui il s’est rendu à plusieurs reprises pour former des partenariats, notamment avec l’emlyon ou l’Institut Bocuse. Sans état d’âme, il a vendu à des fonds étrangers une grande partie de la rue de la République, ainsi que le quartier Grolée.
Ce dernier avait d’ailleurs été renommé en « impasse Collomb » par la droite lyonnaise avant les municipales de 2014, tant il paraissait incroyable d’arriver à échouer à faire d’un axe de Presqu’île parallèle à la rue de la Ré une rue fantôme. Sans oublier l’Hôtel-Dieu, cédé au privé pour un résultat assez mitigé, voire catastrophique, avec en prime la honte ultime liée à la perte de la Cité internationale de la Gastronomie, finalement accordée à tous les participants après que le maire a menacé le jury.
Le troisième mandat est raté. Gérard Collomb traîne au pied son boulet du métro E jusqu’à Tassin, un projet sorti de son chapeau à la dernière minute en 2014 et pour lequel il n’a jamais mis les bouchées doubles. Il obtient certes le déclassement de l’A6/A7 dans Lyon, devenues M6/M7, mais en l’absence de contournement, le trafic est resté inchangé. Et ce n’est pas en promettant l’Anneau des Sciences en 2020 qu’il allait remporter le scrutin, bien au contraire !
Gérard Collomb était un homme de réseaux. Celui de la franc-maçonnerie évidemment, mais aussi d’un système qui permettait, toujours aux mêmes, de s’enrichir car le boulot était bien fait selon le baron lyonnais.
Malgré sa disparition et celle de Jean-Yves Sécheresse, la justice enquête toujours sur leurs liens avec Vinci. Il a également souvent laissé carte blanche à Olivier Ginon (GL Events) et Jean-Christophe Larose (promoteur Cardinal). Vincent Carry a été son monsieur Culture, avec le lancement des Nuits Sonores, et le développement d’une nouvelle offre nocturne à la Confluence
Incapable de désigner un dauphin, tentant systématiquement de tuer tous ceux qu’il lançait dans le grand bain et qui prenait de l’envergure, se fâchant avec tous ses alliés, Gérard Collomb a payé son caractère parfois paranoïaque, excité par un entourage bien souvent toxique.
Verdict
"Maire-bâtisseur", il a effectivement transformé le visage de nombreux quartiers à travers l’agglomération. Il a ainsi fait changer la population en attirant notamment des Parisiens. Ces mêmes "nouveaux Lyonnais" qui l’ont fait dégager du pouvoir. Gérard Collomb aurait probablement gagné à préparer sa succession, après deux mandats réussis, pour ne pas tout gâcher. Car une chose est presque sûre, s’il était toujours de ce monde, il aurait eu 2026 en ligne de mire…
en celà il incarnait à merveille l esprit lyonnais
Signaler RépondreLes seuls menteurs de l'histoire sont ceux qui veulent nous faire croire que Lyon est toujours du pipi de chat à l'echelle européeene et qui refusent de reconnaître que Lyon d'aujourd'hui et d'il y a 25 ans n'a rien à voir (en même temps ils n'étaient sûrement même pas là, et ils l'ouvrent !). Oui 25 ans ce n'est rien, on ne parle pas d'un humain mais d'une ville.
Signaler RépondreLyon ne s'est pas développé à une vitesse folle comme veulent le faire croire des personnes qui limitent les perspectives : les élus actuels, ceux qui veulent une ville recroquevillée sur elle-même.
Signaler RépondreQui parle de décroissance ? Vouloir une croissance locale, une croissance par des lyonnais pour servir des lyonnais et non l'Europe où l'on ne sait qui.
Signaler RépondreUn développement trop rapide créé de l'inégalité et donc la création de nouveau ghetto. C'est du vu et revu à travers l'Histoire et le monde. Je n'invente rien, personne ne peux nier qu'on vit exactement cela en ce moment même à Lyon. Et non les ghettos ne viennent pas de piste cyclable ou de réduction de voie sur le pont Morand. Et bien sûr que tout cela à commencer durant les mandats précédents. La pauvreté n'a pas subitement apparu à Lyon en 2020...
C'est bien de se développer, mais il faut le faire à vitesse convenable. Lyon n'est pas une ville extensible, elle a des frontières, (ses voisins ne la suivent absolument pas économiquement et attire toute cette misère également) et c'est en train de devenir n'importe quoi. Manque d'espace, les promoteurs locaux rachètent en masse tout ce qui est rachetable avec leur budget, parking etc, pour en faire des logements en plus et des bureaux... Mais même ça ça ne va pas assez vite. Au final Lyon est une ville d'eternele travaux et ce sont les habitants qui trinquent.
Vouloir la prospérité et le développement d'une ville c'est n'est pas aller contre la qualité de vie bien au contraire, l'un n'empêche pas l'autre et ne s'oppose pas, quelle idée ?
Signaler RépondreJe sais que certains enfermés dans l'idéologie veulent le faire croire en l'opposant de façon binaire et factice mais viser la stagnation, limiter les perspective voire viser la décroissance....cela apporte quoi aux citadins ?
D'ailleurs ceux qui proposent (ou veulent imposer) ce modèle de décroissance ou de stagnation devraient écouter davantage les citoyens qui demandent plus de sécurité, plus de propreté, moins d'embouteillages, plus d'écoute...
De toute manière, Lyon n'était pas une ville champignon pendant les mandats précédents, il y avait un équilibre.
C'est bien d'être une grande ville influente dans le monde. Mais peut-être aussi qu'avant d'être une grande métropole européenne il faudrait penser à ce que veulent les habitants et à leur bonheur ?
Signaler RépondreCa fait des années que la satisfaction à Lyon diminue, en cause. Son influence justement qui fait que Lyon n'est plus vraiment Lyon, Lyon est plus occupé par les banlieusards et campagnards que par les lyonnais eux-même qui n'ont même plus de place.
Sans parler des logements fantômes à disposition du tourisme.
Alors être une grande ville riche et influente, oui, mais faisons le bien avec équilibre.
Le Maire de Lyon avec un grand M, assurément le meilleur…avec M Noir.
Signaler RépondreMaintenant avec bonne ou mauvaise foi, on peut parfaitement être contre …
Lyon a une histoire et une place en Europe, Collomb voulait refaire de Lyon une grande métropole européenne. "Grande métropole régionale" c'est un oxymore typique qui incarne la vision du "développement" de cette France jacobine qui a déclassé Lyon, le maire actuel est dans cette vision limitée et petits bras pour Lyon (s'il a une vision pour Lyon...).
Signaler RépondreContrairement à ce qui sert de maire actuellement, que ce soit Collomb ou ses prédécesseurs, tous passent pour des maires passionnés et impliqués pour Lyon, des maires qui apportaient des perspectives et de l'ambition pour Lyon.
Signaler RépondreGérard Collomb a programmé de grands projets dans ses campagnes électorales sans jamais les réaliser.
Signaler RépondreEn 2001, alors que les candidats Millon et Mercier promettaient le bouclage du périphérique, mais avec péage, Gérard Collomb surenchérissait en l’annonçant gratuit.
Le 5ème arrondissement, le plus concerné, lui a donné la victoire.
Lors des municipales de 2014, alors que son opposant, Michel Havard, programmait un mètro de St Paul à Part Dieu (les techniciens lui ayant expliqué qu‘un accès au 5è ètait techniquement impossible) Gèrard Collomb surenchèrissait en annonçant un mètro traversant dans le 5ème, rejoignant Bellecour.
Michel Havard a perdu le 5ème qui était son fief électoral.
Deux grands projets structurants pour l’agglomèration lyonnaise n’ont pas été réalisés mais les promesses à leur sujet ont peut-être bien aidé Collomb.
Candidat socialiste, il a également un peu trompé ses èlecteurs de base car il s’est fait élire sur des programmes très dèmagogues pour ensuite copiner avec les chefs d’entreprise, au bènèfice de Lyon, et profitant des voix de droite.
Gèrard Collomb a été un homme ambigu qui a utilisé toutes les ficelles pour se faire èlire, qui a terminé le travail engagé par ses prédécesseurs, qui a modernisé la ville en ratant complètement ce qui aurait pu la transformer en grande métropole règionale, à savoir les infrastructures routières et une grande ligne de mètro.
Vous avez peut-être préféré M. Noir, Barre ?
Signaler RépondreNon, la ligne T3 n'est pas oubliée par les gens actuellement aux manettes :
Signaler RépondreIls envisagent de la prolonger, et d'augmenter la longueur des rames (donc leur capacité)
Un TRES GROS OUBLI dans les réalisations du 1er mandat de Gégé et de son équipe...
Signaler RépondreIl existait en 2001 une ligne de train à l abandon depuis des décennies qui serpentant dans le 3eme arrondissement, et aux confins de Villeurbanne.... LA LIGNE DE L EST !
Elle est devenue ligne de tram jusqu à Decines + ligne de desserte directe entre la gare de la Part Dieu et l Aéroport Saint Exupery....et à facilité les déplacements de milliers de Lyonnais , d habitants de Villeurbanne, de Decines, de Meyzieu et de simples touristes.
Réalisation tellement entrée dans notre vie de tous les jours, qu elle est oubliée dans l article, comme par les écologistes actuellement aux manettes.
Lyonmag écrit :
Signaler Répondre"Le troisième mandat est raté. Gérard Collomb traîne au pied son boulet du métro E jusqu’à Tassin, un projet sorti de son chapeau à la dernière minute en 2014 et pour lequel il n’a jamais mis les bouchées doubles. Il obtient certes le déclassement de l’A6/A7 dans Lyon, devenues M6/M7, mais en l’absence de contournement, le trafic est resté inchangé.
Et ce n’est pas en promettant l’Anneau des Sciences en 2020 qu’il allait remporter le scrutin, bien au contraire !"
C'est parfaitement analysé.
N'importe quoi.. les écolos sont les enfants de Gérard Collomb
Signaler RépondreM. Collomb c'est les origines du vélo à Lyon et de la destruction de parking au profit de pietonnisation.
Signaler RépondreEn somme, tout ce que vante aujourd'hui les nostalgiques de Collomb.
L'avantage avec la mairie actuelle c'est qu'elle perpétue son œuvre, elle prend tout le positif de Collomb sans le négatif.
QQ corrections utiles je pense.
Signaler RépondreLes berges du Rhône ont été réalisées sous Collomb, mais les plans et le principe avaient été validés avant lui.
Vous avez également oublié une réalisation importante, la création de la Métropole de Lyon il y a bientôt 10 ans, fusionnant Communauté urbaine et département du Rhône sur le territoire lyonnais. Pour le coup, c'est largement attribuable a Gérard Collomb.
Pour le reste, assez d'accord avec vous. La ville de Lyon a beaucoup évolué pendant ces 20 ans (Kepenekian, ça compte pas), au prix d'un copinage certain, d'une autocratie jalouse et de quelques bidouillages malheureux (métro e en longue gestation, pots de fleurs sur les routes, pas de décision sur le contournement). J'observe aussi que plusieurs initiatives de Collomb ont omis l'aspect sécuritaire (berges du Rhône et de Saône pour en témoigner), la fête des lumières également témoignant d'une folie des grandeurs par toujours au bénéfice des lyonnais.
Le Pire de tous les Maires de Lyon il a massacré cette ville même dans les libertés individuelles
Signaler RépondreQui restera à coup sûr dans les mémoires comme le plus petit maire de Lyon.
Signaler Répondre...... le pouvoir use ..... et il est devenu baronnet dictateur !
Signaler RépondreN'en déplaise à certains, il n'aura laissé que les entourloupes et ses connivences avec ses amis business-mens et politiques de tous bords, juste pour se garantir le pouvoir du siège !
Lyon était devenu ville de bobos conservateurs purs et durs.
Et un dictateur se croit toujours invincible et immortel, oubliant les affres de la vie.
Formule un peu lapidaire, comme nombre de politiques en ont le secret... Le vrai bilan de Collomb étant sensiblement plus nuancé, ne déplaise à ses adorateurs.
Signaler RépondreGérard c'était juste le meilleur maire de Lyon! N'en déplaise aux pisse froid, il a tellement fait pour la ville en 20ans, en un mandat les écologistes eux ont presque détruit la ville.
Signaler Répondre2026, l'oxygène pour horizon !
Signaler RépondreLors de la messe d'enterrement, Edouard Philippe a bien résumé: "Gerard Collomb c'était Lyon et Lyon c'est quelque chose"
Signaler RépondreEn passant par Venissieux, ne manquez pas de visiter la Mosquée municipale.
Signaler Répondrehttps://www.lejdd.fr/societe/pres-de-lyon-des-elus-de-droite-agaces-par-la-presence-dune-mosquee-dans-un-batiment-municipal-142392
Un bilan effectivement mitigé, certaines réalisations d'envergure menées à bien, mais aussi un égo démesuré et un affairisme certain... La gestion était encore digne de ce nom, on a vu ce que c'est devenu depuis... Bref!
Signaler RépondreL'arriver des réseaux opaques et les chantiers pharaoniques, le point de bascule d'une époque vers un autre monde et l'arrivée d'internet dans la vie sociale . Le début de l'obscurcissement de la vie des lyonnais .
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