Ce que vous pensez de ces choix ?
Mathieu Barbier : Je suis plus satisfait du Renaudot que du Goncourt. Car notre librairie s’appelle au “Bonheur des ogres”, du titre d’un roman de Pennac en 1985 ! Du coup, on soutenait à fond Pennac. En installant une table spéciale Daniel Pennac pour présenter ses livres et mettre en avant “Chagrin d'école”.
Pourquoi Pennac mérite ce prix ?
Parce que c’est un grand auteur qui est tout public. Dans “Chagrins d'école”, il raconte ses souvenirs douloureux de l’école, où c’était un véritable cancre. Tout en apportant une réflexion sur les méthodes d’enseignement et le dysfonctionnement du système scolaire français.
Et pour le Goncourt ?
Je suis plus déçu car j’étais quasiment sûr que le prix serait attribué à Claudel pour “Le rapport de Brodeck”, un texte vraiment touchant sur les rapports humains qui ne laisse personne indifférent. Alors que le roman de Leroy est plus intimiste et moins accessible. C’est l’histoire d’une femme qui se bat pour exister autrement qu’à travers la réussite de son mari, qui est écrivain.
Avoir un prix littéraire, ça dope les ventes ?
Non pas toujours. L’année dernière, Sorj Chalandon a eu le prix Médicis pour “Une promesse” mais ça n’a pas été un succès au niveau des ventes, à Lyon en tout cas. Mais “Les Bienveillantes” de Jonathan Littell a super bien marché malgré ses 900 pages.
Ces prix ont toujours une valeur aujourd’hui ?
Il faut voir qui les décerne. Cette année, les prix ont été attribués par des grands noms de la littérature dont Semprun. Le problème, c’est la multiplication des prix littéraires, dont certains quasi inconnus, car décrédibilise l’ensemble. Mais pas de souci pour le Goncourt qui reste le prix le plus attendu de l’année.