Beaujolais :"Le contribuable paye pour les mauvais !"

L’Etat a débloqué une nouvelle subvention de 240 000 euros pour aider les viticulteurs du Beaujolais en difficultés, soit 40 exploitations qui vont recevoir chacune 6 000 euros. Selon le préfet, cette aide devrait leurs permettre de se réorganiser. Mais il attend aussi que les syndicats viticoles lui proposent de nouvelles orientations pour sortir de la crise d’ici mars 2008. Réaction de Michel Bettane, auteur du “Grand guide des vins Français”.

Les subventions, c’est la meilleure solution pour aider le beaujolais ?
Michel Bettane : C’est un acte de charité qui peut aider certains à survivre quelques mois. Mais ce n’est pas à coup de subventions qu’on va changer les choses. Ça veut dire qu’encore une fois la collectivité paye pour les mauvais. J’espère juste que ces aides sont intelligemment distribuées à ceux qui en ont le plus besoin. Et pas aux copains politiques. Mais on ne pourra pas demander indéfiniment aux contribuables de payer.
Que peut faire l’Etat ?
Rien. A part donner de l’argent ! Car c’est à la profession de se mobiliser. Il faut que les producteurs et les négociants se mettent autour d’une table pour établir un diagnostic de la situation, qui est loin d’être brillante. Si le consommateur boude le beaujolais, on ne va pas le forcer à en acheter !
Mais les viticulteurs du Beaujolais estiment être victime d’une crise mondiale ?
Cela n’empêche qu’ils peuvent trouver des solutions comme les viticulteurs de la Champagne qui se sont totalement remis en question.
Qu’est-ce que vous préconisez ?
Il faut surtout changer les mentalités. Les vignerons se sont mis collectivement dans la galère car ils ont produit un vin populaire qui se vendait bien à une époque. Ils ont donc connu la prospérité. Mais ils n’ont pas compris que la clientèle évoluait et exigeait dorénavant davantage de qualité. Au fond, ils n’ont jamais été vraiment soucieux du public. Pour retrouver les parts de marché perdues, ils doivent retrouver de la crédibilité.
Des exemples de mesure ?
Revoir les textes qui définissent les appellations d’origines contrôlées pour leur donner les moyens d’innover. Mais aussi, une fois que tous ces efforts auront été entrepris, communiquer intelligemment pour montrer la diversité de la production beaujolaise et sa qualité. Car certains vignerons font très bien leur travail.
Comment vous voyer l’avenir du beaujolais ?
Il faut moderniser l’image de marque du beaujolais. Car les jeunes trouvent ça ringard et l’élite pas assez classe. Ce qui passe par des réformes de fond et une communication intelligente. S’ils ne se ressaisissent pas, ils peuvent encore s’en sortir.

Michel Bettane et Thierry Desseauve : “Grand guide des vins Français”, éditions Minerva, 1 183 p

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