Hôpital fermé : "Ne pas être pervers avec les pervers"

Nicolas Sarkozy a annoncé l’ouverture à Lyon d’un hôpital fermé pour pédophiles en 2009. Les précisions du Dr Lamothe, chef du service médico-psychologique régional de Lyon.

Vous êtes pour cet hôpital fermé ?
Pierre Lamothe : Oui, à condition qu’on ne présente pas cet hôpital comme une deuxième prison. Il faut donc que cette structure d’une quarantaine de lits soit réservée à des gens qui ont déjà purgé leur peine de prison, mais qui ont encore besoin de soins. A condition aussi que ce diagnostic soit réalisé par un collège de médecins, et non pas par un juge.
Un médecin peut déterminer de façon fiable si un pédophile peut ou non récidiver ?
Non, personne ne peut garantir qu’un pédophile ne va pas récidiver. C’est un risque avec lequel la société doit accepter de vivre.
Alors à quoi va servir cette hospitalisation ?
Il ne faut pas croire qu’on va enfermer à vie les délinquants sexuels dans cet hôpital, ça serait une folie. Au contraire, l’objectif c’est le retour à une vie normale. Pour cela, il faut une séparation claire des pouvoirs médicaux et judiciaires. Et pour éviter tout arbitraire, il faut permettre un recours. Le patient doit pouvoir faire appel avec un avocat de la décision de l’hospitaliser.
On peut obliger un pédophile à se soigner ?
On peut l’inciter. Mais cette prescription de soins ne peut pas être assimilée à une peine. D’ailleurs, ça ne peut marcher que si le malade a la volonté de se soigner. En plus, l’expression “pédophiles” est aussi ambiguë. Là, on parle bien des grands prédateurs sexuels qui mettent en danger la vie des enfants. Ce qui est assez rare.
Et la proposition de rendre obligatoire la castration chimique ?
Ce sont des bêtises. Tout le monde perd la tête dès qu’on parle de délinquants sexuels ! En France, on a déjà les peines sévères d’Europe pour les délinquants sexuels. Dire aujourd’hui que ces détenus n’auront pas le droit à une réduction de peine, c’est monstrueux. Car les détenus doivent être égaux. Si on se passait du consentement de certains pour les soigner et si on les stigmatisait en leur collant une étiquette de monstre, ce serait une solution perverse. La société ne doit pas être perverse avec les pervers.
La solution ?
Le problème, c’est que les autorités pensent qu’ils ne sont pas dangereux tant qu’ils sont enfermés. Mais c’est idiot de laisser des gens en prison pendant 20 ans sans leur offrir de vrais soins. Et de vouloir tout à coup les soigner quand on les libère. Le problème, c’est qu’en France on n’a pas la culture de la semi-liberté.

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