Procès : Eric de Montgolfier se défend d'avoir maintenu un voleur en détention arbitraire

"Je n'irais pas engager mon honneur et ma réputation pour un truc comme ça" : le procureur de la République de Nice Eric de Montgolfier s'est défendu mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon d'avoir maintenu un voleur de bijoux en détention arbitraire. "M. Herrina n'en valait pas la peine", a déclaré le magistrat, poursuivi au côté de l'ancien directeur de la maison d'arrêt de Nice, Christian Chambrin, pour "atteinte à la liberté individuelle".

Ce dernier a confirmé à l'audience avoir gardé Jean Herrina en prison sur ordre téléphonique du procureur, malgré une ordonnance de remise en liberté en date du 13 janvier 2003. Mais Eric de Montgolfier a indiqué ne pas se souvenir d'avoir reçu un appel de Christian Chambrin, ajoutant: "ça ne me ressemble pas de donner un ordre verbal sans avoir le dossier sous les yeux".

Jean Herrina, dit "Le Sultan" car il se présentait comme un prince arabe dans des bijouteries de luxe du monde entier où il dérobait bagues, montres et diamants, avait été arrêté en septembre 2002, et placé en détention. Le 13 janvier 2003, un juge des libertés avait rendu une ordonnance de mise en liberté, considérant que le casier judiciaire et la peine encourue par Jean Herrina ne justifiaient pas la prolongation de sa détention provisoire. Eric de Montgolfier avait estimé lors de l'instruction que le maintien en détention de Jean Herrina entre le 13 janvier et le 17 janvier était discutable.

Le 17 janvier, une instruction judiciaire distincte était ouverte pour un vol de deux bagues en diamants à Hong Kong, pour lequel Jean Herrina faisait l'objet d'une nouvelle mise en examen, permettant ainsi son maintien en détention. Qualifiant cette seconde instruction judiciaire de "repêchage", Eric de Montgolfier a indiqué qu'il ne se souvenait pas y avoir participé. "Ce qui me gêne beaucoup dans ce dossier, c'est le lien fait entre le repêchage de Hong Kong et cette erreur de droit ayant consisté à maintenir Herrina en détention".

L'audience a été marquée par de vifs échanges entre Eric de Montgolfier et Thierry Herzog, l'avocat de la fille de Jean Herrina, Yamina, partie civile, ce dernier considérant que le procureur de la République de Nice est en partie responsable de la mort de son père, qui s'est suicidé dans sa cellule en mars 2007.

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