Friche RVI : les riverains ne transigeront pas sur la date de départ des artistes

Friche RVI : les riverains ne transigeront pas sur la date de départ des artistes

Ils n’en peuvent plus ! Certains riverains du site de l’avenue Lacassagne, désormais réunis en collectif anti-friche RVI, ne tolèrent plus les débordements des frichards. A travers leur initiative, ils réclament l’effectivité du départ des artistes au 31 juillet 2010, date à laquelle la Ville de Lyon a prévu la fermeture du site. Selon un représentant du collectif, que Lyon Mag a pu joindre, le dernier festival « Sortie d’usine 2 » a marqué unilatéralement le divorce entre le voisinage et les artistes. Retour sur un épisode cacophonique, symptomatique d’une cohabitation souvent laborieuse.

Lyon Mag : Comment s’est passé, pour les riverains, le festival « Sortie d’usine 2 » qui s’est tenu à la Friche du 15 au 18 juillet ?
Collectif anti-friche RVI:
Très mal. Nous avons appris l’existence de ce festival par voie de presse la veille au soir. La Friche doit fermer ses portes le 31 juillet, d’où notre surprise. Nous ne pensions pas que nous aurions à nouveau des soucis avant cette date. Nous en avions déjà eu l’année dernière. A l’époque, on nous avait annoncé que la Friche serait évacuée au 31 décembre 2009, ce qui n’a pas été le cas. Pour « Sortie d’usine 2 », nous étions censé être préservés du bruit, comme l’annonçait le flyer. Les enceintes étaient disposées sous un abri non-fermé, ouvert directement au-dessus des toits. Les riverains des deuxièmes étages et des suivants en ont donc profité malgré eux.

Pourtant, le flyer des frichards annonçait la fin des concerts en extérieur à partir de 23h ?
Certes, il y a eu une baisse du son à partir de 23h certains soirs. Il y avait par contre entre 700 et 1 000 personnes par jour. Entre les gens qui sortent dans les rues et ceux qui sont surexcités, le bruit continue malheureusement.

Avez-vous pu faire constater pendant le festival ces nuisances ?

Une élue de la mairie est passé dans l’immeuble, et a constaté par elle-même, aux alentours de 22h, que le niveau sonore n’était pas vivable. Elle a essayé de se renseigner pour savoir quels étaient nos recours. Nous avons appelé la Préfecture et le commissariat de Police. On nous a assuré que le nécessaire serait fait pour que cela ne se reproduise pas les trois jours suivants. Cela n’a abouti sur rien, puisque le festival a continué jusqu’à son terme.

Vous êtes-vous déplacés personnellement ? Que vous disent les frichards dans le face à face ?
On ne risque pas d’y aller, c’est une zone de non-droit. En plus, pour le festival, l’entrée était payante. Nous n’allions pas non plus payer pour aller voir de plus près ce qu’il s’y passait. C’est une zone tellement peu sécurisée que nous n’avons aucune envie de descendre pour aller parlementer. Ils savent qu’ils dérangent et, a priori, c’est un dialogue de sourd.

Avez-vous tenté auparavant des conciliations ?

L’année dernière, sur les quinze premiers jours de juillet, a été installé un théâtre extérieur sur le site. Il y avait à peu près les mêmes nuisances. Nous sommes descendus leur parler, et ils ont acceptés de baisser légèrement le volume. Etait-ce réellement des gens de la Friche ou des personnes qui ont eu accès au site pour monter cet évènement, je ne le sais pas. Nous avons pu, spécifiquement pour cette occasion, trouver un terrain d’entente.

Y a-t-il d’autres problèmes que les nuisances sonores ?
A cause de cette Friche, le quartier devient complètement insalubre. Les bouches d’eau qui servent à nettoyer les rues sont monopolisées par la Friche. La Ville ne peut plus nettoyer, nous avons des courriers en ce sens qui le confirment. La sécurité laisse à désirer. Tout le quartier est taggué dans tous les sens. Il ya des enfants qui vivent et qui marchent sur les trottoirs tous les jours. On y trouve des seringues, des bouts de verres. On a parfois l’impression d’être dans un bidonville.

Vous êtes un collectif structuré, mais pensez-vous que certains riverains seraient à même d’utiliser d’autres méthodes ?

Il y a un épuisement général. On se sent impuissants. Nous travaillons tous, les enfants ne peuvent pas dormir, il y a beaucoup de cas d’insomnies. Un arrêté préfectoral précise, sur le Rhône, les heures où les activités sonorisées sont tolérables. A croire que les frichards ne sont pas soumis aux mêmes règles que les autres. C’est horripilant. Mais pour le moment, il n’y a eu aucun débordement.

Trouvez-vous que la mairie joue double jeu avec vous ?
Nos interpellations à la mairie n’apportent rien. Ils nous font des promesses qu’ils ne tiennent pas. L’année dernière, nous avons été reçus à la mairie du 3ème arrondissement. On nous a affirmé que la Friche serait évacuée au 31 décembre 2009. Elle est toujours là. On nous parle du 31 juillet 2010. Nous sommes le 27 juillet et il ne s’est absolument rien passé. Nous n’avons plus aucune certitude concernant l’évacuation de la Friche. Je pense que la marie est ennuyée avec ce problème. Elle essaie de nous contenir car nous sommes les plus simples à gérer. Du côté des frichards, je ne remets pas en question leur volonté à trouver une porte de sortie, mais ça n’avance pas.

Vous pensez que cela est dû à un manque d’organisation du côté des frichards ?
Je ne pense pas, les frichards parlent d’une voix. Ils veulent rester sur le site. Quelques-uns partiront pour être relogés, d’autres quitteront les lieux. Quant aux autres, je ne sais pas comment cela va se passer le 31 juillet.

Avez-vous déjà des contacts avec les riverains du nouveau site de la rue Lamartine qui doit accueillir les artistes ?
Nous allons prendre contact avec eux. Nous sommes un collectif, eux ont monté une association. Mais nous ne sommes pas totalement concernés par le même genre de problèmes : nous sommes en plein dedans, et eux vont s’y retrouver. Mais nous savons qu’ils existent et nous maintiendrons le contact avec eux.

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7 commentaires
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Tian le 20/09/2010 à 18:27

Allez-y, à la friche RVI. Allez découvrir les gens qui la peuplent. Je n'y suis passé que quelques fois, mais il y a un point commun que j'ai trouvé aux frichards que j'y ai vus (et non, ce n'est pas la seringue dans le bras) : une ouverture d'esprit et de dialogue et des gens prêts à vous aider. Peut-être n'y a-t-il pas que ça à la friche. Mais de seringues, point je n'ai vues. Pas plus que de préservatifs usagés, de pièges-à-loup ou de voitures volées. Et c'est pour les artistes qui répètent là (et pour ma pomme) que je regretterais que ce lieu ferme sans alternative. Certains parlent d'un lieu de non-droit. Ceux "de l'intérieur" parlent d'organisation auto-gérée. Les deux regrettent les débordements de certain spécimens qui se disent "frichards" sans en assumer le rôle associatif. Dans tous les cas, le dialogue n'existent pas entre ces deux entités. Dommage, ça aurait pu permettre de mieux préparer, de mieux communiquer sur un événement comme la "Sortie d'Usine"... C'est vrai que le lieu est austère aux premiers abords : pas d'horaire d'ouverture sur la porte. Pas d'enseigne lumineuse. Mais trouvez quelqu'un prêt à vous faire découvrir, entrez dans cet endroit qui aurait pu servir de lieu de tournage à "Micmacs à Tire-Larigot". Ca demande de prendre du temps, de prendre de son temps, déjà qu'on en a pas beaucoup. Par contre, autant de chance d'y mourir que dans votre cuisine (et bien moins que sur la route), malgré le manque de respect des règles de sécurité. Quand on est riverains, j'imagine que c'est dur par moment. Tenez, à Croix-Rousse, c'est pareil : La vogue au Marrons, quelle calamité ! Déjà que d'habitude on trouve pas de place pour garer sa voiture, mais alors là, c'est le pompon. On finit par marcher 20 minutes pour rentrer à la maison. Et tout ça pour une fête foraine pas jojo, avec tous les ans les mêmes attractions, les mêmes pièges-à-fric... Le marché... à 6h le matin, débarquement de camionnettes. Perso, à 6h du matin, monsieur machin et ses légumes, je les sacrifierais bien sur l'autel de mes heures de sommeil... Et alors nom de nom, les gens qui habitent rue Ste Catherine? Tous les soirs ces enfoirés de fumeurs avinés qui braillent par les rues. Mais voilà, Lyon, 500 000 habitants, si on renonce à chaque projet qui dérangent les voisins, ben on a une ville morte, les yeux rivés sur sa télé, c'est pas faux... Alors tant pis pour mes insomnies (bien plus souvent liées à mon boulot qu'à mes voisins), je ne monterai pas de comité anti-vogue (même si le contre-événement m'amuse...), ni anti-marché, ni anti-bars... Peut-être que quelqu'un rêve de fonder un comité anti-"violoniste du RdC qui répète plusieurs heures par jour"... Je ne sais pas, il n'est pas encore venu me voir... Et puis dans ce monde, le dialogue et la tolérance ne sont pas une alternative. Le fait est que nous y sommes de moins en moins bien préparés. Etrange civilisation de règles strictes et de droit vertical. Nous sommes un petit groupe de 5 personnes qui devont à la friche et à son asso vélo la réussite de notre projet vélo-musical caritatif de l'été. Un projet un peu fou, monté en amateur et qui aura marqué nos petites vies. On espère bien les retrouver, quelque part, l'an prochain quand on remettra ça, et avant.

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heixenmeiter le 03/08/2010 à 17:22

S'il vous plait, ne nous tuez pas !! Ou alors le moins douloureux possible. PLEASE J'ai des enfants.

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fgio le 03/08/2010 à 17:20

A quand la milice ?? Etes vous venus parler, PARLER ?, avec les artistes de la Friche ?? C'est une chance pour vos enfants que des centaines d'artistes travaillent dans votre quartier, à votre porte !! Vous leur avez demandé à vos enfants ce qu'ils en pensent vraiment ??? Normal ! Un bon artiste est un artiste mort. Sinon, il pense, il pue, et il est surement feignant et alcoolique. Peut-être même drogué !!! Et pour être dans le quartier, et dans la friche, depuis 6 ans, des seringues, j'en ai jamais trouvé, sauf dans vos fantasmes. Je vous souhaite malgré tout le meilleur, à défaut d'une vie heureuse.

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François le 03/08/2010 à 11:47

Effectivement, je comprends que des riverains puissent être dérangés par le bruit lors de ce genre de manifestation, néanmoins ce n'est pas le genre de chose qui arrive tous les week-end, celà est relativement exceptionnel... Je pense que la friche fait peur et véhicule nombre de fantasmes à son égard et de ses habitants ("Zone de non droit", "bidonville", "seringues"), mais si les personnes de ce collectif anti-friche étaient venus au festival, qui était à prix libre (Ce n'est donc pas le prix qui aurait pû les rebuter), ils n'auraient pas trouvé les monstres qu'ils imaginent, le couteau entre les dents, mais des frichards parfaitement prêts à discuter et capables d'écoute. Ils auraient également trouvé un festival à l'ambiance très agréable, conviviale et festive auquel nombre de voisins ont participé et dont ils ont été ravis... Je pense que la friche fait peur à certains surtout par méconnaissance, malgré les portes ouvertes organisées régulièrement dans le lieu, et qui auraient permis à ces riverains de visiter cette zone de liberté créative, lieu qui peut déranger dans notre société actuelle mais qui est aussi là pour ça (Une société où plus rien ne dérange est une société morte...) dans le respect bien sûr des autres, mais qui n'est effectivement pas un temple de la conformité, loin s'en faut... Néanmoins, la meilleure solution serait le dialogue entre ces riverains et les frichards, pour dégonfler la peur, les fantasmes et toutes les fausses idées, et construire la cohabitation et une bonne qualité de voisinage. Les frichards ont surement des torts qu'ils sont prêts à reconnaître et sont capables de faire des progrès quand à leur perception par le voisinage, mais les voisins (En tous cas ceux pour qui la friche pose problème) ont aussi à accepter ce dialogue et cette rencontre...

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Pablo le 02/08/2010 à 13:38

Nous sommes cons­cients du rôle de ce type de lieu dans la cité, et que son implan­ta­tion géo­gra­phi­que déter­mine en grande partie les acti­vi­tés que nous vou­lons encore déve­lop­per et élargir avec le tissu local. L'inter­dic­tion d'accueillir du public nous a gran­de­ment défa­vo­ri­sés pour répon­dre à cet enga­ge­ment. Close de la conven­tion qui nous lie à la Ville que nous espé­rons voir modi­fier dans un relo­ge­ment pro­chain. Le res­pect des normes de sécu­rité des EAP (établissement rece­vant du public) néces­si­tera cer­tai­ne­ment des amé­na­ge­ments. Citons quel­ques actions déjà menées au cours de notre rési­dence : clown à l'hôpi­tal, inter­ven­tion de plas­ti­ciens dans les écoles du quar­tier, par­ti­ci­pa­tion au conseil de quar­tier de Montchat jusqu'en 2008, mani­fes­ta­tion « Sortie d'usine » ouverte à tous, bro­cante artis­ti­que, jour­nées du patri­moine, les recyc'heures? Afin de par­ti­ci­per de manière artis­ti­que et fes­tive à la vie de la cité, nous sou­hai­tons conti­nuer à être acteurs lors des temps forts d'ani­ma­tion de la ville (8 décem­bre, Tout le monde dehors, fête de la musi­que, les guin­guet­tes?). Nous sou­hai­tons aussi rester à l'ini­tia­tive d'actions événementielles hors-les-murs afin d'aller vers un nou­veau public et de sortir des lieux tra­di­tion­nels de dif­fu­sion.

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jp le 29/07/2010 à 22:14

enfin un article indépendant qui relate la réalité de ce site ...abandon...nuisances de toutes sortes et mépris total des habitants jouxtant ce lieu .... vivement le renouveau de ce lieu

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bezy le 28/07/2010 à 18:32

à cela j'ajoute que les habitants de la rue rochaix (et s'est sans doute pas la seule) sont invités par la ville à ravaler la façade de leurs habitation (pour cause de patrimoine mondiale de l'Unesco) alors que les murs de ces rues y sont couverts de tags ainsi que la friche qui appartient à la ville. quelle exemplarité !

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