Handicap International : "une terrible inquiétude"

Handicap International : "une terrible inquiétude"

Handicap International, a l'instar des toutes les ONG et des différentes antennes des Nations Unies, se mobilise et fait converger ses efforts vers la capitale haïtienne. Durement touchées par le seïsme, les antennes sur place peinent à faire face à la situation chaotique. Toutes les volontés sont les bienvenues, et particulièrement celles touchant à la générosité collective. Sylvain Ogier, le porte-parole d'Handicap International, explique pour Lyon Mag comment et ou faire son don à  Lyon, et dépeint le tableau d'une situation apocalyptique sur place, laborieusement domptée par l'effort des nations.

Lyon Mag : Comment s’organise Handicap International pour cette catastrophe en Haïti ?
Sylvain Ogier : Handicap InternationaI a décidé de débloquer dès mercredi matin, quelques heures après la catastrophe, 150 000 euros de fonds propres pour réagir à l’urgence. On sait évidemment que les besoins vont excéder cette somme. Ce fond d’urgence doit dons être réalimenté pour parer à toute éventualité. C’est pour cela que nous avons fait appel au soutien du grand public. Les gens peuvent nous faire des dons sur notre site internet, où en écrivant à Handicap International - Urgence Haïti - 69361 Lyon. Les contacts sont pris avec des bailleurs de fonds institutionnels pour essayer de mettre en place  avec eux une action de long terme. Nous serons très vigilants sur le fait d’identifier au plus près, et le plus rapidement possible, les besoins et notre capacité à y répondre. Si jamais, nous devions constater, comme dans le cas du Tsunami, qu’à l’évidence les dons que nous recevons sont supérieurs à notre capacité d’intervention, nous ferons un message à nos donateurs pour cesser de financer cette cause, et de s’intéresser à d’autres terrains d’intervention sur lesquels nous agissons.

Qu’est-ce que vous demandez à ces donateurs ? Demande-t-on toujours de l’argent dans ces cas là ?

On demande toujours de l’argent, car les conditions de logistique sont si compliquées qu’il est hors de question d’acheminer les dons en nature. Les dons en nature coûtent plus chers qu’ils ne rapportent, car les frais d’acheminement surpassent l’intérêt potentiels des dons en nature. Nous sommes très bien rodés au fait d’acheter en quantité le matériel le plus précisément adapté aux besoins dans les contextes d’intervention. Le fait de devoir gérer des dons en nature est pour nous très compliqué et nous coûte beaucoup d’argent.

Quelle est la somme la plus utile à donner à Handicap International ?
Il n’y a pas une somme plus utile qu’une autre. Chacun fait en fonction de son coeur et en fonction de ses moyens. Si les gens peuvent donner beaucoup, c’est un grand signe de générosité, mais même quelques euros sont utiles.

Si je donne 30 euros, comment Handicap International va les utiliser ?

Pour donner une illustration complète de l’utilisation des dons, nous avons fait partir, grâce à l’avion de la cellule de crise du ministère des affaires étrangères, une tonne de matériel orthopédique pour les personnes blessées. Il y a dans ce fret aérien des fauteuils roulants, des béquilles, des déambulateurs, des orthèses (appareils de maintien des différentes parties du corps qui ont pu être touchées durant le séisme). Avec 30 euros, on a une paire de béquilles. 30 euros, cela correspond à une aide concrète, matérielle, pour une personne blessée. Pour 150 euros, on a un fauteuil roulant de base.

Quelle est la somme nécessaire estimée pour permettre à Handicap International de fonctionner efficacement en Haïti ?

Il est pour l’instant beaucoup  trop tôt pour évaluer les besoins. J’aimerai pouvoir vous formuler une réponse, mais ce n’est pas possible. A ce jour, on sort encore des gens des décombres, on a pas encore pu faire le point de tous les moyens disponible sur place. On sait également que notre intervention va s’inscrire dans la durée, ce pour plusieurs raisons. Nous avons une flotte de camions tout-terrains, qui peuvent acheminer du matériel pour l’ensembles des agences de l’ONU et l’ensemble des ONG présentes. Ces distributions avaient déjà lieu en Haïti avant le séisme. On sait qu’on a devant nous un an et demi à deux ans de distribution d’aide humanitaire. Notre flotte de camion va pouvoir le faire. Concernant l’assistance aux blessés, les personnes qui ont été blessés souffrent de fractures multiples, d’écrasement, de coupure souvent infectées. Il y a aussi des paralysies liées aux atteintes de la moelle épinière. Ces personnes là doivent être, dans un premier temps, stabilisées, en attendant de bénéficier de soins médicaux dans des hôpitaux de campagne qui sont en train de se monter. Après les soins médicaux, actes chirurgicaux et autres actes de première urgence reçus, les personnes devront recevoir des soins de réadaptation qui sont fondamentaux pour éviter les séquelles liées à ces blessures. Les soins de réadaptation prennent des semaines, voire des mois. Ces situations de soins qui sont extrêmement compliquées, car ce qui est arrivé est terriblement grave.

Comment cela se passe concrètement l’action ? Quels échos ont renvoyés les premières personnes arrivées sur place ?
Notre équipe sur place a été profondément choquée par ce qui est arrivé. Il y a une terrible inquiétude. Évidemment, il y a eu un moment de stupeur, les personnes ont été en crainte pour leur propre vie. On a pu avoir, tout juste deux heures après la catastrophe, par un coup de fil reçu à une heure du matin dans la nuit de mardi à mercredi, que cinq expatriés étaient sains et saufs et regroupés au même endroit. En revanche, nous avions 117 collègues Haïtiens. Aujourd’hui, nous n’avons aucune nouvelle de la très grande majorité d’entre eux. Notre équipes expatriée a posté des affiches sur les murs, dans la ville, pour les inviter à se signaler, à nous donner des nouvelles, pour pouvoir reprendre les activités d’aide humanitaire. A ce jour, nous avons des nouvelles d’une quinzaine d’entre eux, et neuf chauffeurs se sont présentés pour reprendre le travail. Pour nous, même dans ces contexte extrêmement dramatique, cela autre tout l’or du monde. Avec ces neuf chauffeurs, on peut reprendre les distributions d’aide humanitaire à Port-au-Prince dès aujourd’hui.

En quoi consiste les recherches des membres d’Handicap International sur place ?
Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans les activités de recherche des victimes. En coordination avec les agences des Nations Unies, à commencer par  le programme alimentaire mondial, la priorité qui nous a été assigné est de reprendre les distributions d’aide alimentaire, d’eau, de matériel de désinfection de l’eau, et très rapidement de matériel médical. La coordination indique que chaque structure doit être à un poste précis, et les Nations Unies nous ont demandé, parce que nous avions la capacité

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