Grenoble sous l'emprise du Milieu

Un caïd détenu en prison a été abattu par un sniper fin septembre à la prison de Varces. Un nouvel épisode dans la guerre des gangs à Grenoble. Alors qu’une gigantesque affaire de racket est à l’instruction.

Dimanche 28 septembre, 17h30. Les détenus de la prison de Varces, une maison d’arrêt vétuste située près de Grenoble, sont en promenade. Tout à coup, cinq coups de feu éclatent. Un homme tombe à terre, mortellement touché, alors qu’un second est blessé. La victime : Sghaïr Lamiri, 29 ans. Une figure du grand banditisme. En juillet dernier, il a été condamné à huit ans de prison pour une série de braquages commis en 2001. Mais il est surtout connu parce que son nom a été cité dans les règlements de comptes qui ensanglantent la banlieue grenobloise depuis deux ans.
Tout commence en janvier 2007 quand trois jeunes délinquants, Mehdi M’Salaoui, Miloud Hairane et x M’Rouche sont jugés par la cour d’assises pour le meurtre de Lassad, le frère de Lamiri, tué quatre ans plus tôt. Mais leurs avocats vont obtenir l’acquittement. A peine un mois plus tard, M’Salaoui est assassiné et Hairane subira le même sort en décembre de la même année. Alors que M’Rouche échappe à ces règlements de comptes puisqu’il est en prison pour une autre affaire. Mais le bruit court que Lamiri a vengé son frère. Il ne sera jamais inquiété par la justice sur cette affaire mais cette rumeur va contribuer à forger sa réputation. D’autant que ces trois meurtres ne seront que le début d’une longue série de règlements de comptes où pas moins de 12 délinquants grenoblois ont déjà été éliminés.

ANCIEN BOXEUR
Bref, Lamiri a la réputation de ne pas avoir froid aux yeux. Pourtant, il n’est pas impressionnant physiquement. A peine 1,55 m, assez frêle, chauve... Mais c’est un ancien champion de boxe qui a dû abandonner sa carrière suite à un grave accident de voiture. Et ce garçon intelligent et déterminé est très respecté dans les banlieues comme en prison. D’autant plus qu’il affiche déjà un certain palmarès. En 2001, il est mis en cause dans une série de braquages qui ne seront jugés que sept ans plus tard. Le scénario était assez astucieux puisque l’idée n’était pas de faire des gros coups mais d’enchaîner les cibles vulnérables : tabac-presse, bureaux de poste... Et même une trésorerie des impôts, ce qui est assez inhabituel. Toujours dans des petites communes de l’agglomération. Mais il sera trahi par sa petite taille et son mode opératoire, car lui et ses complices utilisaient de puissantes motos. A l’époque, il expliquera que sa petite taille et son handicap l’empêchent de conduire un tel engin. Mais des témoins vont affirmer qu’il était en fait passager. Sa petite taille, c’est une explication que son avocat, Me Ronaldo, une star du barreau, va ressortir quand il sera mis en cause dans une affaire de règlement de comptes. Et Lamiri sera acquitté.

Alors comment expliquer son assassinat ? Une piste semble privilégiée par les enquêteurs. En effet, le deuxième détenu blessé serait impliqué dans un trafic de stupéfiants. Du coup, la rumeur circule que Lamiri, depuis sa prison, aurait pu être la victime d’une bande rivale. Mais les surveillants ont arrêté un homme à proximité de la prison, quelques minutes après les coups de feu. Un cambrioleur multirécidiviste qui pour l’instant nie tout en bloc. Mais les expertises devraient confirmer son implication. A priori, il n’avait pas de comptes personnels à régler avec Lamiri mais il aurait simplement accepté un “contrat”. Un simple tueur à gages ?

"DÉDOMMAGEMENT"

Une certitude : l’ambiance est tendue à Grenoble. En effet, les magistrats de la juridiction interrégionale chargée du grand banditisme travaillent actuellement sur une énorme affaire de racket dont le personnage central sort lui aussi de l’ordinaire. Une affaire que révèle Lyon Mag en exclusivité. Il s’agit de Mustapha Boukherrouba, 43 ans, concubin d’une avocate grenobloise, Me Magali Amblard. Grand, musclé, ce “beau brun” a une réputation de séducteur. Il se vantait d’ailleurs de connaître beaucoup de monde à Grenoble, y compris des magistrats, et même d’avoir été invité à la Garden Party de l’Elysée. Cela ne l’a pas empêché d’être mis en examen et incarcéré en avril dernier pour association de malfaiteurs et extorsions de fonds. Une affaire qui a démarré en 2006 par une simple lettre anonyme affirmant qu’un commerçant grenoblois était victime de racket. A l’époque, les policiers réunissent quelques informations sans identifier les suspects. Mais cette dénonciation va leur permettre de faire des rapprochements et de mettre en place des écoutes téléphoniques. Et même de “sonoriser” un salon de coiffure où le patron profitait des confidences de ses clients pour refiler des informations à la bande de Boukherrouba. Exemple : un chef d’entreprise grenoblois, qui s’était vanté auprès de lui de sa dernière conquête féminine, va avoir la surprise d’apprendre qu’elle était en réalité la fiancée d’un caïd du milieu lyonnais et que celui-ci réclamerait une forte somme comme “dédommagement”. Une affaire montée de toutes pièces mais qui va marcher dans un premier temps. Un promoteur immobilier sera lui aussi victime d’un piège puisque les racketteurs lui enverront une jeune fille qui acceptera de coucher avec lui avant que sa “famille” exige une réparation financière “pour l’honneur”.

INTIMIDATION

D’autres commerçants auront droit à ce genre de chantage. Avec une première visite d’“amis” qui proposent leur “protection”. Les récalcitrants auront droit à un mitraillage de leur devanture et un restaurateur se retrouvera même avec un pistolet dans la bouche. Des méthodes musclées mais efficaces puisque les enquêteurs vont découvrir qu’un promoteur immobilier a versé 100 000 euros. Alors qu’un restaurateur lâchera près de 130 000 euros. L’un des racketteurs parvenant même à obtenir une embauche fictive chez un entrepreneur du BTP à qui ses complices réclamaient près de 250 000 euros. Au total une vingtaine de victimes seront identifiées : trois restaurateurs, des gérants d’un bowling, un avocat... Toutes n’oseront pas porter plainte. Alors que les enquêteurs mettront aussi en cause dans cette affaire plusieurs autres délinquants déjà connus de la police pour leur violence. Mais les relations entre les différents protagonistes de cette affaire étaient parfois tendues puisque le coiffeur aura eu lui-même droit à des menaces. Autre d&eacut

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