Soldes flottantes : pas vraiment la bonne recette

Soldes flottantes : pas vraiment la bonne recette

Le coup d’envoi des soldes d’été est donné. Elles dureront jusqu’au 28 juillet. Elles interviennent six mois après le lancement du système des soldes "flottantes", une aubaine pour les grandes enseignes mais les clients ont du mal à s’y retrouver.

En cette veille de soldes, la rue de la République à Lyon prend des allures de fourmilières. Les affiches fluo -20%,-30% ou -50% refleurissent dans les boutiques, les shorts, jupes ou autres tee-shirts prennent place dans les bacs, et les commerçants multiplient les allers-retours dans les réserves. Une seule chose détonne par rapport aux années précédentes : l’intérêt des clients. En effet, ils sont peu nombreux à être au courant du coup d’envoi des rabais estivaux. Nathalie, qui déambule, tombe même des nues lorsqu’elle apprend la nouvelle : "Je ne savais pas que les soldes commençaient mercredi, il me semblait que c’était plus tard". Même réaction pour Carole, qui a une explication : "On ne sait plus quand les soldes ont lieu car il y a des réductions toute l’année. Je trouve qu’il y a des soldes plus intéressantes que celles d’été ou d’hiver, c'est le cas de ces deux nouvelles semaines de soldes flottantes".

La jeune femme pointe en effet du doigt le problème. Car depuis l’application de la loi sur la modernisation de l’économie de la ministre Christine Lagarde au début de l’année, l’équilibre des soldes semble bouleversé. Les dates de début et de fin des soldes sont désormais communes à tous les départements. Elles ont lieu deux fois par an, en hiver et en été, et durent 5 semaines maximum. Chaque commerçant dispose ensuite de deux semaines supplémentaires par an, dont il fixe librement les dates. Ces mesures doivent, d’une part, permettre aux commerçants de dynamiser leurs ventes et d’écouler leurs stocks, et d'autre part, de participer au pouvoir d'achat des consommateurs en leur faisant bénéficier davantage de réductions tout au long de l'année. Mais ces deux semaines "flottantes" divisent les professionnels. George Cellerier, président des Vitrines de Lyon, s’indigne : "Je suis contre. Les gens sont complètement perdus. Il y a désormais un  flou sur le mot "soldes". C’est une très mauvaise chose pour les commerçants qui souhaitent faire de vraies soldes". Les petits commerçants déclarent en effet souffrir du manque de lisibilité que provoque cette mesure. Car les clients sont tentés de profiter des rabais toute l’année, délaissant les rayons en dehors des périodes de soldes.

Ce phénomène ne semble pas atteindre les grandes enseignes qui tirent leur épingle du jeu. Alain De Campigneulles, coordinateur commercial au Printemps de Lyon, assure que le magasin ne connaît pas la crise, avec une clientèle toujours aussi fidèle. "Grâce aux soldes "flottantes", nous avons vendu plus de marchandises que l’année dernière à la même période. Nous avons donc moins de stock à écouler". Afin de ne pas favoriser les plus grandes marques au détriment des petits commerces, l’association "Tendance Presqu’île" a tenté d’homogénéiser au niveau local toutes les offres de soldes. Mais comme le souligne Alain De Campigneulles, "cela n’a pas été possible car tout se décide au niveau national. Il est donc en réalité impossible pour les commerçants locaux de fixer librement leurs deux semaines de soldes libres".

La balle est donc maintenant dans le camp du gouvernement mais il ne semble pas disposé à légiférer pour le moment.

Marie Jolly

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