« Après le Château des Oliviers, on nous sert l’Affaire Woerth-Bettencourt ! »

« Après le Château des Oliviers, on nous sert l’Affaire Woerth-Bettencourt ! »

Philippe Cochet ne décolère pas. Le président de la fédération départementale de l’UMP du Rhône a fait le point sur les dommages collatéraux de l’affaire Woerth, particulièrement sur sa résonance dans les territoires. S’il assure que les militants sont remontés à bloc pour accompagner la réforme des retraites, qui reste l’objectif au-delà de la polémique, il brocarde à nouveau les journalistes. L’interview pour Lyon Mag.

Lyon Mag : Florence Woerth entendue, Philippe Woerth sur le point de l’être, quelle est votre réaction ?
Philippe Cochet :
Eric Woerth n’est pas un inconnu de la maison. Il a été trésorier dès la création de l’UMP. Il n’y a jamais eu aucun scandale financier à l’UMP. Eric Woerth a toujours l’image d’une personne saine, faisant des choses sérieuses tout en ne se prenant pas, lui, au sérieux. Un homme avec autant de sincérité et d’exaspération dans le propos élude tout débat interne à l’UMP. Il n’y a aucun doute sur l’intégrité d’Eric Woerth.

Concernant l’Affaire Woerth-Bettencourt, quelle est pour vous la limite entre cooptation et collusion en politique ?

Si vous faites de la politique, et que vous vous isolez complètement, vous ne faites de la politique que pour vous-même. On ne peut pas demander à un politique d’être étanche par rapport à la société civile, quelle qu’elle soit ! Cela voudrait dire que très concrètement, un politique qui est impliqué ne peut pas rencontrer de religieux, des industriels, des journalistes... On touche ici l’aberration du système. Sur cette opération, on est en train de contester le fait que des femmes et des hommes politiques soient en contact avec les acteurs sociaux de la République. Mais alors, quand un politique discute avec des syndicalistes, cela veut-il dire qu’il y a collusion avec les syndicalistes ? Quand un homme politique discute avec un religieux, va-t-il faire pour autant du prosélytisme derrière ? Aujourd’hui, nous sommes dans un système de terrorisme intellectuel, où à partir d’une non-histoire on essaie de construire une théorie.  

Au niveau du terrain, comment réagissent les militants du Rhône ?
C’est une réaction d’écoeurement qui se fait surtout sentir par rapport à un certain nombre de vos confrères. Ecrire n’importe quoi sans vérifier quoi que ce soit a créé un début de défiance par rapport aux médias en général. Certains journalistes commencent à percevoir la limite de l’exercice, et reviennent sur leurs propos. Si l’on vous accuse vous d’avoir volé dans un magasin, et que vous devez vous justifier de ne pas avoir volé, chacun est à même d’imaginer la difficulté ce que cela peut représenter. Il y a une perception tout à fait négative : tous les jours une porte ouverte est défoncée, tous les jours on réchauffe à la Une un sujet connu depuis dix ou vingt ans. C’est le feuilleton de l’été. Il y avait eu le Château des Oliviers, maintenant, c’est l’Affaire Woerth-Bettencourt. Mais sur le fond, au niveau des militants, je n’ai pas une carte en retour, je n’ai pas un courrier incendiaire à l’encontre d’Eric Woerth. Bien au contraire, certains courriers de soutien me parviennent. Quand je rencontre des militants ou des sympathisants, le message est très clair : tenez bon par rapport à cette cabale. C’est un feu de paille. Cela ne repose sur rien.

La facilité, n’est-ce pas justement de taper sur les journalistes ?
Quand j’ai lu, pas plus tard que mercredi matin dans l’Express, un papier de son éditorialiste, les bras m’en sont tombés. Si Christophe Barbier n’est pas au courant de ce qu’il se passe, il faut qu’il rende sa carte de presse. Il y a des gens qui, théoriquement, sont cérébrés. Ils tombent pourtant dans un populisme effrayant. La conséquence, c’est que le « tous pourris » progresse. La gauche, qui a embrayé la dessus, fait surtout les affaires de l’extrême gauche. Ce n’est pas le PS qui récolte les fruits de ses idioties. Il y a aujourd’hui deux journaux qui font l’opinion, Le Monde et Le Canard Enchaîné. Tous les titres embrayent sur eux. On lit un édito du Monde, deux jours après, la presse quotidienne régionale opère une redite ! Le Canard Enchaîné, qui doit sortir une affaire par semaine, a souvent des sources qui sont bonnes. Mais de temps en temps, ils se trompent. Et le « Pan sur le bec », ils feraient bien parfois de se l’appliquer.

Que préconisez-vous alors ?
Il faut de la déontologie pour les politiques, c’est évident, mais aussi pour les journalistes. Quand on est simplement dans l’attitude du copié-collé, à relayer une information qui est fausse, il n’est pas inutile de s’interroger sur le rôle spécifique de telle ou telle profession. Avoir autant de rigueur à exiger des autres ce que l’on ne s’applique pas à soit même, c’est à la limite de la malhonnêteté. Quand vous voyez un certain nombre d’hommes et de femmes politiques qui ont été brisés, personnellement et dans leur carrière, sur une affirmation qui se termine par un non-lieu dix ans ou quinze ans après. Alors on tue un individu, mais on tue aussi un entourage. Je pense qu’il faut arrêter cette pratique. Demain, quelqu’un peut accuser n’importe qui de n’importe quoi. Je pense que foncièrement, dans l’affolement médiatique qu’il y a eu dans cette affaire-là, il y a des gens ne font pas leur boulot. Et la liberté de la presse n’a rien à voir là-dedans Par non-professionnalisme, ils entretiennent des choses fausses. Un journaliste qui donne une fausse information, cela peut arriver. Mais une fausse information qui est relayée par bon nombre de titres de presse, sans que personne ne s’interroge sur le fondement même de l’affirmation, c’est incroyable.

Pensez-vous que le dossier des retraites aboutira avec ce boulet au pied ?

Sur le dossier des retraites, l’UMP est seul contre tous. Et quand on en prend plein la figure, on est un peu groggy. Après, soit on s’écroule, soit on se motive deux fois plus. Aujourd’hui, je pense très clairement que cela a beaucoup plus mobilisé nos adhérents et nos sympathisants face aux réformes qu’il faut continuer. Comme le fond de la méthode n’était pas attaquable, les bonnes vieilles méthodes de gauche sont ressorties : cogner sur celui qui porte la réforme. Face à cette situation, cela donne plus envie d’aller au combat que de baisser les bras. Et ceux qui sont à l’origine de ces attaques le paieront. J’espère que le boomerang ne mettra pas quinze ans avant de leur revenir dans la figure.

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7 commentaires
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luc le 26/08/2010 à 10:04

Tiens, plus de communiqués de Philippe Cochet ? Dommage, on se marrait...Allez faites une petit ITV, pour commencer la rentrée dans les rires !

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Association de Défense des Nazes (ADN) le 30/07/2010 à 07:47

à quand un autre communiqué, ce monsieur Cochet est tellement drôle... PS : génial la référence au château des oliviers, le looser a une fois du plus brillé par ses références. Allez, on répète après moi : cochet looser, cochet looser, co-chet loo-ser !

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LILI le 23/07/2010 à 10:19

On nous set un feuilleton nul et mensonger car le ps and co n'a rien à proposer ....triste !encourageons notre gouvernement et nos parlementaires à faire bouger les choses...Bravo monsieur Cochet!

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Chakra le 22/07/2010 à 23:30

On peut reprocher beaucoup de chose à Monsieur Cochet SAUF d'être malhonnête, pratiquant de la langue de bois. Je trouve son discours sur l'isolement des politiques plus que d'actualité et très pertinent, ne vous en déplaise. Oui, marre des discours convenus, là au moins, c'est cash et clair. Merci monsieur Cochet, mon estime pour vous reprend de la vigueur.

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fan club du naina le 22/07/2010 à 19:42

Ministre du budget, trésorier de l'UMP Sa femme travaille chez la plus grande fortune de France et gère ses comptes. Normaaaaaal

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Tjeri le 22/07/2010 à 11:50

"Et le « Pan sur le bec », ils feraient bien parfois de se l'appliquer." Si Moosieur Cochet lisait le Canard il saurait que les "pan sur le bec" ne s'appliquent qu'au Canard lui même....Cette rubrique faisant office d'erratum.

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JC le 22/07/2010 à 10:29

Oups, hier c'etait le coincé et aujourd'hui c'est le larbin UMPiste.... Il aggrave son cas: les millions coulent à flot dans les caisses de l'UMP et les portefeuilles des "INITIES" et lui nous dit que c'est la faute aux journalistes.

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