Notes et parrainages

Notes et parrainages
Eric Pelet

Ce que tout un chacun apprécie en quittant le lycée ou la fac, c’est de ne plus être noté.

Le premier quart de l’existence étant soumis à une notation permanente de la part des professeurs, l’entrée dans la vie active symbolise pour la majorité des gens, les fonctionnaires exceptés, une véritable libération au regard d’un système aliénant où l’on a le sentiment d’être quotidiennement évalué. Il y a encore quelques années, les pays industrialisés étaient souverains. Leurs dirigeants ne rendaient compte du résultat de leur politique économique qu’à leurs concitoyens voire à leurs partenaires, à condition que cette obligation ait été dument ratifiée par des traités. Mais cette époque est révolue. Aujourd’hui, les grandes nations ont perdu l’indépendance dont elles s’enorgueillissaient et ont accepté de se serrer sur un banc d’écoliers, en attendant que leur nouvelle maîtresse d’école ne leur inflige leur note hebdomadaire. Comme dans toutes les classes il y a des mauvais élèves avec au fond le bonnet d’âne, puis ceux du premier rang qui déploient tous leurs efforts pour faire remonter la moyenne générale. Les agences de notation ont gagné, ce sont elles qui gouvernent le monde désormais. De simples sociétés commerciales, les Moody’s, Fitch et autres Standard and Poors’s qui rabattent l’orgueil des grandes puissances, ébranlent leurs fondations, décident de leur devenir en menaçant de dégrader leur note. Les mêmes agences qui s’étaient trompées de manière grotesque en attribuant leur fameux triple A à Lehmann Brothers quelques semaines avant sa mise en faillite en 2008 où en ne détectant pas l’effondrement financier de la Grèce. De Gaulle, Reagan ou Margaret Thatcher se seraient-ils laissés noter ?

En France un candidat à l’élection présidentielle aura le privilège de ne pas être noté mais il devra pour autant être parrainé. Curieux principe démocratique qui décide qu’un parti recueillant plusieurs millions de voix à chaque suffrage doit supplier des maires, le plus souvent de villages, pour avoir le droit de légaliser sa candidature. Si ces frileux édiles craignent de voir leur parrainage publié au Journal Officiel et ainsi de subir des représailles, alors ce système est obsolète et doit être immédiatement réformé. Les petites formations qui peinent également à réunir les 500 signatures, devraient être légitimées par leur score aux précédentes élections. NPA, CPNT ou même Christine Boutin ont recueilli plusieurs centaines de milliers de voix en 2007, cela pèse largement plus en termes de poids politique que le parrainage de 500 maires sur 36 000 communes.

X

Tags :

pelet

2 commentaires
Laisser un commentaire
avatar
eric pelet le 13/12/2011 à 15:44

Vous avez raison Jonathan ! pour autant les 1% de Nihous CPNT en 2007 representait près de 400 000 voix et les 4% de Besancenot NPA près un million quatre cent mille voix ! donc une légitimité politique largement supérieure aux 500 parrainages exigés par la loi !

Signaler Répondre

avatar
Jonathan le 12/12/2011 à 22:08

Mr Pellet,Christine Boutin n'était pas candidate en 2007 mais en 2002 où elle avait obtenu 1% des voix.

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.