Serge Dorny, directeur de l'Opéra : "L'Opéra de Lyon est plus en phase avec la cité d'aujourd'hui"

Serge Dorny, directeur de l'Opéra : "L'Opéra de Lyon est plus en phase avec la cité d'aujourd'hui"
Serge Dorny - LyonMag

Serge Dorny, directeur de l’Opéra National de Lyon, était l’invité ce vendredi

LM : L’Opéra de Lyon s’apprête à sortir de ses murs puisque le 6 juillet vous diffuserez sur la place des Terreaux, sur écran géant, la Flûte Enchantée de Mozart. Ca se déroulera aussi dans 13 autres villes de la région et à Paris. Comment se déroulera cet événement ?
"On montre à partir de 21h un espèce de making-off, comment s’est fabriqué cet opéra. Ce sera exclusif aux différentes communes car la salle ne le verra pas.
L’avantage de ce spectacle sur écran c’est évidemment que les caméras montrent des plans larges et des plans serrés que ne peuvent pas voir les gens tout en haut. C’est autre chose, c’est un autre projet qui vise l’ouverture et la qualité."


LM : Vous souhaitez ainsi poursuivre cet effort d’ouverture que vous faîtes depuis votre arrivée à Lyon en janvier 2003 ?

"Oui, tout à fait. Pour moi c’est important. Je ne veux pas que l’opéra soit réservé à un public. Je veux partager avec l’ensemble des populations qui animent nos cités. C’est un enrichissement et ca nous oblige à nous poser des questions."

Le fait de le diffuser dans toute la région et à Paris, c’est pour montrer le savoir-faire lyonnais ?

"C’est effectivement pour montrer ce que l’Opéra de Lyon fait, c’est différent de ce que fait l’Opéra de Paris. On veut montrer cette notion de partage de citoyenneté, c’est un élément qui manque encore à notre arc parisien."

LM : Et ce travail d’ouverture paye puisque la moyenne d’âge du public hors scolaire, c’est 47 ans contre 50 ans au niveau national. Vous avez 25% de personnes qui ont moins de 26 ans, la plus haute proportion de jeunes à l’opéra en Europe. Ca y est, c’est gagné ?

"Ce n’est jamais gagné et c’est important de continuer cet effort.
Ce qu’il y a d’intéressant et qui est spécifique à l’Opéra de Lyon, c’est le taux d’abonnés qui n’est que de 23% mais notre taux d’occupation est de 96%. Ca veut dire qu’il y a beaucoup de public très différent. L’opéra de Lyon est plus en phase avec la cité d’aujourd’hui, avec les gens qui l’animent et c’est ça qui est important."


LM : Comment vous construisez une programmation qui doit plaire aux abonnés passionnés et ceux qui viennent régulièrement mais qui s’y connaissent moins ?

"Ce qui est important, c’est d’installer une relation de confiance entre l’institution et la cité. Peu à peu, les publics nous suivent et sont intéressés. Mais ce n’est pas une question de plaire aux publics, c’est donner à l’institution une identité lisible et démontrer que l’opéra est un lieu de rencontres, un endroit ouvert à tous et communiquer cela à travers différents projets."

LM : Socialement, au printemps dernier, une partie des salariés s’était mise en grève et une partie des spectacles avait été annulée. Aujourd’hui on en est où ?
"Dans l’histoire humaine, il y a des moments de rire et des moments de pleurs. A un certain moment, il y a des revendications qu’il faut pouvoir entendre et discuter. Aujourd’hui le dialogue est revenu. C’est important d’échanger entre employeur et employé. Chacun apprend à travers ces crises. Et cette saison en est la preuve, il faut rester vigilant."

LM : Ca fait plus de 10 ans que vous êtes à la tête de l’institution. Vous avez encore des rêves ou vous en avez fait le tour ?
"Le jour où je n’en aurais plus, je partirai. Un des prochains projets qui va voir le jour, c’est la préfabrique de l’opéra qui permettra de fabriquer des décors, avoir des répétitions publiques, d’avoir des lieux de médiation culturelle. Elle ouvrira à la fin de l’année 2014, début 2015. Je rêve de cette opportunité d’avoir deux bâtiments : l’Opéra place de la Comédie et puis ce lieu où l’ensemble des métiers se côtoient à Vénissieux, au pied des Minguettes. C’est ce dialogue entre le in et le off que je voudrais construire et je pense qu’il sera pour l’Opéra un atout et un enrichissement."

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