Queyranne : "Je n'ai peur de personne !"

Queyranne : "Je n'ai peur de personne !"

Changer la date des prochaines élections, modifier le mode de scrutin, parachuter une personnalité nationale... L’UMP est prête à tout pour reprendre le Conseil régional. Réaction du président PS Jean-Jack Queyranne, bien décidé à se représenter en 2010.

Après quatre ans de présidence, vous tirez quel bilan personnel ?
Jean-Jack Queyranne : Etre président d’un Conseil régional Rhône-Alpes, c’est une responsabilité passionnante mais exigeante. Car on doit intervenir sur des sujets très variés : les transports, l’économie, l’agriculture, le tourisme... Bref, je me rends compte que c’est plus difficile que d’être ministre !
Mais est-ce que vous avez l’impression d’être efficace ?
Oui, car Rhône-Alpes, c’est plus de 6 millions d’habitants sur un territoire grand comme la Suisse. Ce qui est une taille suffisante pour lancer des politiques innovantes. Et cela ne date pas d’hier. Exemple : le centriste Charles Béraudier, le premier président de la région, a eu une excellente intuition en lançant dans les années 70-80  les relations entre  Shanghai et Rhône-Alpes à une époque où exporter en Chine n’était pas encore à la mode.
De quoi vous êtes le plus fier ?
Les clusters, ces pôles de compétitivité qui rapprochent étudiants, chercheurs et entreprises qu’on a lancés avant que l’Etat les systématise. Même chose avec les 10 000 contrats d’aide au retour à l’emploi. Ou encore les bourses qui ont permis à 11 000 étudiants d’aller étudier à l’étranger. Bref sur le plan économique, on a été une région pionnière. Mais on a été aussi pionnier pour le solaire puisqu’en France, 50% de cette énergie sont produits dans la région.
Alors, pourquoi la droite a publié un “Livre Noir “pour dénoncer votre gestion ?
C’est une campagne marketing qui n’a d’ailleurs pas l’air d’être un succès. Mais ce qui me gêne le plus, c’est que l’UMP semble rejeter tout ce que fait mon équipe. Alors qu’elle vote 80% de nos décisions.
L’UMP vous reproche surtout d’avoir fait exploser les dépenses de communication !
En quatre ans, j’ai augmenté de 11% le budget communication du Conseil régional car il y avait un vrai déficit de visibilité. Mais j’invite l’UMP à ne pas oublier que les dépenses de communication de l’Elysée ont doublé, si elle publie un livre noir du sarkozisme !
C’est une façon d’éviter le débat ?
Non. J’ai demandé une étude qui conclut que  le Conseil régional Rhône-Alpes reste le moins dépensier en communication de tous les Conseils régionaux de France avec 80 centimes par an et par habitant. Ce qui ne représente que 0,20% de son budget. Mais il est aussi ressorti de cette étude que les habitants demandaient à être mieux informés sur notre action. C’est pour cela qu’on va ouvrir des antennes dans toute la région, notamment à Lyon, rue Grôlée.
Et vous avez aussi augmenté les impôts...
Oui. De 23% depuis quatre ans. Charles Millon, quand il avait été élu en 1992, les avait augmenté de 60% dès la première année. Mais il faut là encore relativiser car les impôts de la Région ne représentent qu’une très faible part des impôts locaux.
Vous n’avez pas utilisé des crédits douteux pour boucler votre budget ?
Non. J’ai même réduit de 66% à 50% la part de nos crédits à taux variable. Et surtout, j’ai veillé à choisir des taux bloqués à la hausse. Ce qui limite les mauvaises surprises. Rien à voir avec certaines collectivités locales qui ont pris des produits trop complexes et qui se retrouvent aujourd’hui avec des crédits à 11% ! En fait, l’UMP m’attaque sur la communication et les impôts car ce parti est incapable d’ouvrir un vrai débat de fond et de proposer une alternative à notre politique.
Votre principal opposant, l’UMP Emmanuel Hamelin, n’est pas à la hauteur ?
C’est le problème de l’UMP. Mais s’il a été battu aux dernières élections législatives, ce n’est pas sans raison.
C’est pour ça que l’UMP veut présenter une personnalité nationale contre vous ?
On parle effectivement du commissaire européen Michel Barnier mais il ne semble pas intéressé par ce challenge. Et visiblement, il leur manque un leader régional.
On parle aussi d’un éventuel parachutage...
Je ne pense pas que l’UMP tente un parachutage car après l’échec de Dominique Perben à Lyon, elle a vu que c’était une opération toujours délicate ! Cela dit, je n’ai peur de personne car mon équipe peut être fier de son bilan.
Et François-Noël Buffet, le sénateur-maire d’Oullins ?
Vous savez, c’est déjà assez compliqué au PS pour que je ne m’occupe pas du casting de l’UMP ! Et puis son vrai problème, ce n’est pas seulement une question de personne mais aussi de positionnement. Car l’UMP s’est droitisée dans la région alors qu’au contraire, les habitants attendent des élus qu'ils aient une démarche pragmatique. Surtout face à la crise.
Mais les querelles internes du PS pourraient vous affaiblir ?
Il est certain que si le PS ne retrouve pas une certaine sérénité, les élections régionales seront plus difficiles pour nous. Même si je crois que les électeurs font bien la différence entre le bilan de mon équipe et les rivalités au PS.
Et si Sarkozy fusionne les Conseils généraux et les Conseils régionaux, vous pourrez conserver votre présidence ?
Moi, je ne suis pas du tout favorable à cette opération car ce sont deux collectivités aux compétences bien distinctes. Les départements interviennent pour le social, les routes, les musées... Avec des frais de fonctionnements et des effectifs importants. Alors que le Conseil régional est au contraire une collectivité d’investissements qui subventionne des secteurs précis comme le ferroviaire, la recherche, l’énergie...
Vous pensez qu’il ne faut rien changer ?
Au contraire. Mais je me méfie des élus qui prétendent, comme Michel Mercier, vouloir “tout changer” car cela consiste souvent à proposer des bouleversements impossibles. Et finalement à privilégier l’immobilisme. Moi, je préfère des réformes réalisables. Par exemple, un rapprochement des départements et des structures intercommunales. Exemple dans l’agglomération lyonnaise, avec le Conseil général et la Communauté urbaine.

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