Le court-métrage fait son festival à Vaulx-en-Velin

Le court-métrage fait son festival à Vaulx-en-Velin

Quatre jurys d’amateurs et de professionnels éliront le court-métrage francophone de l’année. Pendant 8 jours, soixante courts seront projetés à Vaulx-en-Velin. Ce format méconnu est souvent boudé par la télévision et les cinémas. Du coup, l’avenir du film court s’inscrit en pointillés. Plusieurs séances sont prévues dans le Grand Lyon du 16 au 23 janvier. Un passeport à 30 euros est disponible.Le point en interview avec l'organisateur de l'évènement, Azzedine Soltani

Lyon Mag : Comment se déroule ce festival pour son dixième anniversaire ?
Azzedine Soltani :
Nous présentons cette année 60 courts-métrages. Les films seront jugés sur des critères esthétiques, scénaristiques, et évidemment des critères de francophonies. C’est le lien du festival. Il y a quatre jurys : un jury composé de jeunes, que j’ai formé à travers des séances de décryptage à l’image, un jury adulte, un jury presse, et un jury professionnel composé d’anciens primés du festival. Le gagnant du festival repart avec 3000 euros. Il y a évidemment d’autres prix, mais les gains sont dégressifs, jusqu’au dernier prix, qui est de 500 euros.

Etes-vous aidé ou encouragé par les pouvoirs publics ?
Nous sommes soutenus par la ville, par la région, ainsi que le département. Nous avons pas mal de sponsors, du petit commerce à la plus grosse institution privée, qui aide au financement du festival. C’est essentiellement le sponsoring qui nous permet de primer les films.

Qui composent exactement vos spectateurs ?
Nous avons beaucoup de scolaires. Nous en attendons 4000 cette année.  Sur les soirées thématiques, nous rentrons, en général, entre 150 et 200 personnes. Sur la compétition, où nous avons mis le paquet cette année, c’est là paradoxalement que nous avons le plus de difficultés.

Qu’est-ce qui vous a motivé à monter ce festival, et particulièrement à Vaux-en-Velin?
J’ai fréquenté de nombreux festivals, de Cannes à Clermont. Le côté populaire de Clermont m’intéresse beaucoup plus que le côté «paillettes» de Cannes. Le côté francophonie est très important pour moi aussi. Nous savons que les mouvements de populations venues en France sont principalement composés de représentants de nos anciennes colonies. Comme à Vaux-en-Velin, nous avons 47 nationalités différentes d’ex-colonies, la ville convient parfaitement à un festival ayant pour cadre la francophonies.

Que pensez-vous du format court ?
Ce que j’aime dans les courts, c’est l’épuration, l’efficacité. Dans un court, on ne perd pas de temps : on n’a pas énormément d’argent, on va donc à l’essentiel du propos. On épure toute la «broderie» qu’il peut y avoir autour d’un long métrage.

Comment sont financés ces films courts ?
En dehors des festivals, certaines chaînes de télévision achètent quand même ce format. La seule existence réelle est sur les festivals. Certes, il y a aujourd’hui la possibilité de diffuser sur internet. En terme de coût aujourd’hui, il est aussi beaucoup plus facile de faire un film, cela nécessite moins de moyens. il suffit d’avoir une caméra et un ordinateur avec un logiciel de montage.

Vous inquiétez-vous pour l’avenir de ce type de formats ?
Oui et non. le format est certes original et difficilement diffusable sur certains médias, mais l’arrivée du numérique permettra de diffuser encore plus largement ce genre de films. Sur l’avenir des financement de ces courts, c’est autre chose. je pense que cela sera plus difficile, car il y aura encore plus de films qu’avant.

Pensez-vous que nous assistons, avec la fermeture des CNP et la marginalité des formats courts, à la mort d’un certain cinéma ?

On peut toujours le penser. En même temps, je discutais avec un jeune réalisateur, qui me disait qu’avec la diffusion sur le net, son film avait été vu plus de 7000 fois. S’il avait été programmé dans une salle, il n’aurait jamais eu le même nombre de personnes à le voir. Tout est relatif finalement. Le net permet cette facilité d’accès. Après, c’est sur que l’on perd le côté magique et émotionnel du cinéma. Je ne pense pas que le court métrage soit mort, je pense plutôt que les autres supports de diffusion prennent déjà le relais.

Pensez-vous que le court est un tremplin sur son CV audiovisuel, ou pensez vous que c’est un format en soi travaillé par les réalisateurs ?
Il y a évidemment ces deux axes. En général, les jeunes réalisateurs de court tendent vers le long métrage. D’autres réalisateurs maintiennent le format court car ils trouvent que c’est une oeuvre à part entière. Ils ne pourraient pas entrer fidèlement dans ce qu’ils ont écrit en travaillant sur un format long. Quand on pense en tant que court métrage, on ne peut pas penser le même contenu sur un autre format. Le court métrage «Un air de fête», qui avait été primé à Clermont,et a été sorti en long métrage a été complètement boudé, alors qu’il avait formidablement bien marché en court métrage. C’est l’exemple type d’erreur à ne pas faire, le long métrage n’est pas forcément un but ultime.

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