Les monteurs d’expositions menacent de faire grève

Les monteurs d’expositions menacent de faire grève

Les agents du service public manifestaient, jeudi, contre les suppressions de postes et les réformes de l’Etat. Parmi eux, les monteurs d’expositions de la Ville de Lyon. Ces vacataires ont vu leur prime de fin d’année supprimée… sans sommation. En toile de fond : le projet Emeraude et les pratiques d’un maire de plus en plus contesté.

Cet épisode est le reflet de la politique du sénateur-maire, Gérard Collomb. On lui connait des pics de crises à s’en mordre le poing, dès lors que ses agents les plus proches ne lui donnent pas pleine satisfaction, et une tendance à ne plus écouter ses adjoints. Un exemple éloquent : Etienne Tête (Les Verts) qui s’est fait retirer sa délégation après avoir critiqué les pratiques de son patron dans une interview donnée à Tribune de Lyon. Le désormais ex-adjoint au cadre de vie était lié à des actions en justice intentées contre la Ville de Lyon par les associations anti-OL Land.

Gérard Collomb est de plus en plus rigide. Pire, il n’en ferait qu’à sa tête. Il tance ses adjoints en public et ne jure plus que par ses services généraux ; autrement dit, par ses collaborateurs les proches sur l’organigramme. Il arrive même à faire taire l’opposition, comme ce fut le cas lors du scandale de la SACVL. Les dossiers chers au maire ne passent plus par les adjoints, relayés au stade de pions. C’est Gérard Collomb qui décide, sans concertation ni débat démocratique. Les derniers à avoir fait les frais de cette politique étaient les policiers municipaux qui, à force de grèves et de tractations, ont obtenu gain de cause.

Quel est le lien avec les monteurs d’expositions et d’une partie des vacataires de la Ville de Lyon ? De la même manière que les policiers municipaux, ils ont appris, à la dernière minute, les intentions du maire de Lyon. En l’occurrence, la suppression de leur prime de  fin d’année. « La suppression de la prime de fin d’année a été votée en catimini en 2008 et on a eu la note de service qu’en novembre 2009, soit un mois avant de la percevoir. Du coup, on n’a pas eu de prime cette année » expliquent les monteurs d’expositions pour les établissements culturels de la Ville. Selon la CFDT, « la prime de fin d’année (PFA) a été instaurée en 1973, puis consolidée par décision du conseil municipal en 1994. Cette délibération lui conférait le caractère d’avantage collectivement acquis au titre de l’article 111 de la loi de 1984 ».

Réponse de Jean-Baptiste Fauroux dans un mail datant du 12 janvier 2010 : « en 2008, nous avons mis en œuvre un plan global pour freiner l’évolution de la masse salariale. Parmi ces mesures, nous avons décidé de ne plus attribuer de prime de fin d’année au personnel non titulaire ayant travaillé moins de 6 mois dans l’année. Cette décision permet d’économiser 300K€ par an. Accessoirement, l’application de cette prime (…) exigeait un travail manuel très compliqué à la DRH ». Par ailleurs, le directeur général des services de la Ville de Lyon réfute l’article 111 de la loi de 1984, au motif que « le dispositif applicable étant déjà restrictif en 1984, le retour en 2008 à la situation de 1984 ne peut être considéré comme une remise en cause des droits acquis ».

Réponse insuffisante pour les monteurs d’expositions qui, en début de semaine, ont rencontré la directrice des ressources humaines de la Direction des affaires culturelles (DAC) et la direction du MAC. Cet entretien ouvre certes la voie à des discussions mais les monteurs restent sur leurs gardes. Ils attendent de la part des services concernés une revalorisation de leurs statuts et de leurs salaires. Si aucun accord n’est trouvé, les monteurs menacent de boycotter l’exposition « Rétrospectives de Ben » qui devrait avoir lieu du 3 mars au 11 juillet.

Abdelwahid Djaballah

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