La Ville de Lyon est au bord de l’implosion

La Ville de Lyon est au bord de l’implosion

Stress, souffrances, harcèlement, angoisse au travail, dépression : le malaise pèse sur les agents municipaux. Le projet Emeraude, qui prévoit notamment une réduction des effectifs, a mis le feu aux poudres.  Les syndicats craignent un scénario catastrophe, semblable à l’actualité dans de grands groupes du secteur privé. Le sénateur-maire Gérard Collomb arrivera-t-il à désamorcer cette bombe à retardement ?

La Crise et la réforme des collectivités territoriales ont été l’occasion, pour la Ville de Lyon, de penser à faire des économies. « L’inventivité » de la direction générale des services (1) s’est alors portée sur l’effectif, plutôt que sur les « faux-frais » de la mairie. Pour autant, le nombre de postes à supprimer reste une grande inconnue. D’un point de vue mathématique, le compte devrait être bon : la Ville pourra renflouer ses caisses. D’un point de vue humain, c’est beaucoup plus mitigé : de plus en plus d’agents souffrent d’angoisse et de dépression. « La souffrance reste un sujet tabou au sein des services. D’une part, parce que les collectivités préfèrent pratiquer la politique de l’autruche. D’autre part, parce que les agents doivent taire leurs maux » déclarait la CFTC auprès du Comité technique paritaire (CTP). C’était en septembre 2007, soit près de deux ans avant la divulgation du projet Emeraude. Le malaise était déjà palpable.

« Taire ses maux », sous peine de se retrouver au placard. Les agents de la Ville de Lyon reçoivent plus de lettres de sanctions que de félicitations. Les syndicats sont avertis : « la liberté d’expression est bafouée. On ne peut plus faire valoir nos droits. C’est inadmissible dans une démocratie, et pire encore dans l’enceinte d’une collectivité territoriale ». Font-ils, peut-être, allusion au « système Collomb » qui est de plus en plus critiqué en coulisses ? « On se demande même si le maire est réellement socialiste ! » s’emporte une représentante du personnel. Les « catégories C » (2) ne sont plus les seules à se plaindre. Les « catégories A » (3) aussi frappent à la porte des syndicats. Une cellule « risques psycho-sociaux » vient d’être mise en place pour accompagner les fonctionnaires, mais le pire n’est pas à exclure. A trop tirer sur la corde, elle risque de se rompre.

Les policiers municipaux font partie des premiers à avoir fait les frais du plan de licenciements. Pour que le service fonctionne correctement, il faudrait 361 agents. En janvier, on leur annonçait qu’ils seront 329 seulement. Comme leurs confrères à la Ville, ils dénoncent le surplus de missions, de travail et un manque criant de moyens. « Gérard Collomb est fermé à la discussion. Nous n’arrivons jamais à le rencontrer. Les économies d’argent sur les effectifs se basent sur l’usure et la pénibilité professionnelles. Certains collègues ont été transférés vers d’autres services alors qu’ils ont à peine la trentaine. On ne leur a pas donné le choix. Nous baignons dans un climat d’incompréhension où même notre hiérarchie ne nous soutien plus » témoigne un policier. La CFTC-SNPM (4) s’inquiète des risques psycho-sociaux que pourrait induire cette gestion. Un officier de police municipal se confie : « chaque année, nous sommes évalués sur notre activité professionnelle. On ne nous impose pas de quotas, on nous parle de « missions » qui consistent à verbaliser au maximum. L’évaluation donne lieu à une notation qui peut aller de « mauvais » à « bon » ou « très bon policier ». Nous n’avons pas la même conception du service public. Ces pratiques détruisent la mission principale de proximité avec les riverains ». Le SNPM est en grève tous les dimanches et compte étendre le mouvement aux week-ends et aux jours fériés. Des manifestations sont à prévoir. Un policier municipal en poste depuis une dizaine d’années travaille près de 38 heures par semaine et perçoit un revenu net de 1500 euros par mois.

Privilégier le rendement au détriment de la qualité, pas sûr que la formule soit pérenne. Les relations au sein de la mairie sont devenues exécrables. Gérard Collomb voulait « tout dynamiter » sur son passage, y compris le Parti socialiste. Il s’attaque à son administration. La bombe à retardement pourrait se retourner contre lui.

 
Abdelwahid Djaballah

 
(1)   Voir notre article : http://www.lyonmag.com/article/11992/les-agents-de-la-ville-de-lyon-bientot-fixes-sur-les-suppressions-de-postes

(2)   et (3) Les fonctionnaires sont répartis en trois catégories A (les cadres) B (les techniciens) et C (tous les autres postes administratifs), en fonction du niveau hiérarchique et du niveau de diplôme exigé pour le recrutement par concours externe.

(4)   SNPM : Syndicat national de la police municipale

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8 commentaires
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dir le 20/10/2009 à 07:25

merci pour cet article

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isabelle le 20/10/2009 à 07:22

rRen à ajouter je suis démotivée par cette équipe qui nous dirige si mal

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AD le 16/10/2009 à 12:31

Si l'article faisait l'éloge de la Tour Oxygène ou des standing du Confluent, pensez-vous qu'il serait « partial » ? Des personnes ont témoigné avec courage, ce qui n'est pas vraiment le cas de tous... Ces personnes aiment tellement leur travail qu'elles finissent en dépression dès lors qu'on les affecte dans des services qui n'ont rien à voir avec ce pourquoi elles se sont engagées dans le public. Cela peut paraître disproportionné, pourtant, les cernes, les yeux embués, les sanglots dans la voix illustrent bien le sentiment de malaise pesant qui plombe le moral « des troupes »? Vous disiez « partialité » ? Je réponds : (triste) réalité !

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apm69 le 16/10/2009 à 11:50

Soft 69 1500 e après 35 ans je sais pas quel poste vous occupez mais là c'est pas la grille de l'éducation nationale ? darthez : pour faire des économies demandez au premier adjoint de rendre sa belle voiture à 30.000 neuve + sièges chauffant au frais du contribuable lyonnais ! Demandez au Maire de réduire les dépenses avec un traiteur très renommé de la place de Lyon. Puis pour le 8 décembre demandez aussi de réduire la fête sur 3 jours ou revenir à des traditionnels au lieu de dépenser à foison pour la "grandeur de Lyon" crise financière oblige.

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Yvan, de Lyon. le 16/10/2009 à 02:04

Il n'y a pas que le plan EMERAUDE, qui génère des effets nocifs sur la santé des agents ! La hiérarchie est défaillante, pour ne pas dire complice, lorsqu'il s'agit de sanctionner un agent violent qui a récidivé sur moi. Non seulement je suis encore sur le coup de cette agression, mais en plus mon CDD ne va pas être poursuivit et je ne pourrait donc pas intégrer la FPT, comme prévu.

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darthez le 16/10/2009 à 00:18

Article consternant qui montre le peu de connaissance du redacteur sur le fonctionnement de l'administration et des relations sociales dans la fonction publique. les approximations sont nombreuses et les faits précis rares; les allusions insistantes à France Telecom ne sont pas justifiées. Il est partial : qui peut croire que le méchant maire s'amuse à faire des économies (comme s'il n'y avait pas une crise des finances locales et comme si les lyonnais n'avaient pas eu une forte hausse de leurs impots) et que les gentils syndicalistes sont les mieux placés pour savoir ce qu'est la qualité d'un service public ou combien de personnels il faut pour effectuer un service "correct". Il aurait fallu au moins avoir le point de vue du maire ou de la direction

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apm69 le 15/10/2009 à 11:23

Cette article relate très bien le mal être des agents à la ville de lyon notamment à la police municipale ou stress et mal être vont en grandissant. Gerard collomb est opposé à toute discutions avec nous et reste ferme sur toutes ses décisions, bonnes ou mauvaises. "Ferme là, exécute,ne fait pas de bruit et surtout ne fait pas remonter la M.." voila comme cela se passe chez nous.

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soft 69 le 15/10/2009 à 11:09

Il a bien de la chance ce policier de gagner 1500 euros net par mois au bout de 10 ans ! Je viens à peine de les franchir au bout de 32 ans de carrière dans la fonction publique !!! (education nationale).

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