Hollande à Lyon : "Rester au-dessus de la mêlée" ou ne pas se mouiller ?

Hollande à Lyon : "Rester au-dessus de la mêlée" ou ne pas se mouiller ?
François Hollande jeudi à Lyon - LyonMag

Le candidat socialiste à la fonction suprême a tenu un discours
généraliste, jeudi au Palais des Sports de Gerland. Il a présenté un
large éventail de son programme, au risque de rester très schématique et mesuré.

12 000 personnes ont fait le déplacement jeudi au palais des Sports de Gerland pour le grand meeting national de François Hollande. De toutes les fédérations alentours il sont venus. 40 bus, un écran géant à l’extérieur du site, des affiches à foison et des objets de campagne aux couleurs du Corrézien. Pendant 80 minutes, le candidat est revenu sur les grands axes de son programme. Un exercice attendu pour un discours de politique générale, quand l’UMP a fait le choix cette semaine de tailler la veine de la jeunesse et de l’enseignement.

Deux stratégies de campagne opposées

Une stratégie à l’opposé de celle de son adversaire Nicolas Sarkozy. Celui qui en 2007 "avait tant promis, mais si peu tenu" mise sur le story-telling, le faux suspense et son crédo "un jour, une proposition". Son aspirant successeur a lui dévoilé les grandes lignes de son programme depuis des semaines, lors de son premier grand meeting au Bourget le 22 janvier. "Mon projet, tout le monde le connaît, se rengorge l’ex-premier secrétaire socialiste. Alors que lui, son programme, c’est son bilan".

Hollande flatte le centre et les Verts

Pouvoir d’achat, contrat de générations, enseignement, égalité des sexes, tranche de 75% d’impôt pour les plus riches, tous les grands tubes du socialiste passent à la tribune. Celui qui se présente comme un candidat rassembleur se retrouve à ratisser sur un rayon très large, cherchant à ne mécontenter personne.  Les Verts ? Il a largement fait la promotion de la sortie du nucléaire, a présenté un grand plan d’isolation des bâtiments, et proposé une "transition énergétique." Le MoDem ? Comme François Bayrou, le socialiste a abondé dans le sens d’une moralisation de la classe politique, avec l’interdiction du cumul des mandats, un président justiciable, baisse de 30% des salaires de l’exécutif national. Les corps intermédiaires qui gênent le candidat de l’UMP ? Il a réaffirmé la prépondérance du rôle des syndicats, de la presse et de l’administration gardienne des services publics.

Des gages donnés à la gauche

A contrario du président "défenseur des privilèges", la "solidarité" et la "cohésion" sont des mots clés affichées dans le vocabulaire de François Hollande. Il a exprimé son respect pour ceux "qui servent la France sur des théâtres d'opérations difficiles", ceux qui par "le talent, la culture et le sport représentent notre pays". Il rend hommage "aux ouvriers de la sidérurgie qui aujourd'hui se battent pour garder leur outils de travail, aux professionnels de la santé qui permettent à chacun d'être soigné, aux chercheurs qui par la qualité de leurs travaux nous permettent de vivre mieux, aux fonctionnaires qui défendent le service public".

L'Europe ou l'approximation

L’incertitude demeure quant au rayon d’action de la France sur la politique d’austérité européenne menée par Bruxelles. Hollande souhaite tout revoir . "On me dit : ‘Comment allez-vous pouvoir négocier avec l’Allemagne alors que votre prédécesseur n’y est pas arrivé ?’ Moi je leur réponds ‘C’est pour cela qu’on en change’ !". L’austérité portée par Bruxelles ne lui convient pas, car elle oublie selon lui "la croissance et l’emploi". "Les décisions prises depuis trois ans sont insuffisantes, incomplètes et impropres à régler la crise qui nous a frappés, regrette Hollande. Ce traité ajoutera de l'austérité à l'austérité". Commet le candidat socialiste, s’il est élu, fera-t-il peser la France dans le processus décisionnel européen, a priori si la position nationale va à rebours de la lame de fond européenne rigoriste ? "Nous allons y arriver car le président sortant n’est y justement pas arrivé", glisse-t-il. Puis il développe sa pirouette en proposant la ratification par le Parlement ou par un référendum des termes du traité. Si Hollande se mouille, il ne tranche pas.

La droite et l'extrême-droite dans le viseur
 
Le leader du parti à la rose s’est également montré intraitable avec ses opposants politiques. Nicolas Sarkozy, qui a "abîmé les piliers de la République", en a pris pour son grade. "Il se vante de nous avoir fait éviter le pire, mais il avait promis le meilleur", diagnostique le député corrézien, avant d’appeler ses militants "à ne pas céder à la violence verbale" suite aux incidents de Bayonne. Une réaction attendue mais Hollande n’en fait pas plus. Il veut "rester au-dessus de la mêlée." A destination du Front National, il déclare "le patriotisme, c'est aimer les autres, le nationalisme, c'est se méfier des autres". Un meeting bouclé par des formalités : appel au vote pour une "dynamique qui deviendra irrésistible", Marseillaise et longues salutations.

A la sortie du Palais des Sport, un jeune sympathisant résume : "Moi j’ai trouvé ça bien, même si il y a des points sur lesquels je n’était pas d’accord avant et avec lesquels je ne le suis toujours pas, mais je pense voter pour lui". Le message,s'il suscite encore la circonspection, est visiblement bien passé. Reste à savoir si, dans leur dynamique, les électeurs feront le choix d'un vote d'adhésion pour Hollande ou s'ils se prononceront unilatéralement contre Sarkozy.

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