Laurent Voulzy, l’anachronique de Fourvière

Laurent Voulzy, l’anachronique de Fourvière
Laurent Voulzy, Nuits de Fourvière 2012 - LyonMag

Le chanteur français s’est produit mercredi soir sur la scène du Grand Théâtre dans le cadre des Nuits de Fourvière.

D’entrée, on comprenait qu’il allait être question de mysticisme médiéval. Pour patienter avant l’entrée de l’artiste,  des chants presque grégoriens résonnaient dans les ruines antiques. Avec les grands candélabres et les projecteurs braqués sur la foule, difficile de ne pas se croire dans une basilique. Laurent Voulzy s’est en effet épris du Moyen-Âge, thème de son dernier album (intitulé Lys and Love). «Mon cœur en 2010 voudrait tant, je le sens, partir en 1400» entend-on lu par lui. Puis il entre en piste à Lyon avec des titres issus de cet opus.  Et là surprise, c’est à grand renfort de clavier synthétisé que partent les refrains, de basse surpuissante que tiennent les couplets. Le guitariste se laisse même parfois aller à des variations vocales en anglais carrément rock. Pourtant Voulzy, lui, garde cette voix si particulière, fluette et intrinsèquement douce.
Il explique, après l’avoir chanté, avoir fait une « infidélité » à Alain Souchon en étant tombé amoureux d’un poème de captivité de Charles d’Orléans, ce prince français fait prisonnier par les Anglais à Azincourt en 1415 et libéré 25 ans plus tard. Ce texte s’appelle Ma seule amour. Il le chante avec maîtrise, accompagné comme toujours d’une jeune femme chargée des chœurs, et surtout d’une grande harpe dont les notes fendent l’air de Fourvière et siéent à merveille au genre musical recherché.
Intervient ensuite un problème technique du clavier sur lequel comptait jouer le chanteur. Il décide alors de prendre sa guitare et d’aller chanter, seul puis très délicatement accompagné par ses musiciens et choristes, la première chanson qui véritablement souleva l’assistance, Le rêve du pêcheur. Le public y retrouve instantanément ce qu’il aime chez Laurent Voulzy, des accords de guitares quasi sommaires et une petite voix entraînante. C’est encore plus évident sur Le pouvoir des fleurs, reprise par tout l’amphithéâtre qui imite le chanteur. L’imitation est si réussie, si audiblement murmurée que l’on entend grésiller les talkie-walkie des backstages.
Après une première fausse pause, les musiciens et Laurent Voulzy, toujours vêtu d’une ample chemise blanche à volants, reviennent avec Le ciel et la terre, un autre titre du dernier album qui est pour sa part interprétée de façon hallucinée. Et l’on bascule  des Nuits de Fourvière aux Nuits Sonores, les boucles électro s’enchaînant avec la même vigueur que les reprises de chants. Les techniciens l’ont compris et proposent du coup un sidérant festival pyrotechnique. L’opposé total d’un autre chant interprété lui en canon à cinq et à peine soutenu par une mélopée enfantine.
Que l’on ne s’y trompe toutefois pas, la plupart des 3700 spectateurs (guichets fermés mais fosse assise) du concert étaient là pour les tubes, véritable bande-originale de vacances à la plage, de Laurent Voulzy. Il le sait. Après avoir chanté J’aime l’amour (issue aussi de Lys and Love) et agité des drapeaux avec ses comparses de scène (drapeau que tentera d'ailleurs de lui "arracher" sa fan numéro un du tout premier rang), il est donc revenu seul, guitare accoustique en bandoulière. C’est avec la touche de l’humour qu’il a introduit les trois chansons à venir. « Tout à l’heure je me promenais dans la rue Saint-Jean, et une jeune femme m’a dit qu’elle venait au concert et m’a demandé si j’allais chanter Fille d’avril. Je lui ai dit non, ce n’est pas prévu, mais on va la faire. » Et la voilà, reprise en chœur par les spectateurs. « Un peu plus loin sur les quais de Saône, un couple qui est là ce soir m’a demandé si j’allais chanter Le cœur Grenadine, je lui ai dit non ce n’est pas prévu », et là encore la voilà reprise par tout Fourvière. « J’ai décidément rencontré beaucoup de monde puisqu’avant d’entrer dans le théâtre un homme m’a demandé si j’allais chanter Rockollection, qu’il écoutait quand il était en cours moyen 2 ». Inévitablement, Voulzy lance alors ce qui est certainement la plus aimée de ses chansons à en juger par l’ovation immédiate et unanime que déclenchent les trois premiers accords de ce standard. Les coussins pouvaient enfin s’envoler dans la nuit après un dernier salut à la foule, et une timide poignée de main à sa fan du premier rang qui n'aura pas démérité tant elle sera restée debout à chanter et danser en agitant son écharpe.
Les Nuits de Fourvière se poursuivent dès jeudi avec la Nuit Folk à partir de 20h30, Nuit folk dont la jeune chanteuse israélo-anglaise Lail Arad a donné un véritable avant goût alléchant en première partie de Voulzy.

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