Expat : un avocat lyonnais à Shanghai

Expat : un avocat lyonnais à Shanghai

L’avocat lyonnais Olivier Dubuis est installé à Shanghai depuis 10 ans où il aide des entreprises régionales à investir en Chine.

Comment vous êtes arrivé à Shanghai ?
Olivier Dubuis : Après un DEA de droit international, j’ai passé mon diplôme d’avocat à Lyon et j’ai été embauché en 1996 chez Thieffry et Associé, un cabinet d’avocat d’affaires parisien qui avait des bureaux à New York, Bruxelles et Shanghai. Deux ans plus tard, mon patron m’a proposé de prendre la direction du l’antenne chinoise.
Vous avez accepté tout de suite ?
Oui, car j’étais jeune, sans femme ni enfant. Et puis pendant mes études, j’avais donné des cours de droit au Vietnam et en Thaïlande. Deux pays que j’ai adorés et qui m’ont donné envie de découvrir l’Asie. Du coup, trois mois plus tard, je me suis installé à Shanghai.
L’intégration a été difficile ?
Je ne me suis pas senti à l’aise au départ. D’abord parce que je ne parlais pas un mot de Chinois et qu’à l’époque la Chine commençait tout juste à s’ouvrir aux investisseurs étrangers. Donc la plupart des Chinois ne parlaient aucune langue étrangère. Et puis Shanghai était un vaste chantier, avec des grues de partout. Et c’était une ville austère, avec très peu de restaurants, de bars sympas, de boîtes de nuit...
Ce qui vous a décidé à rester ?
Mon travail, qui me passionnait. En fait, je codirigeais un cabinet d’avocats alors que je n’avais que 29 ans. Un sacré défi à relever. Puis en 2000, j’ai rejoint Adamas, un cabinet lyonnais dont les activités Asie viennent d’être reprises par le cabinet UGGC. Pendant toutes ces années, Shanghai a évolué à toute vitesse. Avec la construction de buildings, de centres commerciaux... Et la mentalité a également énormément évolué. Les Chinois sont désormais plus ouverts, plus curieux... Shanghai est devenue une ville cosmopolite, avec une importante communauté d’expatriés : des Français, des Américains, des Japonais, des Taïwanais et des Coréens.
II y a une certaine liberté ?
Le web est très contrôlé par les autorités locales mais ça n’empêche pas les Shanghaïens d’ouvrir des blogs ou d’aller sur des forums de discussion. En plus, ils sont accros aux nouvelles technologies, et ici tout le monde a un téléphone portable ou un blackberry pour envoyer des textos, prendre des photos...
A quoi ressemble Shanghai aujourd’hui ?
C’est une ville gigantesque de 17 millions d’habitants avec de larges avenues très propres et des quartiers d’affaires avec de grandes tours. Et en périphérie, on trouve de plus en plus de barres d’immeubles type HLM. Mais il reste des lilongs dans le centre-ville : ce sont de véritables villages avec des ruelles étroites, très peuplés et où tout le monde se connaît. Shanghai est aussi une ville très sûre où il n’y a jamais de vol ou d’agression alors que la police n’est pas très présente.
Les style de vie à Shanghai ?
Tout est centré sur le travail. Mais les Shanghaïens sont assez ouverts, ils aiment faire la fête, draguer, ils adorent manger. Et ce sont des joueurs : ils jouent beaucoup aux cartes ou au majong, un jeu de dominos.
Et la mentalité chinoise ?
Ce sont des gens très ambitieux et des bosseurs qui veulent réussir. De plus ils sont ultra-nationalistes, car depuis qu’ils sont enfants, on leur a seriné les mêmes discours sur la grandeur de la Chine. D’ailleurs j’évite de parler avec eux de l’indépendance de Taiwan ou du Tibet.
Les Chinois sont durs en affaires ?
Oui, depuis 10 ans que je conseille des entreprises pour investir en Chine, j’ai pu observer le changement de mentalité. Les Chinois sont de plus en plus fermes. Aujourd’hui pour obtenir l’autorisation de s’implanter en Chine, il faut non seulement créer une joint-venture avec un partenaire local, mais aussi exporter les produits fabriqués. De plus, ils font pression aujourd’hui sur les investisseurs étrangers pour qu’ils partagent leurs technologies de pointe.
Et vous connaissez le droit chinois ?
Oui, c’est passionnant, car le droit des affaires chinois évolue sans cesse pour s’adapter au développement économique. Mais il y a quand même des points communs avec le droit français, notamment pour les formes juridiques des entreprises : société anonyme, SARL... Et puis les notaires chinois essayent de promouvoir un droit notarial proche de ce qu’on connaît en France. En revanche, ici c’est l’administration qui interprète la loi et qui la fait appliquer.
Mais l’administration chinoise est réputée pour être corrompue !
C’est vrai que la corruption existe mais elle est assez subtile. On n’obtient pas ce qu’on veut en glissant quelques billets dans la poche du premier fonctionnaire venu. Il faut en fait entrer dans un réseau... Bref, c’est un système très bien rodé.
Qui sont vos clients ?
Je travaille pour des entreprises de la région lyonnaise, spécialisées dans l’industrie lourde, les biens de consommation, la pharmacie...
Votre style de vie à Shanghai ?
Avec ma compagne qui est chinoise, je vis dans un appartement situé dans l’ancienne concession française. Et on sort beaucoup avec nos amis, essentiellement des Français. Car une dizaine de restaurants ouvre tous les jours à Shanghai ! Mais la ville n’est pas très agréable à vivre, car elle est très polluée, très bruyante... Et la mer est tellement sale que personne ne se baigne ! Contrairement à Pékin où je me rends régulièrement, il y a très peu de monuments à visiter à Shanghai. De toute façon, je bosse beaucoup et donc je m’éclate à Shanghai grâce à mon boulot.

Propos recueillis par Emmanuel Derville



L’homme
Olivier Dubuis
39 ans
Lieu de résidence : Shanghai
Diplôme : DEA de droit et diplômé d’avocat
Parcours : après son diplôme d’avocat, il entre au cabinet d’avocat d’affaires Thieffry et Associé en 1996 puis il est envoyé à Shanghai deux ans plus tard. Et en 2000, il entre au cabinet Adamas avant d’aller ensuite chez UGCC en 2007.
Loisirs : squash, tennis

X
1 commentaire
Laisser un commentaire
avatar
jac le 15/03/2011 à 13:53

comment contacter cet avocat? D.50@gmx.fr

Signaler Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.