Expat : un cow-boy lyonnais au Texas

Expat : un cow-boy lyonnais au Texas

Fils d’un viticulteur de Condrieu, Daniel Vernay vit aujourd’hui près de Dallas où il dirige un centre de rééducation pour chevaux.

Comment vous êtes arrivé au Texas ?
Daniel Vernay : C’est une longue histoire. En fait, ça fait 27 ans que je vis aux Etats-Unis. Mais ce n’était pas du tout prévu car j’étais destiné à reprendre le domaine viticole familial à Condrieu. C’est une exploitation réputée qui appartient à ma famille depuis trois générations et qui produit des côte-rôtie et des condrieus. J’ai même passé un diplôme d’œnologue. Bref, ma vie était toute tracée... Mais en 1981, j’ai décidé de partir en vacances à New York. Au départ, je devais rester quelques semaines. Mais finalement, je ne suis jamais rentré en France !
Pourquoi tout quitter pour vivre aux Etats-Unis ?
Parce que j’ai eu l’occasion de vivre de ma véritable passion : les chevaux. J’ai toujours été fasciné par cet animal. Du coup, quand des éleveurs américains m’ont proposé de m’occuper de leurs chevaux dans l’Etat du Maryland, je n’ai pas hésité. Puis je suis parti vivre un an dans un ranch situé dans un parc naturel du Montana. Une expérience incroyable car je vivais comme un cow-boy : dans une cabane en bois, sans eau, ni électricité, loin de toute civilisation ! Ma mission c’était d’accompagner à cheval les chasseurs qui pistaient les ours et les wapitis. Puis, dans les années 1990, je suis parti m’occuper d’un ranch au Colorado. C’est là que j’ai décidé de reprendre des études pendant trois ans pour devenir soigneur.
Quel était votre objectif ?
Monter un centre de rééducation pour chevaux blessés. Car la demande est forte aux Etats-Unis. Et notamment au Texas, où le cheval est la troisième activité économique derrière le pétrole et l’élevage. Du coup en 2003, je me suis installé à Whitesboro, au nord de Dallas, pour ouvrir mon propre centre de rééducation, que j’ai baptisé Selway, du nom d’une rivière dans le Montana.
Les services que propose ce centre ?
Ce centre sert à soigner des chevaux qui se sont blessés. Ça peut être des fractures, des entorses, des ruptures de ligaments ou de tendons, des problèmes de cartilage et d’articulation... On intervient après leur opération par un vétérinaire. Mais la rééducation peut être longue, d’un à six mois selon la blessure. Et cela exige une thérapie très technique.
Quelles sont vos méthodes de rééducation ?
J’utilise beaucoup la thalassothérapie, c’est-à-dire qu’on rééduque l’animal en le faisant travailler sur un tapis roulant dans l’eau. C’est plus facile, car son poids est allégé dans l’eau, et il y a moins de risques qu’il se blesse. Mais on utilise aussi des électrodes électriques pour stimuler les muscles, le laser pour réparer les veines et artères... On fait aussi beaucoup de massages. En moyenne, on soigne une trentaine de chevaux par jour, avec une équipe de six soignants.
D’où viennent ces chevaux ?
Ce sont souvent des chevaux de course ou de dressage d’une grande valeur car la rééducation coûte cher, entre 1 500 et 2 000 dollars par mois. Et on a surtout beaucoup de quater horses, une race américaine réputée. Car ce sont des chevaux dressés pour travailler dans les ranchs : ils ramènent et déplacent le bétail. Beaucoup d’entre eux participent aussi à des concours d’équitation western. Une véritable institution au Texas.
C’est facile de vivre au Texas ?
Oui, la vie est très sympa ici. J’habite à une heure de route de Dallas, dans un ranch situé au cœur d’une grande prairie vallonnée. Au milieu de forêts et de lacs. Alors que le désert se trouve à seulement deux heures de route à l’ouest. Par contre, il fait très chaud l’été, avec une moyenne de 40 degrés. Mais ça ne me dérange pas. Au contraire, j’adore la chaleur.
Mais c’est un Etat quasi désertique !
C’est vrai que le Texas est plus grand que la France, avec seulement 23 millions d’habitants ! Mais j’ai la chance d’être pas loin de Dallas, qui est une ville très dynamique. Notamment sur le plan culturel : il y a beaucoup de musées, des expos géniales, des festivals de jazz ou de musique réputés... Les Texans sont des gens très curieux, ouverts sur le monde. Et puis, il y a aussi beaucoup de gens fortunés dans cet Etat, notamment grâce aux nombreux puits de pétrole. Ce qui explique également ce dynamisme culturel.
Vous revenez souvent à Condrieu ?
J’essaye de revenir une fois par an. Même si je ne vois pas souvent ma famille, je suis très proche d’elle. D’ailleurs, c’est ma sœur et son mari qui ont repris le domaine. Et quand je reviens, je vais souvent à Lyon faire les musées et les bouchons !
Comment vous voyez votre avenir ?
Aux Etats-Unis, ça c’est certain. Même si dans quelques années, je pense vendre mon centre de rééducation pour chevaux. Car j’ai d’autres projets. J’aimerais me consacrer à une autre de mes passions : les antiquités, en particulier les objets d’art indiens. Je me vois bien finir ma vie comme antiquaire.

Propos recueillis par Stéphanie Pioud

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3 commentaires
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sarra le 04/04/2014 à 00:02

Un rêve pour moi qui je pense ne se réalisera jamais...
L'espace, la nature, les CHEVAUX !!!
Ma vie un désastre, en France originaire des Vosges, à 18 ans arrivée dans l'Oise qu'elle horreur, mariage raté, divorce une petite fille dans les bras qui est grande maintenant et maman. à son tour, mais moins de moi comme ma famille... Second mariage pas mieux, perte de mon emplois, une 2 ème fille qui comme son père (de mon 2eme mariage) s'est bien moqué de moi, à présent, je suis ignoré par ses deux là je ne rapporte plus de salaire, dépressive, aucuns ami(e)s simplement mes animaux chiens,chats et mes deux chevaux que je chérie sans pouvoir montée le mien, celui que j'avais acheté a ma fille trop spide le mien emphysème et ne veulent pas êtres séparées donc je ne monte plus... J'en aurais l'opportunité, et les moyens+ personnes pouvant m'aider, je plaquerai tout pour partir la-bas avec mes animaux.
Hélas... Se n'est qu'un rêve j'ai bientôt 49 ans j'ai gâché ma vie pour des personnes qui n'en valaient pas la peine...

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lady goddiva le 03/09/2010 à 21:21

je suis moi aussi "bouche bée" devant cette histoire, un vrai "comte de fée" à l'américaine mais obtenu avec passion, travail et volonté, félicitations

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e.moricet@sfr.fr le 06/11/2009 à 09:32

bonjour, j'ai été impréssionné par cet article. Comme quoi avec la volonté on arrive à beaucoup de choses. Concilier la passion et son activité professionnelle, donc ne pas se lever le matin en trainant les pieds, qui plus est dans un pays et un état faisant réver bons nombres d'entres nous. Si un jour vous avez besoin de bras, de volonté et d'amour pour les chevaux pensez à moi. éric

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