Expat : Un Lyonnais s'impose en Malaisie

Expat : Un Lyonnais s'impose en Malaisie

Après avoir travaillé pendant dix ans pour GL Events, Jean-Jacques Pralus a créé son entreprise en Malaisie, spécialisée dans la conception de tribunes. Prochain objectif : les JO de Pékin cet été.

Votre parcours ?
Jean-Jacques Pralus : Je suis né à Roanne et j’ai fait un IUT de Génie civile à Egletons en Corrèze. Après avoir travaillé pendant treize ans pour Mills, une entreprise spécialisée dans la vente et la location d’échafaudages, j’ai voulu prendre mon indépendance en créant ma propre entreprise, Festimat, en 1989.
L’activité de Festimat ?
La location et le montage de tribunes et de podiums pour les événements sportifs, culturels... Un marché qui était en pleine expansion à la fin des années 1980. Mais trois ans plus tard, il y a eu la catastrophe du stade de Furiani à Bastia, qui a fait 18 morts. Ce qui a entraîné de nouvelles réglementations, qui rendaient les conditions de sécurité beaucoup plus sévères. Il fallait donc mettre aux normes toutes les tribunes qu’on avait ! Mais je n’en avais pas les moyens, d’autant plus que mon entreprise était déjà en difficulté. Du coup, j’ai dû déposer le bilan en février 1993.
Comment vous avez rebondi ?
Après avoir été en redressement judiciaire pendant six mois, Festimat a été reprise par une entreprise du sud de la France, EGM. Mais le courant n’est jamais passé avec les nouveaux dirigeants. D’autant plus que c’est difficile de redevenir un simple salarié quand on a été son propre patron pendant quatre ans.
Vous avez démissionné ?
Oui, j’ai préféré partir plutôt que de suivre une politique commerciale qui me déplaisait. Mais depuis quelques années déjà, je fournissais des tribunes à Générale location, une entreprise spécialisée dans l’événementiel qui est basée à Brignais. Et comme je m’entendais assez bien avec son Pdg, Olivier Ginon, je lui ai proposé de racheter le matériel de SAMIA, une grosse entreprise qui venait de déposer le bilan. Voilà comment en novembre 1994 j’ai intégré Générale location, qui deviendra plus tard GL Events, pour lancer l’activité de location et installation de tribunes. Alors que jusque-là, Ginon sous-traitait cette activité.
Et ça a marché ?
Oui, notre activité s’est développée très rapidement, puisqu’on a décroché le marché de la Coupe du monde de football en 1998 à Gerland. Puis les Jeux olympiques de Sydney en 2000, qui était le premier gros contrat de GL Events à l’étranger, avec plus de 50 000 places à construire. A l’époque, j’étais en contact avec un ancien collègue qui s’était installé en Malaisie pour fabriquer de l’échafaudage, et il m’a trouvé une usine en Malaisie pour fabriquer ces tribunes.
Pourquoi la Malaisie ?
Tout simplement parce que ça coûtait 40% moins cher qu’en France ! Sans parler des coûts d’acheminement, beaucoup plus faibles entre la Malaisie et Sydney qu’entre la France et l’Australie. Du coup, entre mai et fin 1999, j’ai travaillé à mi-temps à Kuala Lumpur. D’autant plus qu’on avait également décroché un marché de 35 000 places pour le premier Grand Prix de Formule 1 en Malaisie, en septembre 1999, et un autre de 30 000 places pour la fête de l’Indépendance de Singapour en juillet 2000.
Vous vous êtes bien intégré en Malaisie ?
Mon principal problème, c’est que je n’avais pas parlé anglais depuis vingt ans ! Mais l’avantage, c’est que les Malais parlent un anglais très basique, donc on arrivait à se comprendre ! Et je me suis rapidement intégré parce que pendant neuf mois, j’ai vécu tout seul à Kuala Lumpur, ce qui m’a obligé à sortir, rencontrer des gens... Puis ma femme et mes deux enfants de 14 et 16 ans m’ont rejoint en juillet 2000. Pendant trois ans, j’ai continué à travailler pour GL Events, notamment pour construire 20 000 places pour les JO de Salt Lake City en 2002. Avant de lancer ma propre entreprise en 2003, Pakar Trading.
Pourquoi vous avez décidé de lancer une nouvelle entreprise ?
D’abord parce que je voulais continuer à fabriquer des tribunes, alors que GL Events, voulait rester un prestataire de services et ne pas devenir un fabricant de tribunes. On m’a alors proposé de venir travailler au siège du groupe à Brignais. Mais j’ai tenu un mois avant de repartir en Malaisie ! De plus, j’avais envie de redevenir indépendant. C’était une sorte de retour à la case départ, mais avec l’expérience en plus.
Les leçons que vous avez retenues de votre premier échec ?
Louer des tribunes exige beaucoup de capital pour acheter et mettre régulièrement aux normes ces équipements. Du coup, mon entreprise ne fait que fabriquer des tribunes pour des clients, qui nous versent au préalable des acomptes et nous payent avant le départ des containers.
Vos principaux clients ?
GL Events reste bien sûr un client fidèle, mais on travaille aussi beaucoup avec des entreprises situées en Nouvelle-Zélande, à Singapour, au Moyen-Orient, en Afrique... D’ailleurs, on réalise plus de 90% de notre chiffre d’affaires à l’export.
Vos résultats ?
4,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2007 avec 8 salariés, pour un résultat net de 600 000 euros. Et on a une croissance de 20 à 25% par an depuis 2003. Cette année, on va livrer 15 000 places pour le stade de base-ball dans le cadre des JO de Pékin. Mais aussi 35 000 places pour le Grand Prix de F1 à Singapour. Et une tribune permanente de 10 000 places pour un stade de foot au Soudan.
C’est facile de faire du business en Malaisie ?
Ici, on a droit à l’erreur, car la main-d'œuvre coûte quatre fois moins cher qu’en France. Sans parler des charges salariales, qui sont aussi quatre fois moins élevées. Ce qui nous permet d’absorber les baisses d’activité sans mettre l’entreprise en péril. C’est important, car notre métier est cyclique, puisqu’il dépend notamment des grands événements sportifs comme les Jeux olympiques. Même si la vente de pièces détachées nous assure des revenus récurrents, environ 20% de notre chiffre d’affaires.
D’autres différences avec la France ?
Oui, le rapport au temps n’est pas le même. Avant, j’avais tendance à pousser des coups de gueule quand j’avais l’impression que le travail n’avançait pas assez vite. Mais ici, chaque fois que je me suis énervé, ça n’a fait qu’aggraver les choses ! Je suis donc devenu plus patient,

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