Franc-maçon : "On peut apporter des réponses à beaucoup de femmes"

La décision d'autoriser ou non l'initiation de femmes par des loges affiliées au Grand Orient de France, à l'ordre du jour du convent réuni à Lyon, a été repoussée d'un an, la question faisant toujours l'objet de vifs débats, a indiqué vendredi le Grand Maître Pierre Lambicchi.
Dans son numéro d'été, Lyon Femmes avait donné la parole à Marie-Laure Batier, conseillère fédérale de la Grande loge féminine de France.

La Franc-Maçonnerie féminine est importante à Lyon ?
Marie-Laure Batier : La Grande loge féminine de France compte 26 loges dans la région Rhône-Alpes dont 9 à Lyon. Soit environ 250 sœurs lyonnaises et 800 dans la région. C’est de loin la plus importante des loges féminines car on est 12 000 en France.
Comment vous expliquez cette faiblesse ?
Je crois que ce n’est pas encore facile d’être franc-maçonne à Lyon car certains milieux restent méfiants, notamment les catholiques. Exemple : dans notre obédience, nous avons des enseignantes d’écoles catholiques qui n’osent pas s’afficher car elles savent que les parents le prendraient très mal, vu qu’ils ne cachent pas leur opposition à la Franc-Maçonnerie.
Cela ne vous gêne pas que votre obédience ne soit pas mixte ?
Non, au contraire. Personnellement, je suis favorable à la mixité à l’école, à l’égalité dans le travail, à la parité en politique... Mais l’initiation est une démarche personnelle qu’on peut plus sereinement partager quand on reste entre femmes ou entre hommes. Sinon, il y a toujours des rapports de séduction qui peuvent perturber l’initiation et la réflexion.
C’est une attitude ringarde, alors que la Franc-Maçonnerie se veut progressiste !
Mais attention, on mène très souvent des réflexions communes avec certaines obédiences maçonniques. On n’est pas du tout isolées ! En particulier, avec le Grand Orient qui nous accepte sans problème.
Comment justifier cette absence de mixité ?
Après 12 ans de Franc-Maçonnerie, j’ai eu l’occasion d’effectuer plusieurs visites chez les Franc-Maçons et j’ai pu constater qu’il y a une différence d’ambiance assez perceptible. Les femmes cherchent à être extrêmement rigoureuses et travaillent beaucoup, alors que les hommes sont plus complices tout en mettant une certaine solennité dans les rituels.
Mais le Grand Orient pourrait bientôt s’ouvrir aux femmes !
Non. Une loge du Grand Orient a récemment initié une femme et le Grand Maître de cette obédience a aussitôt annoncé qu’il allait l’exclure. Bref, autant je pense qu’il est important qu’on poursuive nos échanges, autant je trouve justifié de garder notre spécificité de loge féminine.
Vous n’envisagez pas d’initier des hommes dans votre loge ?
Pas un quart de seconde ! En revanche, on a signé il y a trois ans un protocole d’accord avec une obédience mixte, le Droit humain. Objectif : autoriser à nos sœurs la double appartenance à la GLFF et au Droit humain.
Et cette obligation de secret, cela ne vous a pas gênée?
Le seul secret imposé, c’est de ne pas révéler le nom des autres Franc-Maçonnes. Pour le reste, on peut juste parler de discrétion car on n’est pas un parti politique ni une église. Donc on n'a aucune volonté de prosélytisme.
Vous-même, vous avez hésité à vous dévoiler en accordant cette interview !
Personnellement, je n’ai rien à cacher. Mais ce qu’on craint, nous, les Franc-Maçons, ce sont les clichés qu’on véhicule parfois sur la Franc-Maçonnerie, notamment certains médias. Les réseaux, les magouilles... Comme si les Franc-Maçons n’étaient que des notables qui passaient leur temps à manigancer en coulisse. Alors que dans ma loge, j’ai des cadres mais aussi des coiffeuses, des vendeuses...
Mais il y a bien des dérapages ?
C’est vraiment marginal. En tout cas, je suis très vigilante.
Ce n’est pas le secret qui suscite les fantasmes ?
Peut-être. Mais se dévoiler peut aussi susciter les soupçons ! Personnellement, je dirige une société de formation. Est-ce que, après cette interview, on va me soupçonner de décrocher des contrats parce que je suis franc-maçonne ? Je suis aussi juge au tribunal des Prud’hommes. Est-ce qu’on va me suspecter de donner raison à mes sœurs ? Vous voyez que ce n’est pas si simple !
Pourquoi ne pas imposer aux Francs-Maçons de se dévoiler ?
Chacun doit être libre de se dévoiler ou non  ! Mais enfin, qu’est-ce qu’on dirait si on demandait à tous les magistrats de dévoiler leurs engagements politiques et leurs convictions religieuses ? On crierait au fichage policier digne de Vichy ! Alors pourquoi l’imposer aux Franc-Maçons !
Comment vous souhaitez que la Franc-Maçonnerie évolue ?
Je ne partage pas la démarche de certains Franc-Maçons qui se disent prêts à descendre dans la rue pour se faire entendre. Chacun est libre d’avoir par ailleurs un engagement politique. Et il ne faut pas tout mélanger. En revanche, il est important désormais de faire connaître notre démarche, notamment à Lyon, car la Franc-Maçonnerie peut apporter des réponses à beaucoup de femmes qui s’interrogent sur l’existence.

Propos recueillis par Lionel Favrot

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1 commentaire
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lelibre le 27/05/2010 à 12:46

bande de rapace magouilleur des bas fonds le peuple aura vautre peaux ont va tous vous buter

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