À Lyon, "on est plus chez Collomb que chez En marche"

À Lyon, "on est plus chez Collomb que chez En marche"
Gérard Collomb lors d'un meeting d'Emmanuel Macron - LyonMag

Laminé à la présidentielle et aux législatives, le Parti socialiste lyonnais est en perdition. La faute à un Gérard Collomb tout-puissant qui, un temps socialiste, a entrainé tous ses ouailles avec lui vers le parti d'Emmanuel Macron.

Ce n'est un secret pour personne. La République en marche a obtenu coup sur coup deux victoires politiques cinglantes. Même si l'abstention a atteint des records pour cette présidentielle et les législatives qui ont suivi, le jeune parti d'Emmanuel Macron est parvenu à écraser toute concurrence.

À Lyon, les partis autrefois forts sont en train de devenir ceux d'une opposition fébrile. Même si tous ne s'en sortent pas de la même manière, il en est un qui est symptomatique : le PS. Parti historique de l'omnipotent futur ex-maire de la ville Gérard Collomb, le PS est désormais plus faible que jamais à Lyon. Une situation finalement pas si étonnante.

Au cours de ses années de maire, Gérard Collomb est en effet parvenu à imposer ses manières. Une méthode qui lui a permis de s'entourer de proches collaborateurs, farouches défenseurs de la méthode Collomb. Sauf que cela fait bien longtemps que l'édile lyonnais n'a plus grand-chose de socialiste. Un état de fait qui s'est renforcé lorsque le maire de Lyon est allé apporter son soutien à Emmanuel Macron.

Logiquement, ses fidèles ont suivi le mouvement, ouvrant ainsi un véritable boulevard à La République en marche qui a pu facilement s'imposer. Alors, victoire d'En marche ! ou de Gérard Collomb à Lyon ?

La question ne fait pas débat pour Romain Blachier, adjoint au maire du 7e arrondissement et élu de la Métropole. "On est plus chez Collomb que chez En marche" à Lyon, explique-t-il. Lui-même au Parti socialiste, l'adjoint à la culture et au numérique dans le 7e a suivi la marche de Collomb. "Moi je suis un collombiste maladif", assure-t-il. Et ils sont nombreux à Lyon à avoir tourné le dos au PS pour tenter l'aventure LREM, à l'instar de Hubert-Julien Laferrière, Anne Brugnera, Jean-Louis Touraine ou encore Yves Blein. Tous les quatre ont été élus à l'Assemblée nationale sous l'étiquette LREM, imitant ainsi le bras d'honneur au PS que Gérard Collomb avait initié longtemps auparavant.

Une double étiquette pas si dérangeante ?

Cette méthode, si flagrante à Lyon, pose malgré tout question. Celle de l'ambivalence. Romain Blachier, comme Gérard Collomb avant lui ou bien d'autres encore ont ou ont eu une double étiquette. Une situation pas franchement dans les standards de la politique française et que le Parti socialiste semble vouloir annihiler. Manuel Valls a pris la décision, de son propre chef, de quitter le parti qui l'a vu naître, tous ne l'ont pas fait. Une décision plutôt courageuse, néanmoins témoin de sa "clochardisation" pour Romain Blachier. "C'est une déchéance un peu triste", estime ce dernier. De son côté, Jules Joassard, candidat hamoniste malheureux dans la 11e circonscription et patron du PS rhodanien par intérim, ne s'étonne pas vraiment de cette décision de l'ex-Premier ministre de Hollande : "ça fait longtemps qu'il n'est plus socialiste. C'est une bonne chose qu'il quitte le PS."

Mais tous n'ont pas eu cette présence d'esprit. Les quatre noms précités, aujourd'hui députés LREM, n'ont jamais officiellement annoncé leur départ du PS. Mais pour Jules Joassard, cela ne change pas grand-chose : "les socialistes du Rhône, loin de s'être vu refuser l'entrée VIP du club En marche, en sont des membres à part entière. Ils ne sont plus au PS. Ils ne vont pas descendre de leur yacht toutes options pour venir nager jusqu'au radeau en perdition du Parti socialiste", explique-t-il avec pragmatisme.

Un discours finalement assez tolérant. Les statuts du PS (article 1.2.3) prévoient en effet que ses membres "ne peuvent appartenir à un autre parti, ou groupe politique (…). Ils s'engagent à ne soutenir que les seuls candidats (…) investis ou soutenus par le Parti socialiste." Un article finalement pas franchement respecté par les élus ex-PS lyonnais, mais qui n'a débouché que sur de très rares cas de sanctions. Comme celui de Romain Blachier.

Mais ce dernier ne se fait pas d'illusion quant à la politique future du parti sur cette question. Selon lui "le PS se reradicalise parce qu'il est à nouveau dans l'opposition." Le PS serait donc en passe de retomber dans un vieux travers de la politique française, celui d'une certaine intolérance, analyse Romain Blachier. Un travers que La République en marche serait parvenue à dépasser, attirant ainsi à elle nombre de nouvelles têtes et autres cadors issus de la droite, du centre et de la gauche. À voir ensuite si cet état de grâce perdurera.

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5 commentaires
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Radical le 29/06/2017 à 22:47

Le PS ne risque pas de se racicaliser... Le Parti Radical de Gauche (PRG) a toujours été avec "Collomb le radical".

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Jeansais le 29/06/2017 à 10:13

En période de solde...il y a souvent un double étiquetage !

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quelle oeuvre lyonnaise sera dédiée à ce grand baron, pourtant bien mortel le 28/06/2017 à 22:30

mac à ronds fait exactement comme collomb, il s'entoure de faibles, de telle sorte à ne jamais devoir affronter des idées fortes, démocratiques.

A lyon, tout le monde est le doigt sur la couture du pantalon, autrement, on sucre aux maires qui oseraient faire obstruction à la dictature, tout aménagement public d'intérêt général dans leur territoire dont la compétence a été organisée par le baron avec son pote maçon, ex garde des "sots" habile pour refiler le bébé du musée de la confluence qui a couté finalement 360 millions d'euros aux contribuables lyonnais - le tout pour le caprice de celui qui voulait être maire et a dû se contenter de la présidence du conseil général en conservant son projet de campagne municipale pour sa postérité

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A suivre ! le 28/06/2017 à 21:41

Tous ces élus, quelque soit le parti, ne marche que pour EUX.
Et surtout pas pour nous, pauvres sans dent !!!!
Ils ne visent que les mandats.
Maintenant, il faudra les supporter 5 ans.
Affaire à suivre ...
Il est pas dit que dans 5 ans, ils soient réélus.
Les électeurs, les sans dents ont une très très bonne mémoire.

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Pigé le 28/06/2017 à 19:51

Collomb c'est copinage et cooptation, fidèle à la FM, bien loin de la gauche.

Enfin, nous en sommes débarrassés ici.

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