La Rectrice prend le pouls de Parcoursup au lycée Jean-Paul Sartre

La Rectrice prend le pouls de Parcoursup au lycée Jean-Paul Sartre
LyonMag

APB, le logiciel qui tentait de mettre face à face les vœux des élèves de terminale avec les places disponibles dans les études supérieures a été brutalement débranché.

Accusé d’avoir laissé sur le carreau trop de lycéens français de juin à septembre 2017. Rien que dans l’Académie de Lyon  (Ain, Loire, Rhône) : "à l’issue de la 1ère procédure APB  il y avait 1500 jeunes sans affectation" se souvient douloureusement Françoise Moulin-Civil,  la rectrice de l’Académie de Lyon. Comment faire pour éviter que la situation se reproduise ?

APB a été remplacé par Parcoursup, le tirage au sort électronique par des commissions d’affectation, et des professeurs principaux supplémentaires (« les co-pp » en langage de salle des profs) ont été nommés. Pour s’assurer que tout est sous contrôle et faire remonter les points problématiques, Françoise Moulin-Civil a obtenu d’Eric Bellot, proviseur du lycée Jean-Paul Sartre (Bron, Rhône) qu’il organise une réunion avec les professeurs principaux de classe de terminale chargés d’orienter leurs élèves (et eux-mêmes) dans les méandres de Parcoursup. C’est de cette réunion qu’il s’agit :

"Je voulais vous voir car j’ai besoin du retour du terrain", explique la Rectrice.

Des retours, il y en aura. Un enseignant saute sur l’occasion : "Il nous faudrait une procédure élève-test. Sur APB les CO-Psy en avait, ça nous aiderait à comprendre ce que peuvent voir les élèves  quand ils se connectent à Parcoursup".

La Rectrice note : "Je vais faire remonter". Et on enchaine.

"On aimerait avoir accès aux ‘attendus’. On a les ‘attendus’ au niveau national mais pas les ‘attendus’ locaux. Par exemple si un de nos élèves fait le choix de l’ IUT ‘Hygiene Sécurité Environnement’ on ne sait pas quoi dire  car on ne sait pas ce que cet IUT attend de ses futurs étudiants" regrette un collègue.

Pour Françoise Moulin-Civil, ces attendus rédigés par les établissements (y compris les universités) sont un progrès de Parcoursup par rapport à APB : "Notre travail au Rectorat c’est d’avoir fait une lecture fine de ces attendus à la demande du ministère. Dans certains cas nous avons demandé des modifications, comme lorsqu’une formation avait déconseillée son choix aux titulaires de bac professionnels".

Un enseignant change de sujet : "Ce qu’il nous faudrait pour convaincre les élèves c’est de pouvoir leur montrer les taux d’échecs à la fin de la première année". La Rectrice marque une pause : "Vous allez pouvoir les déduire des taux de succès. Ils vont être donnés, nous les avons demandés aux Universités". L’enseignant insiste : "Une formation utile que j’aimerais avoir ça serait une formation à la persuasion. Combien de fois on nous répond ‘j’ai le droit d’essayer’ quand on fait remarquer à un élève qui a tout juste 10 en terminale que la 1ère année de PACES [médecine et autres] est inatteignable". Sur cette question, Françoise Moulin-Civil  veut croire que la fiche-avenir qui portera à l’écrit les appréciations des enseignants sur les choix d’orientation post-bac des élèves permettra une prise de conscience chez celui-ci des risques qu’il prend.

Parcoursup… mais avant ?

Mais insensiblement, les échanges glissent vers des difficultés du système éducatif que jamais Parcoursup ne pourra régler.  Une enseignante, discrète jusqu’ici, s’inquiète : "Dans certains cas comment répondre autre chose que ‘avis réservé’  à tous les choix d’un élève qui ne fait rien depuis 3 ans ?". Une autre enfonce le clou :  "Un deuxième professeur principal en Terminale ça devrait exister en classe de 2de pour éviter des erreurs d’orientation". La situation particulière du lycée Jean-Paul Sartre de Bron resurgit à cet instant "On va ouvrir une 18ème classe de Seconde à la rentrée prochain, ici,  à Jean-Paul Sartre. Mais pourquoi ouvrir une classe ici, dans un lycée général et technologique, alors qu’il faudrait revaloriser l’enseignement professionnel ?".  La Rectrice rappelle que l’enseignement professionnel n’est pas qu’une affaire de l’Education Nationale, que la Région doit être partenaire, mais que des passerelles existent entre enseignement général et  professionnel. Mais en classe de terminale il est trop tard.

La réunion dure depuis 3  heures, des élèves vont arriver pour prendre la suite des enseignants. Car à eux aussi la Rectrice a des choses à dire et à entendre. Le parcours de Parcoursup à Bron comme ailleurs ne fait que commencer.

@lemediapol

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