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Les nouvelles conneries de Dieudonné

Les nouvelles conneries de Dieudonné

L’humoriste Dieudonné présente ce soir à Lyon son nouveau spectacle “J’ai fait le con”. Interview d’un provocateur qui a parfois dérapé. Notamment dans l’antisémitisme.

Ce que vous présentez dans ce spectacle ?
Dieudonné : Je me suis inspiré des grands sujets de société actuels. On trouve des pygmées, des dictateurs africains ou Colin Powell. Un homme qui a justifié l’existence d’armes de destructions massives en Irak. Ce qui a entraîné la deuxième guerre en Irak et ses centaines de milliers de morts. Le jour où cette guerre sera jugée, car je pense qu’un tribunal pénal international devra se prononcer sur ce massacre, il aura aussi sa part de responsabilité. Car il a sciemment menti.
Vous parlez aussi d’Obama ?
Oui, le spectacle a été crée avant son élection mais je l’ai fait un peu évoluer pour l’intégrer.
L’élection d’un noir à la Maison blanche, c’est une bonne nouvelle ?
Pour moi il y a deux jours d’euphorie sur le symbole mais ensuite j’ai très vite compris qu’on avait à faire à un chef d’Etat africain. C’est-à-dire à un homme qui va servir ses intérêts et ceux d’un tout petit nombre. Sa vision du monde est celle de l’armée américaine : il poursuit cette guerre injuste en Afghanistan. De toute façon sa marge de manœuvre est infime et je crois que seule une démission le jour de son investiture serait un acte politique fort.
Il n'a pas encore commencé à exercer ses fonctions et vous êtes déjà blasé !
Le phénomène Obama c’est sa couleur de peau et l’histoire de cette couleur de peau. Il a été fêté sur la symbolique de sa négritude. Il est celui qui portera sur ses épaules le poids de cette souffrance, de cette histoire des noirs. Alors qu’une grande trahison se profile sur ce thème selon moi. Mais peut-il en être autrement ? C’est impossible.
Dans votre spectacle vous expliquez que vous avez “fait le con”, c'était quand ?
On a tous fait les cons un jour ou l’autre mais moi, j’en ai fait mon métier. Et faire rire en faisant le con, j’aime ça. C’est aussi l’autodérision au début du spectacle où je parle de moi et où j’explique ce que j’ai pu faire et ce que je vais faire.
Vous avez aussi fait beaucoup de conneries lyonnaises !
Oui. Le spectacle que j’avais donné à la Bourse du Travail en 2004 reste un moment unique. Il avait été interrompu par des milices israéliennes qui vociféraient des complaintes fascistes à l’extérieur. Du coup, les spectateurs étaient partagés entre le rire et la terreur. C’était hallucinant.
Ça vous a aussi fait de la pub !
Oui. Mais je ne calcule pas.

Toutes vos histoires avec les juifs, le Hezbollah, Le Pen... C’est de la provoc’ ?
Oui, clairement. Tout seul j’ai eu ce talent de provoquer pas mal de débats. Alors à des milliers, imaginez ce que ça pourrait donner. Car aujourd’hui mon objectif c’est de monter des performances collectives. Je prépare donc une connerie collective pour 2009. Un gag monstrueux, mais qui devrait en faire rire jaune un certain nombre... Les gens peuvent d’ailleurs nous rejoindre en envoyant un SMS à un numéro qu’ils trouvent sur mon myspace.
Mais on peut aller jusqu’à où dans la provoc ?
Jusqu’à la révolution si on est nombreux. Mais il n’y aura aucune violence, que du rire. Ça permet aussi d’avoir l’impression d’être actifs dans un monde qu’on subit trop souvent.
Mais le rire peut être violent !
Je ne pense pas. Il y a des gens qui sont détruits par les mots. Mais l’intégrité physique des personnes est une frontière très importante pour moi. Par exemple Gandhi a eu des mots vis à vis de l’empire britannique qui ont blessé, qui ont provoqué la haine, mais il a toujours gardé un discours non violent.
Mais autour de lui il y a eu des millions de morts !
Oui mais pour une libération. Et est-ce que ces gens là n’auraient pas été de toute façon massacrés par l’empire britannique ? Et est-ce la libération n’avait pas un coût ? Je ne sais pas... En tout cas, cette ligne de la non-violence a aujourd’hui été reprise par l’humour. Et je pense qu’on peut organiser une révolution grâce à l’humour.
Au fond, vous n’êtes pas prisonnier de votre personnage provoc’ ?
C’est possible. Après, je ne me sens pas prisonnier d’un personnage mais d’un système que j’essaye de faire évoluer. Je suis un humoriste, j’ai presque une foi religieuse en l’humour et c’est comme ça que j’essaye de faire avancer les choses. Mais est-ce que je me suis enfermé, est-ce qu’on m’a enfermé, est-ce que je me suis laissé enfermé... Je ne sais pas mais je reste optimiste pour la suite. Et je crois avoir fait avancer le débat.
Vous ne regrettez rien ?
Je me suis toujours excusé si j’avais pu choquer des gens. Mais j’ai toujours agi de manière sincère. Et on peut parfois se tromper de manière sincère. Mais je ne peux pas regretter quelque chose que je referais. Je suis attaché aux mots et le regret est un mot qui n‘a pas de sens pour moi. Car j’ai toujours assumé ce que j’ai pu faire, j’assume et je continuerais à assumer.

Dieudonné "j'ai fait l'con", le 12 décembre au Transbordeur. Renseignements : www.lesdernierscouches.com Tarifs : 38 euros.



“Des propos racistes et antisémites”


Patrick Kahn, chargé de mission à la Licra Rhône-Alpes, appele au boycott du spectacle de Dieudonné. Un humoriste qu’il qualifie de “militant d’ extrême droite”.

“Dieudonné a encore franchit un cap dans son délire antisémite. Aujourd’hui il affiche ouvertement son rapprochement avec l’extrême droite. On le voit bien dans une vidéo qui a été récemment réalisée. Du coup, on appele au boycott de ce spectacle. On va également organiser une conférence de presse pour expliquer pourquoi Dieudonné n’est pas le bienvenu à Lyon.  On a demandé aux grands partis politiques de se joindre à nous. Mais aussi aux représentants de l’Islam et du catholicisme. Et le jour même du spectacle de Dieudonné à Lyon on va distribuer des tracts pour rappeler qu’il n’a pas à instrumentaliser le conflit au Moyen-Orient pour monter des communautés les unes contre les autres. Car tout son spectacle tourne autour de ça. Surtout qu’à Lyon la coexistence entre les communautés est partout citée en expemle. Enfin, on aimerait organiser un événement sur les limites de la liberté d’expression. En se demandant si au nom de l’humour on peut tout dire. On reconnaît le talent de l’humoriste Dieudonné mais ses fans doivent bien être conscients qu’en assistant à ce spectacle ils cautionnent ses propos racistes et antisémites. D’ailleurs, suivant ce qui sera dit pendant ce spectacle, on n’hésitera pas à porter plainte contre lui. Par contre, on n’appele pas à manifester devant la salle car on ne veut pas de provocations avec son service d’ordre qui est assuré par des militants d’extrême droite. Mais le risque d’incidents n’est pas totalement écarté.”

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