Hôtel-Dieu : Lyon donnera-t-il son cœur à la science?

Hôtel-Dieu : Lyon donnera-t-il son cœur à la science?
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Le projet du Musée de la Santé qui pourrait prendre place dans le futur Hôtel-Dieu a pour vocation de pérenniser le lien fort qui existe entre les Lyonnais, la médecine et ces murs historiques. Problème : personne ne souhaite le financer et l’opérateur Eiffage doit déposer le permis de construire en juin pour réhabiliter le site. Le temps presse.

Le découpage de l'Hôtel-Dieu selon sa future réhabilitation par l'opérateur Eiffage - DR
Le découpage de l'Hôtel-Dieu selon sa future réhabilitation par l'opérateur Eiffage - DR

Dans l’imaginaire du professeur René Mornex et des Amis du Grand Musée de la Santé à l’Hôtel-Dieu, l’enceinte permettrait de remettre la grande tradition médicale de Lyon au centre de la ville. Le défi est de présenter un lieu culturel où se côtoient patrimoine matériel (environ 35 000 objets), immatériel (histoire des inventeurs) et des ateliers pédagogiques, le tout avec "une vue élevée des choses". Le membre de l’Académie de médecine veut faire découvrir aux visiteurs une histoire mondiale et lyonnaise de la médecine qui "colle à la réalité, en fonction des évolutions" et "attractive, notamment pour les enfants, qui sont l’avenir du progrès technique et économique". Tout cela n’étant qu’une étape vers une cité des sciences. Car Lyon est un des centres mondiaux de la médecine, innovatrice en matière d’imagerie médicale, d’hygiène et de greffe. "Ce projet est tout sauf corporatiste, explique un administrateur de la géronte de médecins. Il est pensé pour les Lyonnais et pour faire rayonner Lyon à l’international". Hormis Londres et Dresde, il existe en effet peu de musées généralistes sur ce sujet en Europe. Un centre des congrès, annexé à l’Hôtel-Dieu, permettrait d’organiser aussi plus facilement des séminaires d’envergure mondiale dans la cité de Claude Bernard.

Avoir l’opportunité d’installer ce musée de 4000 m² dans les murs de l’Hôtel-Dieu est "une chance inouïe, car on est dans notre jus", commente René Mornex. En effet, le bâtiment a été érigé grâce à la générosité des Lyonnais, destiné à accueillir les plus pauvres. Il fut longtemps le seul hôpital de l’agglomération et beaucoup de Lyonnais peuvent aujourd’hui encore se targuer de connaître quelqu’un qui est né dans ces murs. Et tout cela participe à la fierté de pouvoir aujourd’hui rendre aux Lyonnais ce qu’ils ont donné à l’Hôtel-Dieu. Mais faut-il encore trouver le financement pour éviter que cela devienne "un rendez-vous manqué".

"Il faut que Gérard Collomb fasse un effort"
 
L’Amicale est dans une phase de recherche d’opérateurs pour mener à bien le projet de Musée de la Santé. Les demandes de mécénat et les démarches auprès des collectivités locales se sont révélées infructueuses. Le Conseil général préfère temporiser, devant déjà s’occuper du Musée des Confluences. La ville de Lyon et le Grand Lyon, par l’intermédiaire de Gérard Collomb, aurait fait savoir qu’ils ne mettraient pas un euro dans ce projet. "Je demande juste à Monsieur Collomb une discussion", fustige Pr Mornex. Le Musée coûterait environ un million d’euros de fonctionnement par an. Toutes les forces vives voulant promouvoir le souvenir d’une cité pionnière en matière de santé font pourtant bloc. Ainsi, de nombreuses associations et 400 nouveaux membres se sont unifiés autour du Pr Mornex pour permettre au projet de voir le jour. Ils attendent aujourd’hui la mise en place d’un comité réunissant les collectivités locales, dont la Région, ainsi que l’université de Lyon I, la cité des Sciences de la Villette et les Arts et Métiers, pour espérer une mutualisation des financements.

Au sujet du projet de l’Hôtel-Dieu dans son ensemble, l’association accorde "une reconnaissance profonde à Eiffage", l’investisseur du projet, alors qu’elle n’aurait pas supporté que "la symbolique du bâtiment soit attaquée". Le bâtiment des berges du Rhône doit abriter des bureaux, un ensemble commercial, un hôtel cinq étoiles, et la chapelle sera rénovée. Le musée reste la portion congrue d'autant que ses financements sont au point mort. Et l'opérateur Eiffage doit déposer le permis de construire en juin. S'il veut y inclure les aménagements nécessaires au musée, il faudra d'ici là trouver l'argent nécessaire.
La confrontation du monde médical, du luxe, du mercantilisme et de la religion, ne semble pas effrayer les membres de l’Amicale, même si on veut éviter de "faire le contraire de Robin des Bois : prendre aux pauvres (auxquels l’établissement était à la base dédié – ndlr) pour donner aux riches". Le projet confronte effectivement la volonté d’ouvrir au public un lieu auquel les Lyonnais sont attachés, via le musée, et l’éloignement du grand public en choisissant d’y installer un hôtel luxueux, si loin de l’asile pour les plus démunis. Une situation qui ne dérange nullement l’Amicale du Musée de la Santé. En attendant 2016, et la possible livraison du programme, des expositions temporaires, utilisant le matériel du futur musée, seront exposés cette année à Gadagne sur le thème des "Utopies en médecine", puis en 2014 au Musée des Confluences sur les "Gueules cassées".

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2 commentaires
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MIMO le 15/02/2012 à 18:36

C'est sur il préfère donner pour le stade de l'OL que pour le musée de la médecine ce qui est dommage est dommageable car la ville de lyon ne se veut elle pas ville européenne

C'est pareil on fait travailler des cabinet d'ingénierie au japon alors que nous avons le même en france ADEME

C4EST TOUT N4IMPORTE QUOI CES POLITICIENS

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jm le 15/02/2012 à 17:35

Quartier Grolée 2.0. Les mêmes ingrédients avec la même recette donneront le même résultat même si le service de com. pléthorique fait des copier-coller pour remplacer des mots pas d'autres du même tonneau.

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