Richard Delauzun, CGT Ville de Lyon : "Le projet d'euro-métropole nous inquiète"

Richard Delauzun, CGT Ville de Lyon : "Le projet d'euro-métropole nous inquiète"
Richard Delauzun - LyonMag

Richard Delauzun, délégué CGT à la ville de Lyon, était l’invité ce jeudi de Jazz Radio pour l’émission Ca jazz à Lyon, proposé en partenariat avec Lyon Mag.

Le syndicat organise jeudi après-midi une action devant le siège du Grand Lyon pour protester contre le projet porté par Gérard Collomb et Michel Mercier, à savoir faire de Lyon une Euro-métropole qui sortirait du département du Rhône. Richard Delauzun a plusieurs inquiétudes : "Premièrement tout est allé très vite. Deuxièmement, les organisations syndicales n’ont été mises au courant de rien sur le sujet. Il y avait une réforme territoriale sur laquelle se basaient les collectivités pour essayer d’avancer par rapport à cette réforme. On apprend dans la presse que l’on passe de ce qui devait être un rapprochement Ville de Lyon/Grand Lyon, à une "eurométropole". C’est très inquiétant, d’autant que la réforme est prévue pour 2014."

C’est la méthode de Gérard Collomb qui vous pose problème ?
"Elle pose un problème à la CGT mais aussi au monde de la politique en général.
Ce sont les agents du Grand Lyon et du département qui sont en ligne de mire. Pourquoi ce sont les agents de la ville de Lyon qui manifestent les premiers ?
L’organisation de cette pseudo-manifestation, puisqu’il s’agit surtout d’un tractage, est censée montrer que nous travaillons ensembles avec le SDIS, les pompiers, le conseil général, la région, la ville de Lyon, etc… le pôle métropolitain a été voté récemment au Grand Lyon, il y a un rapprochement Ville de Lyon/Grand Lyon. On a un directeur général des services qui fait les deux, à mi-temps, à mon avis, il commence à se fatiguer car c’est une lourde charge à porter. De récents articles de presse qui posaient la question de savoir pourquoi la Ville de Lyon resterait à l’écart de la métropole. Pour nous il est clair que la ville de Lyon sera dans la métropole dans un futur proche."


Est-ce que votre hiérarchie a communiqué à ce jour ?
"Personne. Ni le directeur général des services ni l’adjoint au personnel. Ce serait même au maire de nous fournir les explications. La CGT a été convoquée à la mairie mais nous avons refusés d’y aller car on a le sentiment que l’on nous mène en bateau. On nous a servi de la langue de bois pour quelque chose de bien plus petit en termes de territoire (Ville de Lyon/Grand Lyon), car rien n’était dans les cartons alors que l’on sait en coulisses que beaucoup de choses se préparent en coulisses. Certains agents sont mutés au Grand Lyon, des services sont resserrés."

Vous craignez une harmonisation qui vous tirerait vers le bas ?
"On en a peur en effet. Le directeur général nous a dit que ce n’est pas parce qu’un agent du irait au Grand Lyon qu’il profiterait des acquis du Grand Lyon. On sait que si on veut répercuter les mêmes salaires en étant sous la responsabilité du Grand Lyon, cela coûterait 11 millions d’euros. Aucun élément n’est fourni aux syndicats sur l’éventuel statut des agents. Va-t-il y avoir un statut spécifique à la métropole ? Comment se passeront les mutations ? Ce que le maire de Lyon voyait comme une rationalisation s’avère n’être qu’une feuille supplémentaire dans le millefeuille. Il est hors de question de gaspiller de l’argent public. Il faut savoir si le président de la métropole va favoriser le service public ou les entreprises privées.
Mais aujourd’hui, le gouvernement n’a même pas encore donné son avis sur ce projet.
Les collègues de la fédération du service public CGT, qui sont allé voir Marylise Lebranchu, ministre de la fonction publique, en lui rappelant que, dans les textes, rien n’est prévu sur le statut des agents. C’est ce flou qui nous inquiète particulièrement."


Cette incertitude ne pèse-t-elle pas encore plus sur le contexte assez tendu entre la CGT et la Ville de Lyon ?
"Certainement. Ça en rajoute une couche. A vouloir toujours plus de service public à effectifs constants, au bout d’un moment on y arrive plus ! Collomb ne semble pas vouloir entendre la souffrance des agents du Grand Lyon et des fonctionnaires. On veut que ça fonctionne mais pas de n’importe quelle façon, comme lors des cantines à l’école par exemple. A trop vouloir tirer sur la corde, elle finit par céder."

On peut avoir le sentiment que vous profitez de ce projet pour remettre ces différents dossiers sur la table ?
"On ne ressort rien du tout. Le projet d’euro-métropole a pris tout le monde de cours. On n’a pas attendu la divulgation du projet pour parler des conditions de travail."

Il y a une union au niveau des syndicats, du Département, des pompiers ?
"Le tractage que nous avons organisé a réuni tout le monde. On est tous d’accord sur le fond du problème. Cette réforme est purement libérale et nous craignons que ne disparaisse le service public pour tous."

Si Gérard Collomb ne vous entend pas, appellerez-vous à une manifestation de grande ampleur ?
"Il faut aller très vite ! C’est à nous de nous organiser pour nous faire entendre. La CGT va de toute façon organiser des débats publics pour que les citoyens sachent ce qui les attend. Aujourd’hui, vendu comme l’est le projet, on pourrait croire que tout est réglé, ce qui est loin d’être le cas sur le fond du problème. Comptez sur la CGT de Lyon pour aller embêter le maire dans son bureau ! Il faut qu’il y ait un débat."

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2 commentaires
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juli1 le 24/01/2013 à 12:14

Franchement, la CGT, c'est l'overbook.... ça les dérange, tant mieux. D'ailleurs, on ne devrait juger de la pertinence d'une réforme que si elle dérange la CGT...

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jm le 24/01/2013 à 09:19

CGT et Ville de Lyon... Ce genre de cas de cumul est à prévoir dans la loi contre le cumul des mandats non socialiste que prépare l'état-parti.

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