Cannes 2013 : un Festival qui s’ouvre avec "un rajeunissement global"

Cannes 2013 : un Festival qui s’ouvre avec "un rajeunissement global"
Les célèbres marches du Festival de Cannes - DR

Stéphane Charrière, critique de cinéma et enseignant chez ARFIS Lyon, a
un œil d’expert sur le monde des salles obscures. Lui-même réalisateur
occasionnel, il se rendra à la fin de la semaine sur la Croisette pour
suivre les premiers jours du Festival. L’occasion pour lui de dresser un
panorama des films à suivre.

Cannes s’apprête à accueillir la 66e édition de son célèbre Festival. Dans quelle ambiance va-t-il s’ouvrir mercredi ?

La compétition en elle-même débutera jeudi puisque le film proposé ce mercredi en ouverture est hors compétition. Il s’agit d’une réadaptation de Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann, qui sortira en même temps sur les écrans. Cela donnera lieu à une cérémonie d’ouverture grandiose pour donner d’entrée une certaine dimension au festival. Si on est sur Mars à ce moment-là, on sait quand même que le festival de Cannes vient d’ouvrir. Pour la compétition en elle-même, je trouve relativement intéressant qu’il y ait un rajeunissement global. On note la présence de la nouvelle génération qui a commencé le cinéma dans les années 80-90 et qui confirme tout le bien qu’on pouvait placer en elle.

Quels seront les films à ne pas rater ?

Il y en a énormément, comme Inside Llewyn Davis des frères Coen, habitués de Cannes. D’autres sont déjà venus sur la Croisette mais ont un cinéma moins médiatisé. Je pense notamment à James Gray, qui présentera The Immigrant. Un film plus discret sur le papier, comme Only God forgives de Nicolas Winding Refn sera également intéressant à voir. On attend aussi la confirmation de Paolo Sorrentino avec La grande Bellezza, un film très italianisant. Et puis, il y a des nouveaux qu’on a rarement vus, comme Alexander Payne avec Nebraska. Parmi les plus anciens, il faudra suivre Steven Soderbergh qui avait été primé en 1989 et qui revient pour son dernier film d’après ses déclarations. Côté français, La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche et Jeune et Jolie de François Ozon sont également attendus. Et enfin, il y aura cette curiosité offerte par Arnaud Des Pallières, intitulée Michael Kohlhaas, qui s’annonce très surprenante.
 
Ce film, au même titre que Grand Central, a d’ailleurs été coproduit par la région Rhône-Alpes.

Oui, cela permet de représenter une nouvelle fois la Région au festival. C’est un film qui se passe au 16e siècle avec un chevalier qui décide de prendre les armes contre un ordre qu’il estime injuste. Il lève une armée et met les villes à sac pour rétablir son droit. C’est une réelle surprise dans cette sélection du festival. Et de son côté, le film Grand Central de Rébecca Zlotowski intégrera la section Un certain Regard.

Steven Spielberg est le président du jury de ce 66e festival. Est-ce un atout d’avoir un si grand réalisateur à la tête du jury, quand on a des films de Soderbergh, des frères Coen ou de Polanski en compétition ?

Oui, pourquoi pas. De toute manière, il y a à la fois du pour et du contre dans le principe de fonctionnement d’un jury. Cela peut très bien se passer. Mais au contraire, la mayonnaise ne peut également ne pas prendre. Cette situation donne généralement droit à des palmarès assez bancals. Cette année, la conduite du jury dépendra de l’attitude politique de Spielberg. Mais en tout cas, une chose est certaine, chaque juré, y compris le président, ont tous le même pouvoir de vote.

Est-ce que des festivals comme celui-là aident à pérenniser un cinéma moderne actuellement en perte de vitesse ?

Depuis la nouvelle vague française, on prédit la mort du cinéma. Mais encore aujourd’hui, on se rend compte qu’il a survécu sous différentes formes. Les sites de téléchargement, qu’ils soient frauduleux ou non, permettent aux gens de visualiser facilement des films depuis leur domicile, ce qui pose un problème pour les salles. Ce n’est donc pas parce que les gens ne vont pas en salle qu’ils ne voient pas de films. Après, la 3D a essayé de redynamiser les lieux de projection, mais ce n’est qu’un outil. En fonction de ce qu’on en fait, elle apporte un plus ou elle n’apporte rien.

Si vous aviez un pronostic à donner, quel film devrait être récompensé par la Palme d’or ?

Tant que l’on ne voit pas tous les films, on ne peut pas réellement se prononcer. Mais après, il y a des mystères qui règnent. Des films sont plus attendus que d’autres. Si on se réfère sur ce que ces réalisateurs ont fait par le passé, il y a deux films que j’aimerais voir en haut de l’affiche, si toutefois ils le méritent : il s’agit d’Only God forgives de Nicolas Winding Refn ou de The Immigrant de James Gray. Mais dans tous les cas, je suis toujours partisan de valoriser la meilleure œuvre qui soit, quel que soit le palmarès du réalisateur.

Propos recueillis par Gautier Stangret

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