Thierry Philip : "Mon objectif n'est pas de devenir maire de Lyon"

Thierry Philip : "Mon objectif n'est pas de devenir maire de Lyon"

Patron du centre anticancer Léon Bérard, Thierry Philip, le nouveau maire du 3e, enchaîne les victoires depuis son arrivée en politique en 2004. Ce qui suscite des jalousies.

Votre ascension provoque déjà des jalousies au sein de la gauche lyonnaise !
Thierry Philip : La réussite provoque forcément des jalousies. D’ailleurs je constate que j’ai subitement beaucoup moins d’amis que pendant la campagne ! J’ai le cuir épais mais j’ai tout de même une certaine rancœur vis-à-vis de certains socialistes, en particulier au NPS.
Pourquoi l’aile gauche du PS vous en veut ?
Parce que sur la liste que je menais dans le 3e arrondissement, je leur avais proposé trois places. Ils disaient que ce n’était pas suffisant, que Gérard Collomb et moi-même, on n’était pas socialistes... Et qu’ils ne voteraient pas pour cette liste ! Je ne suis pas idiot, ni dénué de tout sens tactique. Donc juste avant le dépôt des listes, j’ai retiré leurs noms. D’où leurs critiques aujourd’hui.
Vous regrettez votre choix ?
Pas du tout. Je suis complètement en phase avec Gérard Collomb : pour diriger Lyon, il faut fédérer le maximum de gens autour de nos idées. C’est-à-dire les idées d’une gauche moderne et ouverte. Ce qui n’a rien à voir avec les vieux dogmes de l’extrême gauche.
Certains vous reprochent aussi d’être un cumulard !
Je ne vois pas pourquoi on se focalise sur moi, sous prétexte qu’à la différence d’autres élus, j’ai un métier. Mais ça devrait être naturel d’avoir un métier quand on fait de la politique, car la politique, justement, c’est pas un métier ! Au fond, si je dérange, c’est surtout parce que je n’ai pas besoin de la politique pour vivre.
Ça fait quand même beaucoup d’être à la fois maire du 3e arrondissement, vice-président du conseil régional, vice-président du Grand Lyon...
Pour un maire d’arrondissement, c’est important de ne pas travailler que dans la proximité. Car la proximité doit se baser sur une vision. Et la vision, elle est au Grand Lyon. En revanche, c’est Gérard Collomb qui m’a convaincu de prendre en charge une responsabilité importante : la propreté, car il pensait que j’avais l’expérience et les qualités pour diriger cette PME de 2 200 personnes. Et comme la propreté est un des enjeux majeurs pour l’agglomération, j’ai accepté de relever le challenge.
Vous n’allez lâcher aucune de vos responsabilités ?
Si, le 1er novembre 2009, j’aurai dirigé Léon Bérard pendant 20 ans. Il sera alors temps de passer la main, après avoir préparé ma succession.
Et en politique ?
Aujourd’hui, ma priorité, c’est le 3e et la communauté urbaine. Mais je suis quelqu’un de fidèle. Et Jean-Jack Queyranne ne veut pas que je démissionne de mon poste de vice-président du conseil régional. Donc je reste, au moins jusqu’aux prochaines élections en 2010. Et puis, je ne vois pas pourquoi je serais le seul à m’interdire de cumuler des mandats autorisés par la loi.
Jusqu’où irez-vous ?
Jusqu’où le destin décidera. Moi, je n’ai jamais rien demandé. On me propose, j’accepte. J’ai eu une vie de médecin, une vie de chef d’entreprise, j’ai envie aujourd’hui de commencer une troisième vie, de responsable politique.
La mairie de Lyon, c’est votre prochain objectif ?
C’est stupide ! Dans six ans, il y a deux cas de figure : soit on a un bilan aussi bon que le précédent, et il n’y a pas de raison que Gérard Collomb ne se représente pas. Je serai alors son premier supporter pour un troisième mandat. Soit le bilan est mauvais, et là quel que soit le candidat de gauche, il perdra. Et moi, ça ne m’intéresse pas d’être le candidat d’une gauche qui perd.
Vous excluez donc de succéder à Collomb en 2014 ?
Mon objectif n’est pas de devenir maire de Lyon, mais d’être réélu à la mairie du 3e grâce à mon bilan, pas sur les faiblesses de mon adversaire. Car en faisant campagne aux côtés de Gérard Collomb, j’ai vu que la deuxième victoire, c’est la plus belle.
Vous voulez rassurer Collomb qui se méfie de votre ambition ?
C’est lui qui a allumé la mèche en disant que j’avais les qualités pour lui succéder. Comme il l’avait d’ailleurs déjà fait avec d’autres élus. Mais ce n’est pas forcément un bon signe, car en tant que directeur de Léon Bérard, je sais que le rôle d’un patron, c’est de ne pas exposer celui dont il veut vraiment faire son successeur.

Propos recueillis par Thomas Nardone

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