Vénissieux : une clinique à 50 millions d'euros

Vénissieux : une clinique à 50 millions d'euros

La nouvelle clinique Porte du Sud vient d'ouvrir à Vénissieux, avec 232 lits. Interview de la directrice stratégique de la Mutualité du Rhône.

L’origine de ce projet ?
Dominique Lebrun : Fin 2000, les Mutuelles de France, qui géraient la clinique de la Roseraie à Vénissieux, nous ont contactés pour reprendre cet établissement qui avait de graves difficultés financières. Et on a décidé de foncer.
Pourquoi une mutuelle s’engage dans la gestion de cliniques ?
D’abord parce que c’est une tradition. La Mutualité a créé des établissements de santé dès les années 1930 pour ses adhérents, essentiellement des classes moyennes, qui n’avaient pas le choix entre les hôpitaux publics assez dégradés et les cliniques privées trop chères... D’où cette volonté d’avoir un réseau propre d’établissements : centres optiques, dentaires, pharmacie, cliniques...
Vous avez vraiment votre place entre le public et le privé ?
Plus que jamais ! Car si vous regardez les implantations des cliniques lyonnaises, on trouve très peu d’établissements à l’Est, au-delà du boulevard Laurent Bonnevay ! Il n’y a que Pasteur et nous, la Mutualité. Bref, on va là où personne ne veut aller ! La clinique du Parc ou Mermoz ne se sont pas battues pour s’installer dans ces banlieues ! Quant aux HCL, ils sont plus dans une stratégie de restructuration que de développement. Bref, on propose une voie d’avenir.
En quoi vous représentez une voie d’avenir ?
Parce qu’on a les avantages du privé et du public. Comme on est à but non lucratif, on ne cherche pas à faire des bénéfices à tout prix. D’autant plus qu’on ne subit pas la pression de groupes financiers qui veulent plus de rentabilité. Ce qui nous permet de réinvestir tout l’argent qu’on gagne. Mais aussi d’accueillir les plus démunis... Comme le public. En revanche, on applique des méthodes de gestion du privé. On n’a pas les contraintes et les lourdeurs de l’hôpital, notamment sur les marchés publics ou le statut des fonctionnaires. Les médecins sont également sous l’autorité des directeurs. Du coup, on est plus souples, plus réactifs...
Vos relations avec ces deux secteurs ?
On va signer un accord de coopération en octobre avec les HCL, car on a des valeurs communes. En revanche, avec le secteur privé commercial, c’est plus compliqué. Surtout ces dernières années, avec la tarification à l’activité qui instaure une vraie concurrence entre les établissements.
Et vous avez réussi à redresser la Roseraie ?
En 2001, on a d’abord dû supprimer une vingtaine de postes sur une centaine de salariés. Mais on a surtout continué le rapprochement avec deux autres cliniques : Pasteur à Saint-Priest et les Minguettes à Vénissieux, car il y avait une vraie logique économique.
Comment s’est fait ce rapprochement ?
Les médecins des Minguettes qui étaient propriétaires de cet établissement nous l’ont vendu début 2003. Mais la clinique Pasteur n’a pas souhaité rejoindre notre projet. Du coup, on est restés seuls pour créer ce groupement : les Portes du Sud à Vénissieux. Avec les activités des Minguettes et de la Roseraie. Mais ça n’a pas été facile, car les salariés de ces deux établissements n’avaient vraiment pas la même culture. Il y avait la Roseraie et sa culture sociale face aux médecins actionnaires des Minguettes. D’où des antagonismes très forts. Mais on a beaucoup travaillé pendant trois ans pour rapprocher ces équipes, notamment en harmonisant les conventions collectives.
Mais d’autres cliniques se regroupent dans votre secteur, avec Mermoz et Rockefeller dans le 8e !
C’est vrai, mais nous, on a un bassin de population de 130 000 personnes, qui va de Vénissieux à Givors en passant par Feyzin, Corbas, Saint-Symphorien-d’Ozon... Et ces patients ne vont pas remonter jusqu’à Lyon pour trouver une clinique. Voilà pourquoi on est confiants, car on n’a pas vraiment de concurrent dans le secteur.
Vos projets de développement ?
On ne va pas racheter de nouveaux établissements. En revanche, on va regrouper trois cliniques : Trarieux, l’Union et le Grand Large, dans un nouveau bâtiment à Décines, qui comptera près de 300 lits. Mais on va aussi installer sur ce site les soins de suite pour enfants de la Fougeraie et une maison de retraite. Et on espère terminer ce projet en 2012.
Cette course à la concentration ne va pas provoquer les mêmes problèmes que dans le public ?
Non, car nos structures restent à taille humaine. Et puis la concentration est nécessaire pour conserver les niveaux d’activité minimum exigés par l’Etat, mais aussi parce que les investissements en matériel sont de plus en plus lourds. Alors que les médecins ne veulent plus être de garde un jour sur deux.

Propos recueillis par Maud Guillot



50 millions d’euros
La nouvelle clinique Porte des Alpes à Vénissieux compte 232 lits, dont 80 de chirurgie et 37 d’ambulatoire, c’est-à-dire pour une hospitalisation à la journée. Ses spécialités : la chirurgie digestive, gynécologique, orthopédique... Mais aussi l’obstétrique, la cardiologie, la pneumologie... Avec quelques médecins réputés qui exerceront dans cet établissement, notamment Philippe Ceruse, spécialiste de la chirurgie des cordes vocales, Pierre Sérusclat en endocrinologie ou Roger Luciani en chirurgie digestive. L’activité devrait être soutenue, avec près de 10 000 séjours par an en hospitalisation complète, 12 000 en ambulatoire, 2 000 accouchements et 25 000 passages aux urgences. A noter qu’une unité de court séjour gériatrique a été créée pour hospitaliser des personnes âgées et leur éviter la perte d’autonomie liée à une hospitalisation longue. Coût de l’investissement : 50 millions d’euros, dont 11 millions financés par l’Etat et 11,6 millions du Fonds national des mutuelles.

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