Comment fidéliser ses cadres

Sylvie Payan, conseillère en ressources humaines, explique comment les TPE et les PME peuvent fidéliser leurs cadres.

Comment une PME peut fidéliser ses cadres ?
Sylvie Payan : D’abord avant de penser à fidéliser ses cadres, il faut déjà bien les choisir ! Avec un recrutement bien identifié. Exemple, je connais une PME en train de se séparer de son directeur financier parce que son rendement ne correspond pas au profil recherché au départ, car le patron voulait un expert en comptabilité alors que ce cadre est spécialisé dans le contrôle de gestion. Bref, c’était une erreur de casting. Car le recrutement sur ce poste n’a pas été assez pensé.
Alors comment recruter ?
Il est essentiel de prendre son temps, de bien réfléchir à son annonce, de bien choisir le média où la passer, de décider oui ou non s’il faut travailler avec un cabinet de recrutement... Mais le recrutement est un secteur très souvent négligé dans les PME : manque de moyens, de temps, difficultés à définir le poste... Il faut aussi poser une question de base quand on recrute : quels sont les objectifs du cadre qui postule ?
Et quand le cadre correspond au poste ?
Il faut être sûr qu’il comprenne bien la stratégie de l’entreprise et que cette stratégie soit claire. Mais il faut aussi réfléchir à une meilleure organisation avec une bonne définition des postes pour ne pas interférer dans le travail des autres. C’est donc important de mettre en place un organigramme cohérent en rapport avec les compétences de chacun. C’est la seule solution pour que l’ensemble soit plus efficace, plus performant. Car travailler pour rien, c’est très démotivant. Et puis il faut aussi beaucoup de communication.
Pourquoi la communication est essentielle ? 
Pour être efficace. Exemple, j’ai travaillé avec une entreprise qui a perdu des marchés importants faute d’échange entre les services de production et de commercialisation. Du coup, pour combattre ces dysfonctionnements, il faut mettre en place des procédures rigoureuses pour être mieux organisé. Mais sans être trop procédurier non plus, sinon ça devient lourd. D’autant plus que l’attrait des PME, c’est leur souplesse.
D’autres mesures pour fidéliser ses cadres ?
Il faut prévoir l’avenir en identifiant les besoins et les attentes des salariés... Bref, anticiper alors que les PME ont la tête dans le guidon en permanence. Mais elles devraient donner par exemple beaucoup plus de place à la formation. Peu de PME envoient leurs salariés en formation, car ça leur pose un certain nombre de problèmes : coût, temps, organisation... Pourtant c’est primordial. Car lorsqu’un salarié constate qu’il est incompétent pour régler un problème, il se démotive.
Mais il faut surtout augmenter leurs salaires pour les fidéliser !
Pas forcément ! L’argent ne fait pas tout. Des études ont démontré que même si on augmente un cadre, ce n’est pas forcément efficace. Car si un cadre est démotivé dans son travail, les effets positifs d’une hausse de son salaire auront disparu au bout de six mois.
Et il faut être transparent sur les salaires ?
Oui, la transparence et l’équité, c’est ce qu’il y a de mieux même si on est dans un pays judéo-chrétien et que ce n’est pas toujours évident de parler d’argent. En tout cas, il faut être clair avec les salariés sur leur rémunération. Exemple, si chaque fin d’année, un cadre touche 2 000 euros d’intéressement et qu’à la suite de problèmes financiers, cette prime est supprimée, l’employeur a intérêt à expliquer cette décision plusieurs mois à l’avance. Et pas quelques jours avant, en les mettant devant le fait accompli.
Quels types d’avantages doivent être privilégiés ?
On peut être très souple sur leurs prises de congés, leur donner des perspectives précises sur leur évolution de carrière... Mais en fait, dans une PME, il faut surtout miser sur les responsabilités, l’implication des cadres....
Vos conseils pour manager les cadres ?
On peut instituer un entretien annuel pour cerner les fonctions, les compétences, sonder leur motivation, leur demander s’ils sont satisfaits... L’objectif : réfléchir aux causes de démotivation éventuelles : intérêt pour le travail, manque de respect, de communication... Mais aussi les conditions de travail :  ambiance générale, congés payés, état des bureaux, bruit... Et puis en cas de démission, il faudrait également organiser un entretien avec l’intéressé pour comprendre réellement les causes de ce départ. Or, c’est très rarement fait. Mais il faut aussi savoir déléguer car c’est une forme de reconnaissance. Seulement, le problème, c’est qu’on délègue souvent ce qu’on ne sait pas faire. Du coup, on ne peut pas contrôler le travail du cadre. Voilà, il faut toujours déléguer des missions qu’on est capable de remplir. Pour se consacrer à ce qu’on maîtrise moins.
Un principe essentiel ?
Un management très humain. En étant capable de reconnaître la réussite d’un cadre, de l’encourager et le féliciter. Sans le condamner forcément en cas d’échec. D’ailleurs un raté doit être l’occasion d’une discussion et de lui lancer un nouveau challenge, pour rebondir. Enfin, pour fidéliser ses cadres, un patron doit aussi être proche de ses équipes, développer une vraie convivialité, en organisant des barbecues, des week-ends collectifs... Cette chaleur, c’est ce qu’on recherche dans une PME où on partage des valeurs, un projet commun...

Propos recueillis par Aymeric Blanc

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