Banlieues de Lyon : un scénario à la Athena est-il possible ?

Banlieues de Lyon : un scénario à la Athena est-il possible ?
DR Netflix

Il provoque de vives réactions, aussi bonnes que mauvaises, depuis sa sortie sur Netflix. Le film Athena dépeint une cité mise à feu et à sang lors de violences urbaines. Ce scénario peut-il devenir réalité à Lyon ? (article intiialement paru dans le magazine LyonMag daté de novembre)

Le siège d'un château-fort

Dans le long-métrage, on découvre une cité dont les accès ont été bloqués par des barricades inspirées de Mad Max, composées de nombreux bouts de ferraille. Les forces de l’ordre ont alors toutes les difficultés à entrer dans le territoire des jeunes, avant de déployer des échelles pour investir la zone comme des chevaliers prennent d’assaut une citadelle fortifiée.

Le film a été entièrement tourné dans le quartier du Parc aux lièvres à Évry-Courcouronnes, dont la dalle et de nombreux bâtiments seront détruits à partir de 2023 lors de vastes travaux de rénovation. "Il s’agit probablement de la seule cité de par sa géographie et sa structure, qui nous racontait un château-fort. Cette dalle, cette agora est à six mètres au-dessus du sol, il y a une 2x2 voies qui passe en dessous, on avait déjà une topographie qui correspondait assez bien à ce qu’on cherchait", raconte le chef décorateur chez nos confrères de 6 Médias.

Dans l’agglomération lyonnaise, on imagine mal une cité devenir un camp retranché tant les accès sont nombreux dans les quartiers de Vénissieux, Vaulx-en-Velin ou encore Saint-Priest.

Seul le plateau de la Duchère "pourrait être un peu tenu", juge un fonctionnaire du 9e arrondissement, qui précise que de potentielles barricades seraient néanmoins "très vite enlevées grâce aux différentes techniques de maintien de l’ordre". Un autre policier municipal émet de son côté, des craintes sur le quartier Georges Gouy, à Gerland, où les rues peuvent être facilement barrées.

Une autre source policière évoque enfin la similitude, entre le film et la réalité, sur les appartements dont les murs sont cassés, "notamment pour abriter des stocks de stupéfiants". Les trafiquants peuvent ainsi passer entre les logements par des trous, parfois exigus, pour prendre la fuite et sécuriser la marchandise en cas de perquisition.

Les raisons de la colère

Il faut ensuite voir l’élément déclencheur de l’émeute, quand ce n’est pas l’ennui comme durant quelques week-ends ensoleillés ces dernières années dans l’agglomération lyonnaise. Dans le film Athena, c’est le passage à tabac d’un jeune homme par des policiers (avec un twist final,) qui met le feu aux poudres.

Régulièrement, la colère des quartiers explose après une interpellation mouvementée ou un drame pour lequel la police est accusée. On se souvient qu’en mars 2021, la Duchère avait connu plusieurs nuits de très haute tension après un accident de la route. Au niveau de l’avenue Andreï Sakharov, un adolescent de 13 ans à scooter, avait lourdement chuté au sol avant d’être plongé dans le coma à cause de ses graves blessures. Il roulait alors sans casque. D’après ses proches, une voiture de police banalisée avait percuté le deux-roues avant de prendre la fuite. Une version démentie par la préfecture du Rhône qui évoquait une "fake news".

C’est d’ailleurs une scène de confrontation extrêmement dure qui ouvre le long-métrage, avec l’attaque d’un commissariat où seront volés armes et véhicules de police. "Un assaut qui se serait fini avec des morts" s’il avait vraiment eu lieu, selon un agent de la BAC de Lyon. Et pour cause, les commissariats sont aujourd’hui bien gardés, notamment par des sas de sécurité qui empêchent une entrée immédiate.

Les postes de police restent néanmoins des cibles. Régulièrement, des projectiles sont lancés sur ceux de l’agglomération de Lyon, surtout dans l’Est, mais n’occasionnent que peu de dégâts.

Les armes des émeutiers

Durant les 1h37 d’Athena, un élément saute tout de suite aux yeux : l’utilisation massive de feux d’artifice dirigés contre les forces de police. Dans la réalité, les boules propulsées par les émeutiers explosent dans la grande majorité des cas, puisqu’il s’agit de mortiers d’artifices. Le réalisateur a préféré utiliser des chandelles romaines, moins dangereuses car elles n’éclatent pas après éjection.

Les milliers de ces artifices viennent surtout illuminer les scènes d’Athena, mais ne reflètent pas la réalité. Certes, ces petites bombes sont régulièrement utilisées lors de combats urbains, mais dans une moindre mesure. "Les choses sont exagérées", juge un policier de l’Est lyonnais qui a déjà été pilonné par ces mortiers, sans jamais avoir trouvé de stock important lors des affrontements.

Néanmoins, dans quelques quartiers en France, des trafics de mortiers sont bien en place. En juillet 2021, à la veille de la Fête nationale, une perquisition menée à Vénissieux avait, par exemple, permis de mettre la main sur le stock d’un revendeur : 112 000 engins de toutes sortes, prêts à être vendus via les réseaux sociaux.

Les artifices sont, donc, une partie de la diversité des objets projetés contre les forces de l’ordre. Dans la fiction, on voit aussi des pierres voler en direction des casques des policiers.

"Là, on colle à la réalité", reconnaît un fonctionnaire qui patrouille à la Duchère. Ce dernier a aussi en mémoire des objets encore plus dangereux, comme ces six extincteurs qui avaient été jetés depuis le toit d’un immeuble du quartier, en février.

Une véritable organisation

Sur cette question, les avis divergent entre les agents. Pour certains, "oui, les jeunes prévoient des plans d’attaques et de replis pour freiner la progression des policiers". Pour l’agent municipal interrogé, les émeutiers manœuvrent "afin de protéger temporairement des choses illicites et prendre la fuite avec". D’autres, jugent que les casseurs "ne sont pas assez doués pour réaliser ce qui arrive dans le film dans les cités de l’agglomération de Lyon".

Tous sont néanmoins d’accord pour affirmer que le film Bac Nord colle davantage à la réalité. "Jusqu’au jour où un leader arrivera à mobiliser beaucoup plus largement", souffle le gradé de la police municipale.

J.D.

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les trolls d' extreme droite, ça sent un peu le pipi le 04/12/2022 à 12:44
Lugdunum and Co a écrit le 04/12/2022 à 11h07

C'est pratiquement déjà le cas.

Déluge de commentaires de trolls d' extreme droite dans 3,2,1...
https://twitter.com/ContreAttaque_/status/1599022860517138432/photo/1
Moyenne d' age: 70 ans, les trolls zemmouriens retraités, c'est le coeur de cible de ce site et de ce forum

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LA BÊTE DU GÉVAUDAN le 04/12/2022 à 12:41

Un vrai marronnier avec ces histoires de banlieue , fantasmé aux limites du ridicules . Depuis la bête du Gévaudan on n'a pas entendu ni vue des récits plus grotesques .

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Série propagande le 04/12/2022 à 12:27

Ont devrait interdire se jore de série en France qui participe à engrené les plus jeunes à la violence...en plus c'est vraiment neuneu les dialogues

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Mont Monnet le 04/12/2022 à 12:27

Dans les cités, tout le monde a vu les films qui servent d'inspiration. Ils ont vu sur les chaînes étrangères les codes des voyous aux States ou au Royaume-Uni. Les séries leur sont une source d'inspiration inépuisable. Pour nos temps, "Soleil vert", "Scarface", "Zardoz" sont des films prémonitoires. Nous avons eu un avertissement en 2005, où la France entière s'est embrasée après une série de provocations politiques et médiatiques. Régulièrement, certains avancent l'hypothèse d'un réduit "blokhaus" en banlieue qui se dresserait comme une citadelle imprenable. On a parlé autrefois des Buers ou des Minguettes. Je n'y crois pas trop. Les loulous de banlieue ne sont pas des guerriers, ils préfèrent leurs petites activités semi-commerciales et s'ils brûlent une voiture ou une poubelle de temps en temps, c'est plus par dépit que pour autre chose. Toutefois, avec les changements dans l'immigration, on peut raisonnablement imaginer que des ghettos à l'américaine ou à l'anglaise (antillais ou africains) puissent se former en France et avoir, eux, d'autres comportements, autrement plus violents que ceux que nous voyons.

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Citoyen français le 04/12/2022 à 12:24

C'est un scénario possible , la discrimination ne cesse d'augmenter que ce soit pour un boulot pour un logement ou tout autres , l'ascenseur sociale est en panne , et des pauvres gens sont abandonnés et laisser livré à leur propre sort dans les cités de France

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bullit le 04/12/2022 à 12:12

Est-ce possible de vous taire au lieu de monter la tête aux jeunes banlieusards sérieux et là réponse est non car une fiction reste une fiction mais tu peux faire l’inverse comme le film mesrine voilà terminé sérieux

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Eddy le 04/12/2022 à 12:05

Le film est mauvais, la mise en scène grandiloquente… Pour le réalisateur les jeunes de la cité sont tous de sexe masculin. C’est rare de nos jours de voir encore de telles caricatures.

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Top Gone le 04/12/2022 à 11:45

Quand j'entends dire certains que ce sont "des quartiers populaires "
Des quartiers populaires !?
Des quartiers populaires !?
Des quartiers impopulaires, non !?
Parce que personne ne veut y habiter et ceux qui y habitent veulent les fuir .

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la haine ! le 04/12/2022 à 11:31
Lugdunum and Co a écrit le 04/12/2022 à 11h07

C'est pratiquement déjà le cas.

Cela a déjà été les cas : Vénissieux Minguettes, Vaulx en Velin Mas du taureaux, Bron Terraillon, Lyon Duchère, Rillieux..

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oui mais le 04/12/2022 à 11:28

Ce genre de films violents pu négatifs influencent négativement notre société, nous voyons aujourd’hui ce qu’il se produits dans des séries ou films la sauvage rue envahie nos jeunes.
il faudrait faire le contraire créer des séries joyeuses et passionnantes mais le mieux est de créer et écrire soit même sa vie ..

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caracalla le 04/12/2022 à 11:08

évidemment ! ce sont des territoires perdus de la République, comme le dit Houellebecq ! par indifférence et incompétence

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Lugdunum and Co le 04/12/2022 à 11:07

C'est pratiquement déjà le cas.

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