Conseil municipal : le budget primitif 2011 validé

Conseil municipal : le budget primitif 2011 validé

On votait lundi, au Conseil municipal, le budget primitif 2011 de la ville de Lyon. Gérard Collomb a défendu son prévisionnel et, sous le feu des critiques de l’opposition, a fait dévier le débat sur le terrain du national, s’écharpant au passage avec la secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra. Le budget a été adopté, malgré le vote contre de l’opposition et les réserves émises par les communistes et les écologistes.

Collomb excelle dans l’exercice. Chahuté par son opposition municipale, le maire de Lyon, avec le concours de son adjoint aux finances Richard Brumm, s’est livré à une véritable partie de ping-pong rhétorique avec son opposition municipale. Il est d’ailleurs rare que les débats outrepassent le cadre des interventions classiques au Conseil municipal : doléances des opposants puis réponses de la municipalité. Lundi, en salle du Conseil, on s’interpellait, se coupait... On montrait également, parfois bruyamment sa désapprobation. Une ambiance moins délétère qu’échevelée, qui aura au moins permis à Nora Berra de montrer un visage résolument offensif face au maire de Lyon. Une attitude d’opposante, voire de candidate aux prochaines Municipales.

Sans coup de tonnerre, le budget a été voté, moins les voix d’Ensemble pour Lyon et de Lyon Divers Droite. Broliquier reprochant à Collomb de présenter un budget « copié-collé de celui de 2010 », là où il aurait souhaité « de l’audace et de l’innovation dans la recherche de marges de manoeuvre financière. » Mais le budget primitif 2011, de 693 millions d’€, dont 111 millions d’€ sont consacrés à l’investissement, laisse peu de prise à la critique. Les dotations de l’Etat, pourtant gelées, sont évaluées à la baisse par Richard Brumm, représentant un manque à gagner évalué à 6 millions d’€. « Vous annoncez une baisse de 5%, tempête Havard. Comme d’habitude, vous annoncez un incendie qui n’existe pas pour nous expliquer ensuite que c’est grâce à vous qu’il n’a pas eu lieu. » Effectivement, la baisse de 5% mentionnée au budget primitif de la municipalité est purement anticipatoire et fictive. Il faudra attendre le vote de la loi de finances à l'assemblée nationale pour en avoir confirmation. Le chef de file de l’opposition UMP reproche également au maire de Lyon une mauvaise gestion de son premier mandat, qui essaime négativement sur la gestion financière du second, particulièrement du côté des dépenses de fonctionnement, hier somptuaires et aujourd’hui rabotées par nécessité. Un second mandat pour rattraper le premier en quelque sorte. Et pour Michel Havard de railler les ambitions de Gérard Collomb aux Primaires socialistes : « Permettez-moi de vous dire, si vous êtes vraiment candidat à l’élection présidentielle, que comparer le budget de l’Etat au budget d’une collectivité locale, c’est vraiment très court comme programme. » Il est vrai que le maire de Lyon est coutumier du fait.

Richard Brumm en pare-feu

C’est un Brumm légèrement échaudé, envoyé en première ligne, qui apporte la contradiction. « Les propos mesurés des centristes et de Mr Broliquier prouvent qu’il n’ont pas énormément de reproches à nous faire » recadre l’adjoint , avant de calmer les ardeurs du maire du 2ème arrondissement, qui demande plus d’« inventivité. » « Excusez-nous de ne pas prendre de risques avec les deniers publics » clôt sèchement Brumm, qui répond ensuite point par point aux arguments opposés par les représentants des différents groupes. A Havard qui oppose une hausse de 500 000€  du poste « voyages et déplacements », Brumm répond qu’il s’agit en fait de la contribution à la cotisation trajet-travail. « Et oui Mr Havard, il faut savoir lire les documents » marmonne un Collomb visiblement satisfait de l’exposé proposé par son adjoint aux finances. Aux centristes qui réclament plus de suivi dans les distribution des subventions, Brumm oppose « un contrôle de gestion très efficace. » Il juge d’ailleurs le reproche globalement « injuste » pour les services municipaux. Plus généralement, à l’opposition qui reproche une hausse des coûts de fonctionnement, Richard Brumm s’en remet aux chiffres. « Les dépenses de fonctionnement ne sont pas assez maitrisées, interroge-t-il, faussement naïf. Elles augmentent de 1%, à partir de quand peut-on dire qu’elles sont maitrisées ? »  C’en est assez pour l’exposé. L’heure pour le maire de Lyon de formuler quelques mots de conclusion.

Collomb ulcère Berra

« Quand mon opposition m’invite à parler, je parle » se justifie Collomb. Et pour cause, son envolée tient plus du discours de campagne que d’une justification arithmétique du budget primitif. Avec évidemment en ligne de mire les finances de l’Etat. « Quand Mr Jospin a quitté le pouvoir en 2002, la dette publique représentait 900 milliards d’€, soit 67% du PIB, commence-t-il. En 2012, quand Nicolas Sarkozy quittera le pouvoir, la dette représentera 2 000 milliards d’€, soit 94% du PIB. » Embrayant sur le recours à l’emprunt de l’Etat pour payer le salaire de ses fonctionnaires, le maire de Lyon assure que quand la Ville décide d’augmenter le traitement des 3 700 agents municipaux les moins bien dotés, il le fait sans avoir recours à « de l’argent de gribouille. » Et termine, sybillin, avec une formule opposable à des projets dépassant le cadre exclusif de la gestion municipale : « demain, il faudra à la fois de l’effort pour tout le monde, mais aussi de la solidarité. »
L’opposition fulmine, particulièrement quand Collomb explique que la mairie outrepasse le cadre de ses compétences pures, en investissant chaque année près de 2 millions d’€ pour l’hébergement d’urgence. « Nous accompagnons d’ailleurs cette nuit la veille sociale, avec Sylvie Guillaume, comme chaque année, et sans journalistes pour nous suivre » informe-t-il. Un tacle à ceux qui critique la hausse du budget de communication de la Ville. « Et pourquoi le dites-vous, si vous voulez que cela reste anonyme » l’interpelle immédiatement Nora Berra. « Mme le Ministre, nous voulons simplement que cette initiative soit discrète, pas forcément anonyme » répond sèchement le maire de Lyon.
Les débats ne sont clairement plus au budget primitif. Il sera toutefois voté, avec le concours d’une majorité prudente, particulièrement du côté des écologistes et des communistes, spécialement vigilants sur les enjeux de l’urgence sociale, du handicap et du développement durable.

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